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Mes deux préalables après la demande de pardon de Soro

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Voici mes 2 préalables après la demande de pardon de Soro. En termes de préalables, il s’agit plutôt de conseils, certains diraient des suggestions. Les voici.
Une ou deux choses, pour mettre tout le monde à l’aise, dès le départ. Personnellement, j’ai toujours apprécié les initiatives allant dans le sens de la sérénité, de l’humilité et de la charité. Dans la forme donc, je salue l’action menée par Guillaume Soro. Demander pardon est un acte d’humilité et la personne qui demande pardon est dans une disposition charitable.
De ce fait, et c’est la deuxième chose, je ne suis pas de ceux qui disent que c’est de la comédie. D’abord parce que j’ai rarement vu un politique de haut niveau, non hypocrite. Ensuite, parce que tout compte fait, un acte posé par un politique cache toujours un intérêt politique. Ici, c’est bel et bien la présidentielle de 2020, nul n’est dupe. C’est d’autant plus vrai que l’ancien chef rebelle devient de plus en plus prophète du pardon, à l’approche de l’échéance. Ce qu’il n’était pas auparavant.
 
Bref, Soro a donc bien calculé et bien choisi chaque mot prononcé, dans le cadre de cette demande de pardon. Il a juste le mérite d’incliner en paroles, ce que les autres politiques de son niveau, ne font pas pour l’instant. En effet, aucun candidat potentiel, issu de la mouvance présidentielle n’est aussi engagé que lui, dans la réconciliation avec leurs ennemis politiques communs d’hier, à savoir les pro-Gbagbo.
2 préalables après le pardon de Soro
Cela dit, voici mes deux conseils (préalables). Premier préalable, c’est une question de forme. Et il faut que les choses soient très claires à ce niveau. Personnellement et par principe, j’ai toujours rejeté la rébellion. De ce fait, tant que Soro continuera ou semblera présenter la rébellion comme un acte héroïque, il n’aura pas mon soutien.
 
Regardons les choses en face. La rébellion était une erreur, ce n’était pas un acte héroïque. Tous les maux et les mots, qu’elle prétendait combattre, demeurent aujourd’hui, soit sous une autre forme, soit dans la même forme et plus aggravée.
Que Soro se prononce très clairement sur le principe selon lequel, la rébellion n’est pas un moyen pour obtenir des avancées démocratiques et dise de ce fait, son regret, de l’avoir introduite dans le débat politique ivoirien. Sinon, demain, il sera très mal placé pour contraindre ses futurs opposants à utiliser les mêmes moyens d’accès au pouvoir.
    « Les enfants et parents de danseuses d’adjanou, arrêtées à Assafou et à Assandrè, le 2 décembre 2002 et torturées à mort dans un conteneur à Minakro, sont encore vivants. Il y a même une survivante »
 
Deuxième préalable (conseil), c’est une question de fond. Il ne suffira pas à Soro de demander pardon à Alassane Ouattara, à Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, ou au peuple ivoirien. Je le dis avec beaucoup de conviction, ce pardon aura plus d’impact, s’il prenait en compte les vraies victimes de la rébellion.
Boga Doudou, Guéi, Tagro……
 
Qui sont ces vraies victimes ? Ce sont l’épouse et les enfants de Me Emile Boga Doudou. C’est à eux qu’il faut demander pardon. Ce sont les enfants de Robert Guéi (certes tué par des ex-FDS) vers qui il faut aller. Les enfants de Désiré Tagro, ses frères et sœurs ont besoin de pardon direct et non indirect. Je serais heureux d’apprendre que Soro a cherché à rencontrer ces victimes précises, leur a demandé pardon et a essayé de réparer les torts.
 
Les enfants des gendarmes et proches exécutés à Bouaké sont là. Certains étaient promis à un bel avenir. L’assassinat de leurs parents a fait d’eux, quinze ans plus tard, des hommes ratés. Il faut chercher à les voir, à réparer ce qu’il y a réparer et à rattraper ce qu’il y a rattraper. Par humanisme et par charité. C’est là où on verra si le pardon n’était pas juste un mot, mais une volonté sincère.
 
Les enfants et parents de danseuses d’adjanou de Sakassou, arrêtées à Assafou et à Assandrè, le 2 décembre 2002 et torturées à mort dans un conteneur à Minakro (non loin de Bouaké), sont encore vivants. Il y a même une survivante, sur les dix personnes arrêtées, dont un vieillard malvoyant. Chercher à les rencontrer, les regarder droit dans les yeux, et leur demander pardon, serait plus sincère. Ce serait plus courageux qu’une demande de pardon. Lancée dans un salon feutré d’aéroport, devant flash et caméras.
 
Au sein même de la rébellion, les parents de victimes de la rébellion attendent aussi un pardon direct. Les parents de IB sont à Bouaké au quartier Zone industrielle. Les parents de Petit Kolo, alias Cobra, de Kass, de Mobio, d’Adams, de Félix Doh… attendent eux aussi. Il y a les parents de victimes moins connues. Comme le jeune Coulibaly Morel, porté disparu à Bouaké. Les parents des jeunes de Koko morts étouffés dans un container à Korhogo, etc.
 
Demander pardon « dans sa bouche », comme on le dit à Yopougon, c’est beau. Mais demander pardon en regardant les victimes « yeux dans yeux », c’est plus courageux et plus responsable. C’est tout simplement plus sincère. Si Guillaume Soro réussit à passer cette étape, ce sont ces victimes qui pourraient même être ses meilleurs défenseurs, pas ces boutefeux qui tournent autour de lui.
 
Félix Houphouët-Boigny a commis sans doute des erreurs et créé des injustices, dans sa conquête du pouvoir et la conservation de celui-ci. Mais il, dans les deux premières décennies de son règne, en tout cas, su se faire pardonner par les survivants et ayant-droits de son action politique. Le pardon par les actes est toujours mieux que le pardon par la parole. Et le pardon, après avoir dévoilé la vérité aux ayant-droits, est davantage plus parfait…...

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