Les fonctionnaires civils en Ouganda doivent obéir à un code vestimentaire qui leur est imposé par le gouvernement à travers un communiqué.
Les lignes directrices publiées par le ministère de la Fonction publique leur imposent de "s'habiller décemment".
Le personnel féminin est invité à ne pas porter de décolleté. Mais aussi à ne pas porter des tresses ou des extensions de cheveux aux couleurs vives.
Il leur est également interdit de mettre des chemisiers sans manches ou tout vêtement fabriqué à partir d'un matériau transparent.
Les hommes quant à eux doivent porter des chemises à manches longues, des vestes et des cravates, mais aussi des pantalons non serrés.
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A moi aussi qui suis une ancienne de l'ESTP (Ecole Supérieure des Travaux Publics) de l'INP FHB, pendant mon stage dans une grande entreprise de BTP, sur un ton doucereux, on m'a bien fait comprendre que c’est pour mon bien que je dois m'habiller de manière plus masculine et sans hauts-talons, ni aucun maquillage. Pour réussir en tant que femme parmi les ingénieurs, techniciens et ouvriers, mieux vaut être un peu moins jolie. «Le monde du BTP et de la Construction est un milieu très masculin et j'ai fini par claquer la porte. J’avais quand même passé six entretiens pour avoir ce foutu stage. Mais bon, quand on a une forte poitrine qu'on peut difficilement cacher et qu’on est mignonne, il faut se faire toute petite. Pour gagner sa légitimité, mieux vaut faire oublier qu’on est une femme. Il faut mettre en avant son cerveau, faire ses preuves. Les seins passent toujours devant le cerveau, on doit se démerder pour les planquer. Les exigences de séduction et les exigences vestimentaires qui existent pour une hôtesse d’accueil, une assistante de direction ou une serveuse de bar ne seront pas les mêmes pour les postes de direction ou de cadres en entreprises. Par exemple, Edith N. avec qui j’ai fait un stage dans une grande boîte de conseil d'Abidjan, lorsque nous étions étudiants de l’ESCA (Ecole Supérieure de Commerce) de l’INP FHB en a fait les frais, le jour de son entretien de bilan. «Les Managers et le Partner lui ont expliqué qu’elle avait fait du très bon boulot, mais que bon, elle était très mignonne et sexy, alors il fallait qu’elle arrête de porter des robes avec des hauts-talons, et aussi de se maquiller, si elle voulait continuer chez eux.... Car selon les patrons, elle se faisait trop remarquer dans la boîte.» (Hors entretien et officieusement, on lui a dit que beaucoup d'employés hommes "bandaient" fort, rien qu'en la voyant et ne pouvaient plus (ensuite) se concentrer sur leur travail...) Dans les années soixante et soixante-dix, lorsque le harassement sexuel n’existait pas encore ni dans le Code du Travail, ni dans le vocabulaire juridique, il y avait un fameux professeur de médecine ivoirien au CHU de Treichville et à l'hôpital central d'Abidjan qui exigeait des infirmières et des sages-femmes qu’elles portent leurs blouses blanches de travail, sans soutien-gorge et sans slip. Surement pour mieux exercer ce qu’il pensait être son droit de cuissage sur le personnel féminin subordonné, qui sait ? La liberté (de vous habiller en tant que femme) s’arrête là où commence le sexisme de votre employeur. Dans certains boulots encore aujourd’hui, les femmes sont souvent recrutées pour ce qu’on appelle leur «capital érotique» : «Vous avez un capital scolaire, économique, culturel... Et vous avez un capital érotique, qui se monnaye aussi sur le marché du travail. Dans certains métiers, l’employeur va s’emparer de cette capacité à séduire, l’utiliser et en tirer profit. Pour maximiser son investissement, il s’assurera que le contrat de travail oblige l’employée à mettre ce capital en avant. Exception faite des postes à hautes responsabilités, où là, le capital érotique devient un handicap : «Plus on monte dans les échelons, plus les attributs doivent être masculins. Sous peine de ne pas être prise au sérieux. Il fait chaud ici au pays. Est-ce qu'un fonctionnaire qui se présenterait en short au travail ou dans une tenue légère (pour une dame) en cette période de fortes chaleurs s'expose-t-il/elle à une sanction disciplinaire ? Où s'arrête la liberté vestimentaire dans le monde professionnel au sein de la Fonction Publique ? Est-ce que l'enseignante de votre enfant peut-elle se permettre de venir en classe en maillot de bain parce qu'il fait chaud, alors qu'elle n'est pas le professeur de natation, mais elle est le professeur de maths ou de biologie ? Peut-elle montrer en classe son clitoris à titre d'illustration de la classe d'anatomie ? Bref, la question de l'habillement des fonctionnaires n'est pas une question si frivole que cela... L’habit fait-il le fonctionnaire ? C'est la question qu'on pourrait se poser en effet. En France par exemple également, une [obligation de correction] pèse sur les fonctionnaires. Deux décisions de justice, rendues toutes deux en 2003[1], sont venues fixer la jurisprudence en la matière. Coïncidence, ces deux décisions se penchent toutes les deux sur le port du bermuda au travail… A l’occasion du second dossier, le juge administratif a rappelé que : « S’il est vrai que le statut de la fonction publique n’impose pas de tenue vestimentaire particulière aux enseignants, toutefois, la liberté individuelle de se vêtir ne saurait avoir un caractère absolu ; que des restrictions peuvent y être apportées à condition qu’elles soient justifiées par l’intérêt du service, par la nature des tâches à accomplir et proportionnées au but recherché ». VOIR: ([1] Le 28 mai 2003 s’agissant de l’arrêt de la Cour de cassation et le 3 juin 2003 s’agissant du jugement du Tribunal administratif de Cayenne).
Publié le :
7 mai 2017Par:
Beugré Julien