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Sport

Hayatou, le Paul Biya du ballon rond

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L’Assemblée générale élective de la CAF (Confédération africaine de football) se tient aujourd’hui, 16 mars 2017, à Addis-Abeba. 54 présidents de fédérations décideront, par les urnes, de la personne à laquelle ils vont confier  le gouvernail du navire de la CAF pour les 4 prochaines années. Sont dans les starting-blocks, deux candidats, à savoir l’illustre inconnu Ahmad Ahmad venu de la grande Ile, Madagascar, et l’inusable Issa Hayatou, le compatriote de Paul Biya. Le dernier rebelote, tenez-vous bien pour ne pas tomber en syncope, pour la huitième fois. En soixante ans d’existence de l’instance panafricaine du ballon rond, l’enfant de Garoua dans le Nord-Cameroun, aura réussi le tour de force de jouer le premier rôle pendant pratiquement 30 ans, soit trois décennies. Les adeptes de l’alternance ne manqueront certainement pas d’être choqués par un si long règne. Mais au Gondwana, l’on ne se fera pas du mouron pour cela. Des présidents africains sont en poste depuis Mathusalem et tout semble indiquer, en tout cas pour certains, que ce n’est pas demain la veille qu’ils vont faire valoir leurs droits à la retraite. Au nombre de ceux-ci, l’on peut citer justement le compatriote de Hayatou, Paul Biya. Le successeur de Ahmadou Ahidjo, en effet, est aux affaires au Cameroun depuis 1982, soit 35 ans. Quant à l’actuel patron de la CAF, il totalise 29 ans de règne. Et comme s’il livrait une concurrence à Paul Biya, Issa Hayatou se positionne à nouveau pour briguer la présidence de la CAF et ce, à 71 ans. C’est pourquoi l’on peut dire, à juste titre de lui, qu’il est le Paul Biya du ballon rond. Et la comparaison ne se limite pas seulement là.
Le milieu du football est pourri
Elle s’étend jusqu’aux coups fourrés développés pour rester aux affaires. Le premier coup fourré consiste au tripatouillage des textes encadrant l’élection à la tête de la CAF. L’on se souvient, en effet, que Hayatou, pour briguer son septième mandat, avait fait sauter, de connivence avec les autres aristocrates de l’institution, le verrou de la limitation d’âge. A cela, il faut ajouter sa trouvaille selon laquelle pour être éligible à la tête de la CAF, il faut être ou avoir été un membre du comité exécutif. Toute cette machination poursuivait l’objectif suivant : écarter de la course, les candidats susceptibles de lui barrer la route. L’un d’eux était incontestablement l’ancien président de la Fédération ivoirienne de football, Jacques Anouma. Ce faisant, il s’était retrouvé, sans aucune gène, dans la posture de candidat unique ou unique candidat, pour se succéder à lui-même. L’autre flèche utilisée avec art par Hayatou pour préserver son trône est, peut-on dire, l’instrumentalisation de certains patrons de fédérations africaines par l’entremise des présidents de la République. Sous nos tropiques, l’on sait que pour se faire élire président d’une fédération de football, le meilleur moyen d’y parvenir est de se faire adouber par le grand manitou, c’est-à-dire le président de la République. Conscient de cela, Issa Hayatou a mis un point d’honneur à gagner leur sympathie. Pour ce faire, il met dans la balance le privilège d’organiser une phase finale de la Coupe d’Afrique des nations. Cet argument est plus que convaincant pour nos têtes couronnées, au regard du caractère exutoire que peut avoir cette compétition. C’est pourquoi ils sont nombreux les pays africains qui se bousculent au portillon de la CAF, pour avoir l’honneur de l’organiser. Autant donc avoir le tout-puissant Issa Hayatou avec soi que contre soi. Le troisième stratagème utilisé, et là nous prenons le risque de le dire, pourrait être la corruption. On le sait, le milieu du football, en général, est pourri. L’illustration en est ce qui vient de se passer à la FIFA (Fédération internationale de football) et dont les conséquences ont été la sortie par la petite porte, de l’ami de Hayatou,  en la personne de Sepp Blatter.
La décence aurait commandé que cette fois-ci, Hayatou renonçât à rebeloter
Et comme ce qui  se ressemble s’assemble, la probabilité est grande que la gouvernance de la CAF de Issa Hayatou ressemble à la gouvernance de la FIFA de Sepp Blatter. Et la meilleure manière de vérifier cela, c’est de toute évidence l’avènement de l’alternance. L’on peut avoir l’impression que le patron actuel de la CAF, pour ne pas dire le Roi, fait feu de tout bois pour renvoyer aux calendes grecques cette éventualité. Mais cette fois-ci, il pourrait y être contraint. En effet, son rival Ahmad pourrait surfer sur les nombreux mécontentements  au sein de la CAF, pour lui rafler la mise. Les fervents partisans du Malgache sont issus notamment d’Afrique australe et de quelques fédérations d’Afrique de l’Est et de l’Ouest, dont de nombreux anglophones. Et le Suisse Gianni Infantino, le nouveau patron de la FIFA, pourrait ne pas être agacé par une éventuelle défaite de l’enfant de Garoua, lui qui a effectué une tournée africaine  dans une majorité de pays potentiellement acquis à la cause du Malgache. Au-delà de ces frondeurs,  la CAF doit gérer des ennuis judiciaires. En effet, elle fait face à la justice depuis deux mois en Egypte où son siège est implanté. L’autorité locale de la concurrence a demandé le renvoi d’Issa Hayatou et du secrétaire général de la CAF, Hicham El Hamrani, devant la Cour économique pour le supposé non-respect du principe de concurrence dans le cadre de la commercialisation des droits médias et   marketing du football africain. Cette affaire qui n’a pas encore livré tous ses mystères,  est susceptible de ternir l’image de Hayatou et de ce fait, d’aliéner bien de ses soutiens traditionnels, notamment égyptiens. Sans oublier que de manière générale, les Africains commencent à être sérieusement lassés de voir la même personnalité qui, pendant trois décennies, donne le coup d’envoi des phases finales de la CAN. En Europe, il y a eu l’alternance avec le   départ de Michel Platini dans les circonstances que l’on sait. Au plan mondial, la FIFA a un nouveau visage suite à la chute de Sepp Blatter. Les 54 présidents de fédérations africaines qui prennent part au vote aujourd’hui, pour choisir entre  l’inusable et insatiable Issa Hayatou et le Malgache Ahmad Ahmad, pourraient être tentés de s’inscrire dans ce mouvement de renouvellement des instances du football. Certes, le Camerounais a contribué à  écrire quelques pages glorieuses de l’histoire du football africain. Il a notamment réussi le tour de force d’organiser une Coupe du monde sur le sol africain, première du genre. Il a aussi arraché l’augmentation du quota de participation des Africains à cette compétition. Mais de là à croire qu’en dehors de lui, il n’y a personne d’autre, en Afrique, pour rependre le relais à la CAF, il y a un pas qui a malheureusement été franchi depuis longtemps. C’est pourquoi la décence aurait commandé que cette fois-ci, il renonçât à rebeloter pour permettre à d’autres compétences, et ce n’est pas ce qui  manque à l’Afrique, de poursuivre l’œuvre de construction du football du continent noir, entamée depuis 1957 par l’Egyptien Abdelaziz Salem. Et celui-ci n’a fait qu’un an, avant de passer la main. Comparé avec les trois décennies de règne de Sa Majesté Issa Hayatou 1er, l’on a tout simplement envie de dire ceci : no comment.
« Le Pays »
 
 
 



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