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Être veuve en Afrique

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Non, le veuvage, ce n'est pas forcément la vieillesse. Non, le veuvage, ce n'est pas la fin du mariage. Les lois coutumières continuent de décider du destin de nombreuses femmes africaines après le décès de leur mari. 


Être veuve, c'est d'abord mourir un peu. Puisque l'épouse fait corps avec son mari, le décès de celui-ci ne peut la laisser entière. On lui demandera alors de se retirer du monde. Peu importe le nombre de jours qu'il lui faudra pour se remettre du décès de celui-ci, le veuvage est réglementé  dans de nombreux pays, que ce soit par la religion ou par la coutume. Quatre mois et dix jours de retrait du monde pour les femmes musulmanes, cheveux rasés et obligation de s'habiller en blanc pendant un an dans le sud-est du Nigeria, un enfermement obligatoire pendant plusieurs semaines la plupart du temps. A Dakar, lors d'une cérémonie organisée suite à un décès, il m'a été indiqué que les femmes n'avaient pas le droit d'accompagner le défunt pour l'enterrement, en raison de leur trop forte émotivité...  

Après la période de veuvage, plusieurs logiques peuvent être à l’œuvre. D'abord, celle de la rupture. Expulsée de la maison familiale qui appartient dès lors à la famille du mari puisqu'elle n'a dans de nombreux pays aucun accès à l'héritage de son mari, souvent en dépit des lois, la femme peut perdre la terre ou le commerce qui constituait son revenu. La femme était passée de la famille de son père à celle de son mari, il est donc logique qu'elle reparte d'où elle est venue.  

Autre logique, le remariage. En l'absence d'héritage pour les femmes, et pour leur assurer une certaine protection sociale, certaines sociétés pratiquent le lévirat, c'est à dire le remariage avec un membre de la famille du mari défunt. Tout aussi compréhensible dans le contexte du mariage entendu comme union entre deux familles, et non entre deux personnes. On parle parfois d' "héritage de veuve" pour qualifier cette pratique. On ne renverrait pas un canapé au magasin juste parce que son usager est décédé. Précisons que la femme a le droit de refuser le remariage, mais dans ce cas elle doit quitter le domicile conjugal et laisser ses enfants à la famille de son mari. 

Le lévirat est encore pratiqué dans certains pays d'Afrique de l'Ouest comme au Burkina-Faso, au Togo, ou encore au Sénégal. Plusieurs pays l'ont interdit, mais entre la loi et la coutume, le combat est féroce. Comme le rappelait Madeleine Kaboré dans une étude sur le lévirat au Burkina-Faso : « Ici, loi moderne et loi traditionnelle s'affrontent sans pour autant trouver un consensus en matière d'héritage. En effet, l'interprétation de la mort par la loi moderne est fort différente de l'interprétation traditionnelle qui conçoit la famille et le mariage au sens large. » 

Il est très difficile d'obtenir des données sur ces pratiques traditionnelles du veuvage et du remariage, autant que sur la situation sanitaire et économique des femmes veuves. Les statistiques nationales sont rarement désagrégées par situation matrimoniale, et elles ne demandent évidemment pas si un remariage a été imposé à la femme, puisque c'est la plupart du temps interdit par la loi. Il faut dès lors se contenter de témoignages, mais ceux-ci ne peuvent être la base de politiques publiques. 

La médiatisation peut être d'une certaine utilité. C'est pourquoi, même si elle ne dit rien du fond patriarcal qui sous-tend le statut des veuves dans de nombreux pays et même si c'est son statut de Première Dame qui lui en donne la possibilité, je soutiens pleinement l'initiative de Sylvia Bongo Odimba : après avoir créé la fondation qui porte son nom, elle a obtenu que le Gabon présente une résolution à l'ONU pour la création d'une Journée internationale des veuves

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