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A Abidjan, l’informatique pour préparer l’avenir des jeunes d’Abobo

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En face d’une boulangerie du quartier Habitat, à Abobo, une piste cabossée conduit à l’une des nombreuses zones résidentielles de la deuxième commune la plus peuplée de Côte d’Ivoire. Des enfants y jouent avec des pneus, des morceaux de bois ou paissent des troupeaux de moutons. Pourtant, derrière un portail grinçant, la rumeur de petites mains sur les claviers introduit à un tout autre univers.

 
Ici, une dizaine de jeunes informaticiens ont ouvert, en septembre 2014, le Baby Lab, le premier et jusqu’à présent seul « fab lab » ivoirien inscrit dans le répertoire de l’université américaine Massachusetts Institute of Technology (MIT). Des professionnels offrent aux habitants du quartier des ateliers informatiques comme l’open source et l’apprentissage des logiciels libres. « Nous avons découvert ce concept suite aux MOOC de l’Institut Mines-Télécom de France que nous avons suivis sur la fabrication numérique », explique Obin Guiako, cofondateur et président du centre de création.

« Outil de luxe »

Pour l’équipe d’informaticiens, la décision d’implanter à Abobo le Baby Lab – « Baby », c’est le surnom donné à Abidjan, en argot local – est partie d’un constat : « La commune a très mauvaise réputation en termes d’incivisme, de grand banditisme et de pauvreté, qui est assez élevée », abonde Obin Guiako. C’est dans ce quartier populaire que le phénomène des « microbes », ces bandes d’enfants qui agressent violemment les passants, a vu le jour après la crise post-électorale de 2011.
 
« L’ordinateur y est encore considéré comme un outil de luxe, poursuit le jeune président. En ouvrant cet espace, nous voulions donner une occupation à la jeunesse et réduire les disparités dans l’accès au numérique. »
L’équipe a centré ses activités sur le projet « Kid Lab », qui forme les enfants de la commune à la programmation. Pour intéresser les jeunes, parmi lesquels beaucoup n’ont jamais touché à un ordinateur, ils ont commencé par les interpeller dans la rue. Depuis, le Baby Lab en a accueilli plus d’une centaine, âgés de 7 à 16 ans. En période scolaire, une quinzaine d’entre eux s’y rend tous les mercredis et samedis.
 
« Initier les enfants au code informatique ouvre leur esprit et leur permet de développer la capacité analytique et la créativité, souligne Beucler Kpagni, formateur au « Kid Lab ». Nous voulons leur apprendre l’école de la vie. » Selon lui, l’initiative a permis de remettre certains jeunes sur le droit chemin. « Depuis que Daniel va au Baby Lab, il est devenu calme et concentré sur son avenir », confirme Marie-Florence Koffi, dont le fils a fait ses premiers pas au fab lab il y a deux ans et ne parle plus que d’informatique.

Unités centrales « maison »

En 2015, le centre de fabrication a débuté une coopération avec le groupe scolaire Les Pingouins d’Abobo. « Nous n’avons pas suffisamment de moyens pour enseigner correctement l’informatique », déplore l’enseignant Raphaël Soumahoro, qui accompagne régulièrement ses élèves au fab lab. « Les écoles de la commune sont sous-équipées, avec parfois 30 ordinateurs pour 3 000 enfants et du matériel défectueux », ajoute Obin Guiako.
Pour contrer l’absence de numérique dans les foyers, les plus jeunes apprennent également à fabriquer des PC avec des éléments récupérés sur du matériel informatique cassé, dont les composants sont logés dans des bidons. Si l’objectif est de leur permettre de conserver ces unités centrales « maison », l’équipe a encore du mal à trouver certaines pièces nécessaires à leur utilisation.
 
« On continue à fonctionner sur nos fonds propres », souligne le vice-président du Baby Lab, Abdoulaye Diabaté. Il rappelle les débuts difficiles de l’initiative. « On n’avait pas d’équipement, rien. Alors on ramenait nos propres ordinateurs. » Après un an d’existence, l’équipe a reçu son premier don informatique de la Société générale en Côte d’Ivoire. Puis, suite à une visite de la secrétaire d’Etat française au numérique et à l’innovation, Axelle Le Maire, en septembre 2015, une subvention de l’Etat français de 6,5 millions francs CFA (10 000 euros) leur a été remise. En attendant d’obtenir un soutien financier de la commune d’Abobo, l’équipe du Baby Lab voit déjà loin : « On compte répliquer ce modèle dans toutes les communes d’Abidjan, sourit Obin Guiako. Face à l’explosion de la nécessité des compétences en informatique, il faut que les enfants de la Côte d’Ivoire préparent leur avenir. »
Judith Kormann (contributrice Le Monde Afrique, Abidjan)

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