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Politique

Le Gabon bascule dans la répression après l’élection présidentielle

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Le 1er septembre, l’ambiance à Libreville était à la répression. La veille, le Parlement avait été incendié suite à l’annonce de l’élection d’Ali Bongo à la présidence gabonaise. Le siège du quotidien pro gouvernemental, L’Union, a également subi les foudres des manifestants. Des magasins ont été pillés et des voitures brûlées.
René Ndemezo’o Obiang, coordinateur national de la campagne de Jean Ping – qui estime avoir remporté les élections –, a affirmé à La Croix, avoir été emmené en compagnie « d’une bonne quinzaine de hauts responsables pour être entendu au camp de gendarmerie ».
« Nous assistons à une répression très brutale depuis l’annonce des résultats frauduleux. Les forces de l’ordre ont investi le quartier général de Jean Ping dans la nuit de mercredi 31 août à jeudi 1er septembre. Ils ont arrêté environ 500 jeunes qui campaient là depuis les élections », confiait René Ndemezo’o Obiang au téléphone, seul moyen de communiquer alors qu’Internet semblait avoir été coupé.
 
« Une ville fantomatique »
 
Le 1er septembre, les habitants de Libreville sont restés chez eux, après avoir fait des provisions les jours précédents. Serge Maurice Mabiala, le rapporteur général de la coordination de la campagne de Jean Ping, décrit « une ville fantomatique où les Gabonais sont effrayés par l’insécurité. Nous allons réunir la coordination pour exiger la libération des personnalités séquestrées de manière illégale. La détermination des Gabonais est de ne pas se faire voler leur victoire. La pression populaire va s’accentuer. »
 
Des manifestations étaient rapportées dans les principales villes du pays. « Le pouvoir voudrait présenter ces troubles, et notamment l’incendie du Parlement, comme la cause de la répression actuelle. Mais, ces troubles sont la conséquence de l’attitude d’Ali Bongo », souligne Serge Maurice Mabiala.
 
Une vérification bureau de vote par bureau de vote nécessaire
 
Selon les résultats officiels, communiqués le 31 août au soir, Ali Bongo a devancé son rival Jean Ping, d’un peu moins de 6 000 voix sur un total de 627 805 inscrits. Le président sortant devrait sa réélection à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46 % des voix pour plus de 99 % de participation.
 
L’opposition conteste ces chiffres. « Même dans les pays où le vote est obligatoire, on n’arrive pas à une participation aussi élevée. Comment le Haut-Ogooué pourrait-il avoir ce taux-là, alors que la participation au niveau national est de l’ordre de 60 % ? », s’interroge René Ndemezo’o Obiang. Désormais, poursuit-il, les opposants à Ali Bongo en appellent « à la communauté internationale. Elle nous a poussés à accepter la tenue de ces élections. Elle doit faire respecter leur résultat. »
 
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a estimé que la confiance dans les résultats du scrutin, dont l’annonce « a plongé le Gabon dans une crise profonde », « ne peut être restaurée que par une vérification transparente, bureau de vote par bureau de vote ». Le 31 août, deux observateurs de l’Union européenne qui assistaient à l’Assemblée plénière de la commission électorale nationale, ont été invités à sortir juste avant l’ouverture des débats à huis clos entre délégués des deux camps.
 
Les Français au Gabon conseillés de rester chez eux
 
Dès le 29 août, la chef des observateurs de l’Union européenne, Mariya Gabriel, avait demandé « la publication des résultats par bureau de vote pour assurer la confiance dans l’intégrité des résultats finaux et garantir qu’il reflète la volonté populaire ». De son côté, la France a exprimé « sa vive préoccupation » et a réclamé une procédure transparente pour lever tout doute sur les résultats. Elle a soutenu la demande de les publier bureau par bureau.
 
Quatorze mille Français, dont la moitié sont des binationaux, vivent au Gabon. Depuis le 30 août, l’Ambassade de France leur a conseillé de rester chez eux. Le Quai d’Orsay a mis en place une cellule de crise le 1er septembre et a demandé de reporter tout voyage au Gabon. Il devrait renforcer son personnel sur place, afin de « pouvoir tenir dans la durée ».
 
Libreville abrite également une base militaire française, forte de quelques centaines d’hommes, à partir de laquelle sont menées des opérations aériennes en Afrique de l’Ouest.
 
 
Trois présidents depuis 1960
 
Le 17 août 1960, l’indépendance du Gabon, ancienne colonie française, est proclamée. En février 1961, Léon Mba devient président.
 
En décembre 1967, Albert-Bernard Bongo accède au pouvoir. En 1973, il devient el-Hadj Omar Bongo. Le pétrole assure au pays des revenus confortables.
 
Le 16 octobre 2009, Ali Bongo Ondimba, fils d’Omar Bongo, décédé en juin, est investi président lors d’une cérémonie boycottée par l’opposition. Il avait été élu en août lors d’un scrutin contesté par l’opposition, mais validé par la Cour constitutionnelle. Des violences post-électorales et des pillages avaient secoué Port-Gentil, faisant plusieurs morts.
 
Pierre Cochez

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