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Kibarou

Kibarou. Cette autosuffisance alimentaire que nous voulons tant

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Autosuffisance alimentaire : le terme n’est pas nouveau en Côte d’Ivoire. Il faut plutôt dire qu’il revient à la mode, dans les propos quotidiennement tenus par les pouvoirs publics. C’est qu’après les années 1980, au cours desquelles il avait tout aussi fait l’objet d’une préoccupation nationale sans précédent, il est de nouveau entendu ici et là. Toujours de la part des mêmes acteurs. Est-ce à dire qu’après l’avoir atteinte à un moment donné de l’histoire de ce pays, nous avons aujourd’hui perdu l’autosuffisance alimentaire ? Ou encore que nous ne l’avions réellement ou véritablement jamais atteinte ?

Ce qui est indéniable, c’est que la réapparition de la question de l’autosuffisance alimentaire au nombre des préoccupations majeures des décideurs politiques actuels, met en relief toute la fragilité de notre économie agricole. Soixante- quatre ans après l’indépendance du pays, ladite économie demeure encore très vulnérable aux aléas naturels, à ce jour fortement exacerbés par le dérèglement du climat. Tout comme elle a encore de la peine à suivre et surtout, à s’adapter à l’évolution ascendante de la courbe démographique nationale. Tout cela justifie qu’on se remette à parler de l’autosuffisance alimentaire. Telle la quête permanente d’une perfection. La poursuite effrénée d’un idéal auquel on aspire tant.

Les actions et initiatives alors développées pour accroitre la production nationale de vivres, pour répondre aux besoins exprimés en la matière par les populations, restent les mêmes. Dominées par l’octroi gratuit de semences aux producteurs agricoles, ainsi que d’intrants indispensables à booster les différentes productions. Le geste en soi est hautement salvateur. Surtout quand il s’agit des semences de riz. L’aliment le plus consommé partout en Côte d’Ivoire et dont l’importation coûte chaque année, des milliards de Fcfa à l’Etat. Cela reste une réalité d’autant plus paradoxale que, les milles efforts jusqu’ici déployés pendant plusieurs décennies, en vue d’une production exponentielle de la petite céréale, à travers le pays n’ont pas encore permis de retrouver l’autosuffisance nationale en riz. Comme c’était pourtant le cas jusqu’en 1975, où tout a périclité. L’on se souvient que, d’importants dons chinois et autres en matériels mécaniques, avaient été faits aux riziculteurs ici et là. Notamment à ceux du département de Dimbokro, avec des aménagements coûteux de périmètres rizicoles, d’installations pour la maitrise de l’eau, sans compter la mise à disposition de semences à cycle court etc. Et dire que le riz, quelle qu’en soit la variété, pousse dans toutes les zones écologiques de la Côte d’Ivoire et sur tous les sols également.

Il fut un temps où, pour répondre à ce paradoxe, l’on avait mis en cause, la faible capacité d’absorption par le marché intérieur, des récoltes locales, abandonnées au profit du riz dit de luxe, d’origine étrangère. Dont la consommation était perçue comme plus valorisante au plan sociétal. Et cette flatterie de bas étage, plutôt arriérant s’est trouvée malheureusement renforcée par une insuffisance de stratégies de promotion par les pouvoirs publics, de la commercialisation du riz local. Plusieurs experts avaient alors décrié, ce qui a été appelé « l’inexistence de toute commune mesure » entre le décaissement de sommes faramineuses, pour importer du riz et l’importance des actions étatiques initiées, pour la promotion commerciale du riz local. La vérité est que cet état de fait profitait bien à de gros bonnets sur la place, qui œuvraient vaille que vaille pour davantage imposer ce riz de luxe aux ménages. Cette situation n’a pas autant changé qu’on pourrait le croire. Tant il est vrai que ces individus demeurent toujours à la manœuvre. Et pire, ils continuent aussi d’exister ces autres hauts placés, qui depuis toujours tirent profit des importations massives de riz financées par l’Etat. Pourtant, au regard même de l’importance du riz dans la consommation nationale de vivriers, avec plus de1, 3million de tonnes consommées par an, l’autosuffisance alimentaire tant poursuivie, ne peut être atteinte que si la politique nationale de promotion de la riziculture, est débarrassée de toutes ces entraves susmentionnées. Que si, les semences et engrais achetés avec l’argent du contribuable, pour être gratuitement distribués à des riziculteurs ne tombent pas entre les mains d’individus plutôt malveillants. Auxquels aucun compte n’est demandé, en cas de bradage ou d’usage détourné de ces semences et engrais.

L’effectivité d’une autosuffisance alimentaire durable, dépend aussi du déploiement de plus d’efforts dans la recherche de moyens plus efficients. Favorisant la saine conservation de certains produits agricoles et leurs dérivés, comme l’igname et le manioc. Une autosuffisance alimentaire durable, est aussi tributaire du développement d’industries transformatrices locales. Qui viendront ainsi conditionner une croissance plus accrue, des différents produits agricoles les plus consommées par les Ivoiriens. De petites unités de décorticage et de blanchissage du riz viennent d’être accordées par le ministre de l’Agriculture, à quelques industriels, installés dans l’arrière- pays. C’est une initiative à saluer. D’autant plus qu’il s’agit là, d’un appui substantiel à l’accroissement de la production locale de la petite céréale. Comme l’a promis le ministre Adjoumani, espérons tout simplement que plusieurs autres industriels en seront bénéficiaires.

Moussa Ben Touré





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