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Situation des transgenres en Côte d’Ivoire : Les confidences bouleversantes de 4 Ivoiriennes transsexuelles

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Les personnes transgenres se montrent discrètes en Côte d’Ivoire. Mieux, elles se confient peu aux médias. Quatre d’entre elles, précisément des Ivoiriennes transsexuelles ont accepté de parler sur les antennes de Rfi, le lundi 23 décembre 2019. Des témoignages émouvants sur leur calvaire sur le chemin pour passer de leur statut de garçon à fille.
La vie n’est vraiment pas facile pour ces filles nées dans la peau de garçon et qui ont décidé de retrouver leur physique de fille. Ce changement de genre, appelé transition, est parfois mal accueilli par les parents et proches. « J’ai vécu une situation difficile au sein de ma famille », déplore une d’entre elles. Et celle-ci de renchérir : « Tu te retrouves rejetée par ta famille, celle-là même qui est censée comprendre ta situation et t’accepter telle que tus es ». Un malaise qui pousse à la rue ces transsexuelles ivoiriennes. « Une fois que la famille ne t’a pas reconnue, c’est la rue qui te reçoit et se charge de ton éducation », lance, dépitée la jeune femme.
Le même drame est vécu par une autre. « En famille, sincèrement, ça ne va pas. Ça  ne va pas du tout », commence-t-elle par raconter. Puis elle, elle se lâche : « Quand j’ai commencé la transition, j’ai été agressée verbalement plusieurs fois par mes frères. Ils disaient : « nous on déteste les pédés hein ». Ça me frustrait mais je ne pouvais pas m’exprimer ». Vexée par tant de méchancetés, elle songe à l’irréparable. « En vacances 2018, c’en était trop. J’avais donc décidé de mettre fin à ma vie. J’ai dit à maman que je suis fatiguée de vivre car je ne vis pas bien et donc j’ai pensé à me suicider », confie cette transgenre. Qui finit par quitter la cour familiale. « Depuis, je vis seule. Je n’ai ni frère ni sœur à mes côtés. Ma maison est vide. Je pleure mais je ne montre pas à ma maman que j’ai mal. A l’intérieur de moi, je suis blessée (…) Je suis seule aujourd’hui, je n’ai pratiquement pas d’ami, car je suis rejetée de mes propres parents. Ceux qui sont censés me protéger ne veulent même pas me voir. C’est très difficile » lâche-t-elle, en sanglots
 
Discrimination, violence psychologique et physique
A ce déchirement dû au rejet de leur décision de transitionner s’ajouter l’agression physique. « Il y a des personnes qui vous agressent après l’acte sexuel parce qu’elles ne veulent pas vous payer. Elles font un « lebou »( un terme du jargon des transsexuelles ivoiriennes pour dire un scandale) », raconte une des transsexuelles. Puis elle ajoute : « A chaque fois qu’on sort, il y a donc un épée de Damoclès sur notre tête. On est préparées tout le temps à être violentées. Que ce soit dans les transports en commun ».
Et comme pour apporter de l’eau au moulin de sa camarade, l’une d’elles relate un acte d’agression dont elle a été victime : « Un soir, je passais sur le pont et un malfrat, sorti de nulle part, m’a poursuivie. A l’époque, j’étais novice, je ne maîtrisais pas bien l’environnement. J’ai pris un chemin droit et le malfrat m’a couru après et m’a rattrapée. Il m’a poignardée dans la mâchoire par deux fois, puis dans les fesses. Il m’a arraché ma perruque. Il a commencé à crier que c’est un homme qui se fait passer pour une femme. Ces cris ont ameuté des badaud qui sont accourus et ont commencé à crier : déshabillons-la on va voir si c’est un homme ou une femme ».
Une autre rapporte avoir été poignardée elle aussi : « Vous  voyez cette cicatrice : j’ai été poignardée et j’ai failli mourir. On m’a transportée au Chu de Cocody. Les médecins ont refusé de me traiter parce que je suis une femme transgenre ». La même soutient avoir été l’objet d’une autre agression un jour. « Une trans s’est offert les services de deux bandits pour qu’ils m’agressent. Ce soir-là, je rentrais avec un client dans la maison où nous vivions ensemble quand ils se sont jetés sur nous. Le client a pris la fuite et ils m’ont poignardée. Mes intestins étaient sortis. On m’a emmenée au Chu de Yopougon, on a coupé une partie des intestins et fait rentrer ce qui pouvait encore être sauvé », explique-t-elle en des termes qui font froid dans le dos.
 
Dur, dur d’avoir un emploi
Ces femmes ivoiriennes transsexuelles sont également confrontées aux difficultés d’insertion professionnelle, du fait notamment de leur transition. « Quand vous entamez la transition, quel que soit le diplôme que vous avez, vous ne pouvez plus l’utiliser, car vous avez désormais une autre identité », avance l’une d’elles. « C’est difficile pour nous d’avoir un travail, renchérit une autre. Moi j’ai eu le BAC mais après la mort de mon père, je n’ai pas pu poursuivre mes études. Mais j’ai obtenu par la suite un diplôme en cuisine européenne ». Et de révéler qu’elle a été par la suite victime d’un chantage : « Mon formateur voulait coucher avec moi, j’ai refusé. Il m’a alors dit qu’après mon diplôme de demander à partir parce que si je reste, il va faire en sorte que je sois accusée de vol. J’ai dû donc partir après l’obtention de mon diplôme. J’ai cherché à obtenir un emploi mais c’était un peu bizarre car sur ma pièce d’identité il y avait un grand changement entre mon ancienne physionomie et l’actuelle. De sorte qu’on me disait toujours : ce n’est pas vous ».
Au dire de ces Ivoiriennes transgenres, c’est l’une des raisons pour lesquelles elles s’adonnent à la prostitution. « La prostitution est obligatoire parce que le diplôme que tu as obtenu par le passé, tu ne peux plus l’utiliser pour faire quoi que ce soit, puisque tu as une nouvelles identité. Si tu n’a pas d’emploi, comment feras-tu pour te procurer des hormones ? Tu es obligée de faire le trottoir », se défend une interlocutrice du reporter. « Avec ma situation de personne transgenre, j’étais contrainte de me prostituer pour payer le traitement que nécessite  ma  transition », avance une autre, qui explique que les hormones et les crudités qu’implique le changement de genre, s’élèvent à près de 200 000 FCFA par mois.
Karine KORE
 



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