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Les migrants dans la nasse de la guerre en Libye

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Les personnes qui fuient la Libye par la mer arrivent de plus en plus rarement en Italie.
Alors que le conflit s’intensifie, elles sont majoritairement interceptées et renvoyées sur le sol libyen où elles risquent les pires traitements.
 
À peine arrachée de la part des belligérants libyens, la trêve humanitaire de 48 heures pour les festivités de l’Aïd-El-Adha (fête du sacrifice) a volé en éclats le 11 août, compromettant la première étape de « l’initiative pour la désescalade du conflit » fraîchement élaborée par le représentant spécial de l’ONU en Libye Ghassan Salamé.
 
Des tirs de roquette ont visé l’aéroport de Mitiga, le dernier opérationnel à Tripoli. Les forces liées au gouvernement dit d’union nationale qui contrôlent la zone ont d’emblée accusé l’armée du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, d’avoir violé la trêve. Face à l’escalade militaire, Ghassan Salamé s’était alarmé de « l’impasse stratégique » du conflit, le 29 juillet, devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le conflit en Libye profite aux trafiquants et aux terroristes
Depuis le lancement le 4 avril de l’offensive des troupes du maréchal Haftar sur la capitale, les combats ont fait 1 100 morts, 6 000 blessés et 100 000 déplacés. Les migrants aux mains des milices mafieuses sont particulièrement exposés au conflit, comme l’avait tragiquement révélé l’attaque aérienne sur le camp de Tajoura dans la banlieue de Tripoli, le 2 juillet, qui avait fait au moins 66 morts et 80 blessés.
 
« On a des cas documentés de migrants enrôlés de force par des milices »
« La guerre a encore plus détérioré les conditions de détention inacceptables en Libye », constate Alessandra Morelli. Installée à Niamey, la responsable du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) au Niger est aux premières loges des récits émaillés de violence, de torture, de viol, de traite des êtres humains et de rançon des personnes évacuées de Libye en vue de leur réinstallation dans un pays d’accueil.
 
« La situation des migrants dans la quinzaine de centres de détention officiels, certains tenus par des milices, dans l’Ouest libyen est très variable d’un lieu à l’autre. Mais on a des cas documentés de migrants enrôlés de force par des milices ou forcés d’aider à la préparation des combats », précise William Hennequin, responsable des opérations en Libye à Médecins sans frontières. « Et beaucoup de personnes soignées portent des traces de brûlures, de chocs électriques ou ont les membres cassés. » Sans compter la tuberculose qui prospère. Une vingtaine de personnes en sont mortes cette année dans le camp de Zintan.
 
Pour Alessandra Morelli, il est clair que « face aux personnes blessées dans leur âme et leur corps, on est au-delà d’une possible distinction entre migrants et réfugiés ». Elle se réjouit que 3 000 personnes aient pu échapper aux atrocités grâce à leur transfert vers Niamey depuis fin 2017 (et 1 500 ont été directement évacuées de Libye, essentiellement vers l’Italie et la Roumanie). Parmi elles, 1 737 Soudanais, Érythréens et Éthiopiens pour la plupart, ont été transférées vers l’Union européenne ou le Canada, la France et la Suède en ayant à elles seules accueilli la moitié. Et 247 devraient partir en vue de leur réinstallation dans les semaines à venir.
 
« Les gens sont de plus en plus coincés en Libye »
Mais c’est bien peu au regard des promesses internationales d’évacuation d’urgence des migrants pris au piège des trafiquants faites à l’automne 2017 après la diffusion par la chaîne CNN d’un reportage sur les marchés aux esclaves dans le pays. Le HCR a recensé plus de 50 000 réfugiés et demandeurs d’asile en Libye, théoriquement prioritaires au départ.
 
 
« Il faut casser le mythe que tous les réfugiés veulent venir en Europe »
« Au contraire, les gens sont de plus en plus coincés en Libye. Les routes pour y venir et pour en partir sont toujours plus chères, plus dangereuses et mortelles en raison des politiques de fermeture aux frontières, ce qui nourrit le trafic humain en Libye », constate William Hennequin. De fait, plus de la moitié des personnes qui tentent la traversée de la Méditerranée sont ramenées sur le sol libyen.
 
L’Organisation internationale des migrations évalue à plus de 4 000 le nombre de personnes interceptées par les gardes-côtes libyens en 2019 (jusqu’au 15 juillet), et plus de 800 morts et disparus en mer, tandis qu’au moins 3 300 personnes sont arrivées en Italie à cette date. William Hennequin résume laconiquement : « On renvoie en Libye ceux qui s’échappent de l’enfer libyen. »



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