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Politique

Côte d'Ivoire : Libre opinion- PDCI : "la sagesse est l’arme la plus puissante "

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Le président Henri Konan Bédié, et avec lui le PDCI-RDA, semble avoir définitivement quitté le navire du RHDP pour entamer une nouvelle aventure, somme toute incertaine, sur d’autres rives, avec un autre attelage. 
Et pourtant, huit années auparavant, rien ne le présageait !  Que s’est-il donc passé pour que cette merveilleuse idylle se transforme en un désamour retentissant au point d’exposer, dans une opposition radicale, les anciens alliés face à leurs objections réciproques ? 
Le Parti unifié, un engagement personnel du président Henri Konan Bédié
Le 17 septembre 2014, le président Henri Konan Bédié annonçait les couleurs en proclamant, au mépris des conclusions du XIIème Congrès ordinaire du PDCI-RDA, que son parti soutiendrait la candidature du président Alassane Ouattara à la présidentielle de 2015. A cette époque, personne n’avait osé s’opposer à la décision du président du parti à l’exception de Essy Amara, Jérôme Brou Kablan, Charles Konan Banny et Kouadio Konan Bertin, alors qualifié de soldat perdu.
L’ambition d’« aboutir à un parti unifié, PDCI-RDR, pour gouverner la Côte d’Ivoire »  était encore très vive, en témoignaient l’accueil chaleureux et les propos laudateurs du sphinx de Daoukro à l’égard de son « jeune frère »  Alassane Ouattara.
Pour joindre l’acte à la parole, le président Henri Konan Bédié enjoignait l’ensemble des cadres du PDCI-RDA au processus de création du Parti en formation à travers la participation à un comité de haut niveau, puis la signature d’un accord politique qui engage « les Partis membres (…) à prendre toutes les dispositions utiles pour assurer la réussite de cette grande ambition » , notamment « l’organisation dans les meilleurs délais, des congrès extraordinaires des partis membres du RHDP pour l’adoption des textes constitutifs du Parti unifié »  à savoir les Statuts et le Règlement intérieur.
Sur ce fondement, tous les partis membres de l’alliance organiseront des congrès extraordinaires pour l’adoption desdits textes, à l’exception du PDCI-RDA dont le bureau politique du 17 juin 2018 s’accommodera de la simple formule du « Bureau Politique (qui) prend acte des documents tels que validés par le Comité de Haut Niveau et décide de soumettre ces documents à l’examen du prochain congrès ordinaire du PDCI-RDA ».
Et pourtant, l’année 2018, commémorant le 25ème anniversaire du décès du président Félix Houphouët Boigny, était annoncée aussi comme l’année du 13ème Congrès Ordinaire du PDCI-RDA, ne tiendra pas cette promesse attendue par l’ensemble des partis membres de l’alliance. Au contraire, l’organisation dudit congrès sera, de façon surprenante, purement et simplement reportée sine die après l’élection présidentielle de 2020. En conséquence, la participation du PDCI-RDA au processus de création du parti unifié venait d’être volontairement suspendue par ses instances dirigeantes.
C’est précisément cette fuite en avant qui a été qualifiée, par les autres Partis membres de l’alliance, de tentative de sabotage de l’élan unanimement amorcé pour fonder le grand Parti des Houphouëtistes.
Par suite, toutes les motivations invoquées par le PDCI-RDA pour justifier cette mise à l’écart volontaire du Parti ne sauraient être retenues par les Partis alliés qui y voient de la malice et de vrais faux arguments pour masquer un agenda caché.
Des faux-arguments en trompe-l’œil
Le processus de création d’un Parti unifié devrait aboutir, à terme, à la dissolution par absorption des partis membres, à l’issue d’une période transitoire. C’est une réalité connue de tous les acteurs qui ne peut être prise pour argument à charge contre le projet de création du RHDP. Sur cette question, les militants du PDCI-RDA n’ont pas bénéficié de la franchise des cadres du Parti qui ont dénaturé l’engagement politique pris envers les autres partis membres.
De toutes façons, les craintes exprimées par la direction du Parti ne sont pas fondées et ne justifient pas son retrait de la table des négociations. En effet, juridiquement, deux garde-fous permettaient de préserver l’intégrité du PDCI-RDA sans remettre en cause sa participation aux discussions. 
Tout d’abord, le délai suspensif de 12 à 18 mois  ouvrait des possibilités pour le PDCI-RDA de demeurer dans l’accord et de proposer ses amendements éventuels aux différents textes fondateurs. 
Ensuite, et de toute évidence, la disparition du Parti ne pouvant intervenir sans l’organisation préalable d’un congrès de dissolution, l’argument visant à faire croire aux militants qu’une menace pèse sur le PDCI-RDA par l’adhésion au Parti unifié n’est que superfétatoire. 
En outre, sur la question de l’alternance, le point 4 du relevé des conclusions du comité de haut niveau pour la création du RHDP précise qu’elle est « renvoyée au président d’honneur du RDR et au président du PDCI-RDA » pour des discussions devant aboutir à la désignation du candidat, sans autre précision liée à la primauté réservée au PDCI-RDA sur les autres Partis. 
Dès lors, la révélation, par le président Henri Konan Bédié, d’un accord secret entre lui-même et le président d’honneur du RDR, relatif à une alternance au profit du PDCI-RDA en 2020, et dont le contenu est entièrement rejeté par le président Alassane Ouattara, révèle à la fois l’amateurisme du Parti et la négligence coupable de ses dirigeants. En effet, comment comprendre qu’une question aussi importante que l’alternance n’ait pu clairement être précisée dans l’accord politique pour éviter toutes les supputations inutiles liées à l’interprétation des termes dudit accord ?
En sus, comment comprendre que jusqu’aujourd’hui le ou les prétendus témoins à l’accord n’aient pu régulièrement confirmer l’existence du deal intervenu entre les deux leaders pour écarter définitivement les interprétations tendancieuses ?
Toutes ces interrogations renforcent le doute sur le fond du problème inscrit en priorité par les responsables du Parti. A la vérité, il semble que la crise ne soit que purement artificielle pour nourrir des ambitions personnelles. 
Une crise artificielle pour des intérêts personnels
La gestion du différend par le président Henri Konan Bédié laisse place au doute sur sa volonté ou sa capacité à résoudre la crise. Tout se passe comme si l’intention inavouée du président Henri Konan Bédié a été de désavouer l’ensemble des cadres de son Parti favorables au RHDP pour ensuite les discréditer auprès des militants, sous le fallacieux prétexte de préserver l’esprit et les valeurs du PDCI-RDA. L’objectif de la manœuvre étant, pour le président Henri Konan Bédié, de demeurer l’unique alternative au sein du Parti dans l’hypothèse d’une investiture à la candidature pour la présidentielle 2020 après avoir poussé vers le RHDP les potentiels candidats susceptibles de lui faire ombrage.
Que dire de la préservation des intérêts personnels de la famille Bédié dans un contexte aussi volatile où la moindre parole est scrutée et où toute initiative en faveur du rapprochement est perçue comme de la trahison ? Et pourtant, Jean-Luc Bédié continue de mériter sa place en qualité de conseiller à la Primature, profitant même de sa nouvelle promotion au grade d’ambassadeur. De même, Guy Koizan, actuel Directeur général de la Versus Bank et beau-frère du président Henri Konan Bédié n’a nullement été contraint à la démission. Mieux, Lucette, fille ainée du couple Bédié, jouit paisiblement des avantages liés au poste de Directrice général adjointe de la Société des Palaces de Cocody (SPDC), établissement public de gestion des hôtels de l'Etat ivoirien, dont l'Hôtel Ivoire et le Golf Hôtel.
A contrario, pour les autres militants du Parti, les suspicions vont bon train. Placés sus le couperet d’éventuelles sanctions disciplinaires, leur volonté de promouvoir le rapprochement avec les membres de la grande famille des Houphouëtistes est systématiquement réprimée.
Une autre curiosité du caractère singulier de cette crise est révélée par l’attitude du secrétaire exécutif du Parti, le professeur Maurice Kacou Guikahué, qui semble mener un combat personnel pour la réhabilitation de Laurent Gbagbo dans le jeu politique ivoirien au mépris des intérêts du PDCI-RDA qui ne cesse de maigrir et de s’isoler. A ce propos, les confidences éventées de la rencontre de la Belgique révèlent un pan des intentions personnelles et inavoués.
Pourquoi en effet, alors qu’il se fait accompagner par une délégation composée entre autres de la directrice de la communication du président Henri Konan Bédié, Zongo Djénébou, et du porte-parole du Parti, Ndri Kouadio Narcisse, le Secrétaire exécutif engage seul les négociations avec le président Laurent Gbagbo dans un tête-à-tête qui dénote, si ce n’est du mépris pour les membres de sa délégation, à tout le moins de l’opacité qui entoure ce subit attrait d’un Parti de droite pour des idéaux de gauche ?
Et c’est précisément cette idée malencontreuse de formation d’une plateforme collaborative « non idéologique », avec notamment le Front Populaire Ivoirien, qui crée le schisme au sein du vieux Parti, de sorte à justifier les réticences des cadres à acquiescer ce nouveau deal qui laisse place aux doutes et aux incertitudes plus qu’il ne répond aux attentes des militants.
L’attitude compréhensible des cadres
2020, c’est demain ! Face à cette échéance, que fait le PDCI-RDA ? Quelle est sa stratégie ? Comment se décline sa méthode ? L’évidence est pourtant saisissante : une érosion régulière des cadres du PDCI-RDA vers le RHDP est constatée avec pour conséquence le rétrécissement du vieux Parti. 
De plus, le climat de suspicion réciproque qui s’est développé au sein du PDCI-RDA entre d’une part les partisans de la réunification de la grande famille des Houphouëtistes, et d’autre part les partisans de la rupture et de la division, a convaincu plusieurs cadres de faire des choix de cœur et de raison pour éviter de disloquer l’héritage du père fondateur Félix Houphouët Boigny.
Par ailleurs, les errements de la stratégie de reconquête du pouvoir du PDCI-RDA qui s’adosse à une hypothétique alliance avec le Front populaire Ivoirien, sème le doute dans l’esprit des militants et soulèvent de nombreuses interrogations qui méritent une profonde introspection :
• l’alternance tant recherchée au profit du PDCI-RDA est-elle plus réalisable avec le FPI qu’elle ne l’est au sein du RHDP ? En effet, dans l’hypothèse de la formation d’un ticket présidentiel avec le FPI, le PDCI-RDA est-il assuré d’en prendre la tête en imposant le candidat à la fonction de Président de la République ?
 
 dans l’hypothèse de la création effective d’une plateforme avec le FPI, le PDCI-RDA ne risque-t-il pas d’en perdre le leadership et de faire ainsi le lit de la victoire du parti frontiste ?
 
les orientations idéologiques opposées ne constituent-elles pas un frein à l’élaboration d’un projet de société commun dans l’hypothèse de la formation d’un ticket présidentiel partagé entre les deux formations politiques ?
 
Dans la mesure où la stratégie du report de voix est admise pour soutenir, au sein de la plateforme, le candidat du Parti arrivé au second tour du scrutin, le PDCI-RDA est-il assuré d’être sélectionné ? Rappelons, à toutes fins utiles, qu’en référence aux résultats du premier tour de la Présidentielle de 2010, les présidents Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié obtiennent respectivement 38, 32 et 25 pour cent des suffrages exprimés. Vu les scores de 2010 et l’exode massif des cadres du PDCI-RDA vers le RHDP, c’est le FPI qui se servirait du PDCI-RDA pour reconquérir le pouvoir d’Etat. Bref, le PDCI-RDA se ferait harakiri.
 
 Au final, et en toutes hypothèses, comment au soir de sa vie politique, le président Henri Konan Bédié fait-il injonction au PDCI-RDA et à ses militants de souscrire à son processus de désacralisation de Félix Houphouët Boigny en remettant son héritage politique à son plus farouche adversaire, Laurent Gbagbo.
Face à ce constat alarmant et au manque criard de vision de l’élite dirigeante du PDCI-RDA, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dénoncer la méthode de management du président Henri Konan Bédié, accusé à tort ou à raison, d’avoir contribué à réduire considérablement le Parti depuis qu’il en assure la gestion. Les épisodes suivants sont rappelés, notamment :
 le retrait de Djéni Kobenan du PDCI-RDA en 1994 à l’occasion d’un Congrès extraordinaire au cours duquel la parole lui ait refusée. Ce qui constitue le premier acte de l’érosion constatée au sein du PDCI-RDA ;
 
la perte du pouvoir d’Etat en 1999 à la faveur d’une mutinerie de soldats mécontents qui a démontré la fragilité de la capacité de résilience du président Henri Konan Bédié face à une situation de crise majeure. La conséquence a été l’éparpillement des cadres du Parti, soit au profit du Général Guéi, soit dans la mouvance conduite par le président Laurent Gbagbo ;
 
 la perte progressive de représentativité du PDCI-RDA dans les régions du Nord et de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, en témoignent non seulement le nombre de candidatures présentées dans ces zones mais également les scores réalisés par le Parti, bien en-deçà de sa capacité réelle de mobilisation et d’implantation ;
 
 et aujourd’hui, la défection constante des cadres représentatifs du PDCI-RDA au profit du RHDP dans le contexte de crise liée à la posture radicale et au discours peu conciliant prôné par le président Henri Konan Bédié.
En définitive, les craintes sont bien réelles, aussi bien pour la vitalité du PDCI-RDA que pour la stabilité de la nation ivoirienne. En effet, la division des fils d’Houphouët Boigny a fait resurgir les vieux démons des discours haineux et des injures gratuites qui fragilisent la cohésion nationale acquise au prix du sang des ivoiriens.
Le dialogue qui est l’arme des forts, et l’intérêt supérieur de la nation qui guide chacune de nos actions, ont-ils désormais abandonné le PDCI-RDA qui s’est pourtant toujours érigé comme la voix de la sagesse face aux périls qui guettent la Côte d’Ivoire ?
 
KONAN BEHEGBIN
Militant de base à Daoukro



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