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Dossier – Moeurs: Incursion dans la vie de la communauté homosexuelle de Guinée

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Les lesbiennes, bien que méconnues par le grand public, marquent de plus en plus leur territoire en Guinée
Un corps svelte. Un joli sourire aux lèvres. Une dentition bien rangée comme la gousse du gombo. Mademoiselle DAD (C’est le nom que nous lui prêtons, ndlr), la vingtaine bien sonnée, est très accueillante. Difficile pour un homme de résister au charme d’une telle fille. Et les garçons ne cessent de tourner autour d’elle. Erreur monumentale pour celui ou ceux qui tombés sous le coup de son charme irrésistible. Car Mlle. DAD n’aime pas sentir le corps d’un homme contre le sien. (Crédit-photo: France Inter)
« Je crois qu’il est plus facile de vivre avec une femme qu’un homme », laisse-t-elle entendre, sourire aux lèvres.
Dans les communautés guinéennes, quand une fille fréquente les garçons, on peut la traiter de tout. Mais quand on ne la voit qu’avec ses camarades filles, on est heureux, pensant qu’on a affaire avec la plus sérieuse des filles. Erreur ! La nouvelle tendance qui a pris de l’ampleur dans le pays, c’est fille-fille qu’on appelle les lesbiennes et garçon-garçon qu’on appelle les gays. Les parents ne sachant pas de la nouvelle orientation sexuelle des filles, les laissent entrer et sortir en groupe dans la maison sans aucun soupçon. C’est le cas de DAD qui reçoit régulièrement chez elle sa petite amie.
Comment DAD est-elle devenue lesbienne ?
L’homosexualité reste fermement bannie par la société guinéenne qui reste foncièrement conservatrice. Aujourd’hui en Guinée, cette orientation sexuelle a tendance à conquérir la couche juvénile grâce au développement des réseaux sociaux. DAD, originaire de la Moyenne Guinée a connu sa première petite amie sur Facebook. Et actuellement elle a réussi à faire la connaissance de beaucoup d’autres lesbiennes à travers ce réseau social.
« En 2012, j’ai connu sur Facebook une fille qui était à Conakry.  La fille m’aimait beaucoup et vice-versa. […] Mais au fil du temps, j’ai compris que ce n’était pas que de l’amitié. Elle a insisté à ce qu’on se voie. Il y a des relations entre nos parents. Ceux-ci m’ont laissée venir ici à Conakry pour la voir. Un jour, elle est venue à la maison et nous sommes restées un bon moment ensemble. Quand elle partait, elle m’a embrassée sur la bouche. J’étais vraiment surprise de cet acte. Quand elle est rentrée, elle m’a appelée, mais je n’ai pas décroché son appel. Puisqu’elle a trop appelé, au deuxième jour j’ai pris l’appel et je lui ai demandé pourquoi elle m’a embrassée sur la bouche. Elle m’a dit que c’est parce qu’elle m’aimait beaucoup. Je lui ai dit que moi je ne connais pas ce genre de choses, que je ne suis pas la personne qu’elle cherche. Elle a raccroché. Il est passé une semaine, aucune d’entre nous n’a appelé l’autre. »
Comment DAD a été a mordu à l’hameçon ?
DAD a été victime de sa jeunesse et de sa naïveté pour vite croire en la fille qui lui fait la cour. Elle explique comment elle est tombée dans le piège : « un jour, elle m’a appelée pour me dire que si je n’acceptais pas de sortir avec elle, elle allait se faire du mal, qu’elle va se suicider. Cela m’a vraiment fait peur. Quand je l’ai appelée, elle n’a pas pris son téléphone. J’ai tout de suite pensé qu’elle s’est suicidée. Heureusement, le lendemain quand je l’ai appelée, elle a décroché et m’a indiqué chez elle. Avant qu’on ne se sépare, elle a dit que si je n’acceptais pas ce qu’elle m’a dit, qu’elle allait terminer ce qu’elle a commencé. Je lui demandé c’est quoi ça ?  Elle m’a montré sa main. J’ai vu qu’elle avait commencé à taillader sa main. Je lui ai demandé si elle est capable de faire cela à cause de moi alors qu’elle est créée par Dieu de la même façon que moi, nous sommes toutes les deux, les mêmes filles. Elle m’a dit que ce n’était pas important tout ça, que l’amour n’a pas de sexe, de couleur ou d’âge. Quand je suis revenue chez moi j’ai beaucoup réfléchi. Deux jours après, elle est venue chez moi. On a beaucoup blagué ce jour-là. Quand elle m’embrassait, je répondais à ses baisers. On se taquinait, on faisait beaucoup de trucs. Et depuis ce jour, j’ai commencé un peu à m’attacher à elle, craignant qu’elle ne se suicide si je la rejetais. »
La déception de son petit ami
L’infidélité de son petit ami dans la ville où elle vivait a aussi facilité à DAD d’avoir une autre orientation sexuelle. «Le jeune était logé chez nous. Je faisais tout pour lui, mais il a eu le culot d’envoyer des filles là-bas en les présentant comme ses cousines. Après j’ai compris que ce n’était pas vrai », ajoute-t-elle.
Draguée par une femme mariée
Deux ans après avoir quitté Conakry, DAD a été convaincue par sa petite amie de revenir dans la capitale guinéenne pour reprendre son bac après un premier échec au Fouta. « Quand j’ai échoué au bac, c’est ma nouvelle amie qui m’a encouragée à reprendre les cours. Elle m’a demandé de venir rester à Conakry et m’a promis de payer les frais de ma scolarité. Je suis venue à Conakry et quand j’ai repris le bac, j’ai été admise. On m’a orientée dans une université publique à Conakry. Mais peu après, elle est partie au Sénégal pour faire son Master. Actuellement elle est en France. L’amour que la fille là avait pour moi me faisait peur. Elle me faisait des choses incroyables. Je ne pouvais même pas penser qu’un homme pouvait faire ça à une fille, à plus forte raison une fille. Elle me donnait de l’argent, faisait tout pour moi. J’ai commencé à avoir peur. C’est ainsi que j’ai rencontré un mec élégant, beau et gentil. On s’est vus une fois, mais je détestais qu’il ne touche même ma main, parce que j’étais trop habituée à la chaleur de la fille. Donc ça ne pouvait pas durer avec lui. »
Sa petite amie étant partie, et détestant l’homme qui a voulu sortir avec elle, Mlle DAD tente de reprendre l’aventure avec une autre femme.  « Un ami m’a mise en contact avec une femme mariée, mais qui est lesbienne. Elle s’intéressait beaucoup à moi, mais elle ne me plaisait pas. Donc ça n’a pas prospéré. […] Actuellement, je sors avec une autre fille qui joue le rôle d’homme », a-t-elle déclaré.
Au début, c’était dégoûtant pour moi…..
Mlle. DAD, devenue accro, trouve du plaisir à avoir des relations intimes avec des partenaires du même sexe. Car pour elle, la femme connait mieux que quiconque le corps d’une femme : «je crois qu’il est plus facile de vivre avec une femme qu’un homme. Parce qu’il n’y a pas quelqu’un qui connait le corps d’une femme plus que la femme elle-même (rires). […] Je ne vois pas d’intérêt d’être avec une personne s’il n’y a pas de plaisir. Au début, je croyais que c’est dégoûtant. Mais je crois quand une fille est propre, ce n’est pas dégoûtant de la l***er. Moi tout ce que je ne supporte pas, c’est une fille sale. Quand une fille est sale, je ne m’approche pas d’elle. Il faut avoir des ongles bien taillés, propres. »
La pratique de l’homosexualité est devenue intense qu’il y a des boîtes de nuit qui n’accueillent que des lesbiennes. « Il y a des boites de nuit ici à Conakry, à Coyah et à Dubréka où on ne trouve que des filles. Donc, on n’y trouve que des lesbiennes », a-t-elle confié avant d’ajouter que beaucoup de femmes mariées sont bisexuelles. « Avant tout, je suis musulmane. Quel que soit ce que je fais actuellement ou ce que je dis, je vais finir par me marier, avoir des enfants. Malgré moi car, je suis obligée. Je le ferai même si c’est pour mes parents, mon entourage. C’est pourquoi il y a des femmes mariées qui sont lesbiennes ? Je connais beaucoup de filles qui sont mariées, mais qui vivent avec d’autres filles. »
Une pratique ‘’pas bonne’’ quoiqu’érotique
Mlle DAD se dit consciente que la pratique n’est pas bonne : «je suis consciente que ce que je fais n’est pas bon. Je le sais. Mais on ne fait pas tout ce qui est bon quand même, que ce soit moi ou une autre personne. »
Quid des Gays ?
« A Conakry, pour vivre gays, vivons cachés ! »
Manu. est un homosexuel Camerounais. Il est arrivé à Conakry il y a une dizaine d’années. Il a fui la persécution dont il était victime dans son pays. Alors que près des deux tiers des pays africains pénalisent lourdement l’homosexualité, la Guinée reste jusque-là un ‘’refuge’’ pour de nombreux gays et lesbiennes de la sous-région. Une virée nocturne suffit pour s’en rendre compte.
Nous sommes ici dans un bar climatisé à Kaloum, quartier administratif de Conakry. Il est 22 heures. Dans ce bar américain aux murs rouges avec un plafond noir, la sono crache l’un des derniers tubes du couple artiste Azaya-Djély Kaba Bintou. Trois hommes souriants qui se déhanchent au rythme de la musique sous le regard d’une clientèle à 75% masculine. C’est vrai ! A Conakry, les homosexuels n’ont pas encore leurs bars où ils peuvent vivre leur différence.
« Il nous faut un night-club dédié aux gays. Là, nous y serons beaucoup plus libres par rapport aux endroits hétéros où il y a des regards bizarres », répond un homosexuel à qui on a demandé si le bar est réservé aux gays et aux lesbiennes.
Les clients sont pourtant étonnamment sages. Un homme caresse le cou de son compagnon. Mais personne ne s’embrasse, ne fricote. Dans la salle, plusieurs travestis, comme Papou, qui refuse de communiquer son nom de l’état civil. Agé de la vingtaine, ce jeune couturier, depuis trois ans, mène une double vie : homme le jour, femme la nuit tombée. Interrogé, Papou, s’est montré volontiers à notre micro. Comme quoi, il assume son état déviant sexuel : « Je m’appelle Papou, on m’appelle aussi « miss de nuit ». J’ai 23 ans ; je me suis aperçu que j’étais homosexuel et j’ai assumé totalement ma situation. Je vais être clair : Je suis gay, homo et je suis fier de l’être. Je suis issu d’une bonne famille où j’ai grandi dans les bonnes conditions. J’avais tout à ma disposition. Je ne vais pas mentir. Mes parents m’ont bien choyé ! Alors que j’avais 15 ans, j’ai commencé à remarquer que les garçons m’attiraient beaucoup. Et puis, au fil des années, mes amis deviennent tous « des filles ». Et je m’entendais mieux avec elles. Et avec la télévision, l’internet, j’ai découvert réellement que j’étais gay de par mon comportement et ma façon de marcher. Déjà certains amis au Lycée me posaient des questions sur mon attitude : « Ah mais Djo, tu es pédé ou quoi ? » J’en avais marre de leur répondre le contraire de mes pensées. J’en avais vraiment marre ! Alors, j’ai décidé d’en parler. C’est à la suite de ma réponse que je vais perdre beaucoup d’amis. Mais peu importe ! Le monde dans lequel j’étais me procurait du bien. Je sortais avec des hommes d’affaires, des hauts cadres, des étrangers de passage à Conakry. Des gens bien quoi ! C’est vrai, mes parents voient cela d’un mauvais œil, mais ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’il y a beaucoup d’homosexuels dans le pays. Même autour d’eux. Certains sont mariés à des femmes respectables et belles mais ils viennent coucher avec moi chaque semaine. Des hauts cadres voire des ministres m’ont pris sous leur aile et ont fait de moi une personnalité indépendante qui ne manque de rien. Je suis bien logé et j’ai une belle caisse.
Aujourd’hui je m’assume complètement, je gagne suffisamment d’argent et je peux dire que tout va bien chez moi. »
C’est vrai tout va mieux pour « Papou ». Mais par contre JPB, un chrétien catholique (pratiquant), homosexuel comme lui, a du mal à concilier sa foi religieuse et son orientation sexuelle. Lorsqu’on l’a interrogé sur la façon dont il vit son homosexualité, Jean-Pierre a d’abord affirmé qu’il est né dans une famille très pieuse. Le jeune homme soutient aussi qu’il se sent toujours mal lorsqu’il se rend à l’église. Ce qui le met mal à l’aise, c’est le discours de son prêtre. « Le prêtre dit que les hommes qui couchent avec d’autres hommes sont en contradiction avec la volonté de Dieu. Il parle de malédiction, d’enfer. Ça me perturbe. J’ai parfois des envies de me suicider », nous confie le jeune BJP.
Communauté des homosexuels :  combien sont-ils en Guinée ?
Selon l’étude de surveillance comportementale et biologique (ESCAOMB) auprès des Hommes ayant des relations Sexuelles avec des Hommes (HSH) réalisée dans cinq villes en 2017, le nombre d’homosexuels en Guinée est estimé à 1423 individus. Une estimation obtenue à partir de la méthode ‘’objet unique multiplicateur’’. Cette étude a concerné 415 HSH dont la majorité (78,2%) sont âgés de 18 à 24 ans, 79,3% sont célibataires et 60% sont des élèves et étudiants.
Si parmi les 415 HSH identifiés, 38,6% sont des homosexuels, 57,6% sont bisexuels, c’est-à-dire qu’ils ont à la fois des partenaires sexuels masculin et féminin.
En Guinée, la pratique homosexuelle attire les jeunes très tôt, le rapport 2017 de l’ESCOMB. La majorité d’entre eux (61,4%) ont commencé à avoir leur premier rapport homosexuel entre 15 et 19 ans. Selon la même étude, si 50,1% ont dit qu’ils voulaient de leur premier rapport, 42,2% affirment avoir été convaincus par leur partenaire, alors que 12,8% en ont été forcés.
Taux de prévalence du VIH/SIDA chez les HSH
En prenant toujours les 415 HSH sur lesquels l’enquête a été menée, le taux de prévalence est estimé à 11,4%, soit 7 fois du taux de prévalence de la population générale (1,7%). Dans ce lot, ceux qui sont âgés de 25 ans et plus sont plus touchés (21,9%). Parmi les cinq villes où l’enquête a été menée, N’Zérékoré détient le plus d’homosexuels touchés par le VIH/SIDA (17,1%). Kankan occupe la 2ème place avec 14,6%, alors que Boké détient 12,1%.
La pression des institutions financières
Dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA, la Guinée reçoit des financements de ses partenaires financiers, notamment la Banque mondiale. Mais n’ayant pas intégré les professionnelles du sexe (PS), les prisonniers, les drogués et les HSH dans le programme de riposte, elle a perdu beaucoup de financements.
 «C’est la Banque mondiale qui nous finance. Ils nous disent que si on ne prend pas en compte ces cibles-là dans l’aspect de riposte contre les maladies pour réduire les problèmes des communautés, ils ne financent pas. La Guinée a hésité et on a perdu beaucoup de rounds parce qu’elle n’a pas pris en compte ces cibles », rapporte le Dr Koulibaly, de l’ONG Fraternité médicale Guinée (FMG), et responsable de formation à Frontières et vulnérabilité au VIH/SIDA en Afrique de l’Ouest (FEVE Guinée). Ce programme couvre neuf pays de l’Afrique de l’Ouest.
Pour le Dr Koulibaly, étendre le programme de riposte du VIH/SIDA aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) vise à protéger la population générale. « Nous avons cinq cibles qu’on appelle les populations clés. Il y a le reste qu’on appelle populations secondaires. C’est sur cette cible que le financement international et national agit pour réduire les problèmes liés à tout ce qui est VIH, hépatite, etc. On a un objectif qui est de protéger nos populations, parce que tu peux ne pas savoir que tu as un frère HSH ou qui fait la sodomie », a fait savoir le spécialiste.
Des hypothèses sur l’origine de l’homosexualité
Selon l’Islam
Selon les religieux, l’homosexualité a été pratiquée pour la première fois au temps du prophète Lût, neveu d’Ibrahim.  « Au temps de Lût, un homme couchait avec un autre. C’est ainsi que Dieu a dit à Lût de sensibiliser sa communauté à cesser cette pratique. Il leur a demandé d’abandonner cette pratique », explique Thierno Alhassane Diallo, imam à Cosa. Dans le livre coranique, les sourates 7 (versets 80-81) ; 26 (versets 165-166), 27 (versets 54-55) ; 29 (versets 28-30) ; 21 (verset 74) et 54 (versets 33-34) évoquent bien cette pratique.
« Homosexualité, c’est une pratique que Dieu a interdite depuis le début et cette interdiction n’est pas encore levée et elle ne sera pas levée jusqu’au jour de la résurrection », prévient l’imam Thierno Alhassane Diallo.
Que disent les chrétiens ?
Comme chez les musulmans, l’homosexualité est aussi condamnée par les chrétiens. Toutes condamnent unanimement cette pratique qu’ils qualifient de « dégradante ».
 Pour le Prêtre Raymond de la Cathédrale Sainte-Marie de Kaloum, c’est le comble de la perversion. C’est une abomination. « Dans Lévitique 18-19 : Dieu a dit : Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination…. Tout comme il est dit, tu ne coucheras point avec une bête, pour te souiller avec elle. La femme n’approchera point d’une autre femme pour coucher avec elle, pour se prostituer à elle. C’est une confusion… ». « Voilà qui est clair » conclura l’homme de Dieu.
D’autres phénomènes sociaux ayant conduit certaines personnes à être homo
Si les réseaux sociaux, les films à caractères pornographiques ont eu leur part de responsabilité dans la propagation de la pratique de l’homosexualité, il y en a qui sont devenus homosexuels en dehors de tous ces canaux.
« On a cherché dans certains pays l’originalité du phénomène HSH. Certains hommes, quand leurs maitresses voient les règles, ils utilisent l’anus. Elles ne continuent pas avec cet homme. Mais puisque celui-ci a pris goût, il finit par s’y habituer. Ensuite il s’intéresse à un ami et ainsi de suite. Au Sénégal par exemple, on regroupe plus de 40 à 50 talibés (élèves coraniques, ndlr) ensemble. La nuit, il y a un plus grand qui s’excite. Il se lève et écarte les jambes du plus petit et il se soulage. Finalement, ils s’y habituent tous. On nous a raconté ceci au Sénégal. Au Niger, il y a certains jeunes qui font la même activité. Et en Guinée, c’est peut-être dans le cas. Souvent c’est au sein d’un même groupe social, professionnel, avec des gens avec lesquels vous montez et descendez ensemble, vous dormez… que les relations se tissent.  Et il suffit que l’un donne le ton… Quand les autres le découvrent, c’est fini !  Tu verras des jeunes qui ont appris comme cette pratique entre eux-mêmes. Personne ne leur a appris », a-t-il expliqué.
Si Dr Koulibaly reconnait que la contamination des MST est possible avec les lesbiennes, le programme de prévention et de prise en charge ne concerne pourtant que les HSH.
Prise en charge des HSH
« Chez nous, c’est la prévention et la prise en charge. La prise en charge, c’est uniquement à Conakry. C’est à Fraternité Médicale Guinée (FMG) et au centre communautaire HSH. Donc, la Banque mondiale a ouvert un centre communautaire pour le traitement et la prise en charge des HSH. Et c’est pour les mobiliser pour éviter qu’ils ne se dispersent. La prévention consiste à faire des sensibilisations (pair éducateur, causerie éducative) et le dépistage. Quant à la prise en charge, elle concerne les consultations, la prise en charge médicale après diagnostic (distribution de médicaments) et tout ce qui est lié à la familiarisation à la connaissance de la maladie. Il y a ensuite la prise en charge psycho-sociale. C’est là où souvent les gens quittent ce milieu-là pour reprendre leur meilleure vie. La prise en charge psycho-sociale, c’est la conscientisation. Quand quelqu’un entre dans cette situation, il est dans un autre monde. »
Grâce à cette prise en charge psycho-sociale, beaucoup d’homosexuels redeviennent hétérosexuels. « Aujourd’hui, ils sont très responsables parce que la majeure partie se marient maintenant et c’est fini. Quand je dis fini, c’est parce que quand quelqu’un aime son enfant, il abandonne petit à petit parce qu’il ne voudra pas que son enfant soit atteint… Donc, il va tout faire pour respecter les règles de prévention.  Il y a des méthodes qui sont en train de les encourager à avoir des activités génératrices de revenus qui réduisent leur impact du VIH. On ne peut pas dire abandon, mais quand tu réduis l’impact du VIH sur toi, tu vas entrer dans le mariage avec une femme. Ça lui permet de sortir progressivement de ce monde », a déclaré Dr Koulibaly.
Le cadre juridique de l’homosexualité en Guinée
En Guinée, l’homosexualité est non seulement interdite, mais punie par la loi. Trois dispositions évoquent ce sujet sans mentionner le mot « homosexualité ».  Selon le code pénal guinéen, coucher avec une personne de son sexe est puni de la même façon que coucher avec un animal.
Mais, c’est un profil bas qu’a adopté la Guinée pour interdire l’homosexualité, selon le coordinateur de l’ONG « les Mêmes Droits pour Tous » (MDT), Adrien Tossa MONTCHO : «par rapport à l’homosexualité, la Guinée a adopté un profil bas. La Guinée a fait preuve de malice pour ne jamais évoquer le mot homosexualité. Vous ne verrez nulle part dans un texte [de loi] en Guinée où ce mot est écrit. C’est de façon insidieuse, malicieuse, cachée que le législateur guinéen a interdit l’homosexualité.  Je m’appuie sur trois dispositions. La première, c’est l’article 274 du code pénal qui, dans son premier alinéa, dit que ‘’tout acte impudique ou contre nature commis avec un individu de son sexe ou avec un animal est puni d’un emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d’une amende de 500 mille à 5 millions GNF ou de l’une de ces deux peines seulement’’. Ça veut dire, soit c’est deux hommes, soit c’est deux femmes. Et c’est déjà ça l’homosexualité. Et on dit que lorsque l’acte est mené avec un mineur, donc une personne de moins de 18 ans, le maximum de la peine est toujours prononcé. Plus loin, cet article 274 dit que ‘’lorsque l’acte a été consommé ou tenté avec violence, le coupable subit la réclusion criminelle de 5 à 10 ans’’. Ce qui veut dire que pour acte d’homosexualité en Guinée, on peut encourir jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Et là, c’est l’acte lui-même qui est ainsi interdit de façon voilée. »
La pratique étant interdite, le mariage homosexuel l’est aussi. «L’autre disposition du code pénal qui va plus loin, sans jamais parler de l’homosexualité, poursuit Adrien Tossa, c’est l’article 319. Cet article, dans son dernier alinéa dit que ‘’tout mariage doit être conclu d’un consentement mutuel libre et volontaire de chacun des futurs époux majeurs de sexe opposé.’’  De sexe opposé, dit tout. Cela veut dire que le mariage homosexuel est interdit en Guinée. Donc les dispositions combinées des articles 274 et 319 du code pénal peuvent me faire affirmer sans ambages que l’homosexualité est non seulement interdite, mais sanctionnée en Guinée. »
Le troisième texte de loi à ne pas reconnaitre l’homosexualité, c’est le code civil. « Le code civil, en son article 280, a parlé des conditions du mariage en disant que le mariage, c’est entre un homme et une femme. Ce qui veut dire que le code civil ne reconnait pas implicitement le mariage homosexuel », conclut-il.
Par ailleurs, faut-il souligner que sur les 415 homosexuels identifiés, 217 sont à Conakry, 73 à N’Zérékoré, 51 à Kankan, 41 à Labé et 33 à Boké.
Il faut retenir que la pédophilie, l’homosexualité, l’existence des gays et des lesbiennes est une réalité dans la capitale guinéenne et dans les villes de l’intérieur du pays. Ces jeunes garçons et jeunes qui roulent dans les grosses cylindrées sont les proies des hommes riches et des hautes personnalités du pays. Ces hommes et ces femmes exposent désormais cette perversion au vu et au su de tout le monde.
Un dossier réalisé par Alhassane Bah en collaboration avec Louis Celestin       



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