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L’Equation Soro ou l’avenir incertain du rebelle en chef (3e et dernière partie)….... L’ambition obsessionnelle.

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Le RDR, tant qu’il est présidé par Alassane Ouattara, est un peu comme l’ANC sous Mandela et même post-Mandela. Dans ces formations, le leader est perçu par les militants comme une sorte de talisman ; un gourou dont les directives sont de véritables fatwas qu’on exécute à la perfection. D’autre part, le lien que les militants entretiennent avec leur formation politique est quasi-ombilical. Le RDR est pour ses militants ce qu’est l’ANC pour les siens, le parti de la libération. A tort ou à raison, comme pour l’ANC, quand on demande à un militant du RDR à qui il doit la liberté et la pleine reconnaissance de la citoyenneté dont il jouit aujourd’hui, il répond spontanément « au RDR ». Certains répondent « à Alassane Ouattara ». Jamais ils ne disent devoir la reconnaissance de tous leurs droits civiques à la rébellion ou même à Guillaume Soro. 
Le parti est donc dans l’ADN des militants de ces formations politiques, et ils ont beaucoup de mal à s’identifier à tout dirigeant qui claque la porte. Ils ont l’impression de perdre leur identité en quittant le parti. Conséquence, nonobstant la popularité de quelque membre influent, son départ ne donne jamais lieu à une saignée au sein du parti. 
Bantu Holomisa (révélation du congrès de l’ANC de 1994 tombé depuis dans l’oubliette) et Julius Malema (devenu une sorte de bouffon entouré d’une poignée de militants qui tentent d’exister à travers l’extravagance vestimentaire et la vulgarité dans le discours) sont de parfaites illustrations qui confirmeraient notre analyse. Le départ de l’ANC pour l’un comme pour l’autre, n’ont nullement ébranlé le Congrès National Africain. 
A ce stade de notre analyse, on pourrait penser le projet présidentiel de M. Soro mort à jamais ; sa carrière politique terminée au plus tard en 2020. Il reste cependant au président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire une autre voie. Celle qu’a suivie Ciryl Ramaphosa, l’actuel président sud-africain. 
Quand Mandela arrive au pouvoir en 1994, Ciryl Ramaphosa est présenté par tous les observateurs comme son successeur naturel. Brillant intellectuel doté d’une intelligence hors pair, Ciryl Ramaphosa était surtout connu comme le patron du puissant syndicat minier, dont le rôle fut déterminant dans les séries de manifestations qui ont souvent paralysées l’économie sud-africaine. Contrairement à Thabo Mbeki, alors moins populaire au sein de l’ANC, parce qu’ayant toujours vécu en exil, Ciryl Ramaphosa bénéficiait du soutien de la base de l’ANC, dont il était l’incontournable Secrétaire Général. Et pourtant, quand Mandela décide de quitter le pouvoir et la scène politique en 1999, c’est Thabo Mbeki, fils de son ami et compagnon de lutte (Govan Mbeki) qu’il désigne pour lui succéder. La surprise est telle que de la base ne l’accepte qu’uniquement par affection pour le fétiche, Nelson Mandela. Pour manifester sa frustration, Ciryl Ramaphosa quitte la direction du parti, sans pour autant claquer la porte de l’ANC. Moins de 20 ans après, quand l’ANC a voulu se reformer et présenter un nouveau visage, c’est tout naturellement que l’on a fait recours à Ciryl Ramaphosa. Après la vice-présidence aux côtés de Jacob Zuma, le natif de Soweto est élu président de la république en Février 2018, 19 ans après que Mandela lui ait préféré Thabo Mbeki. Patience et persévérance. 
Certes des propos déplacés, parfois injurieux, ont été tenus par des lieutenants de M. Soro, qui ne plaident pas en sa faveur. Mais que valent proportionnellement ces écarts de langage et un discours inutilement outrancier de certains de ses lieutenants, vis-à-vis du leadership du RDR et même parfois du président de la République, comparés aux violences réelles (morales et psychologiques) dont ont souffert le président Ouattara et le RDR de la part de Bédié, qui lui a renié sa citoyenneté et tenté de faire de lui et ses militants des apatrides ? Que valent les errements langagiers, somme toute condamnables et déplorables de la « bande à Soro », comparés aux monstrueux plans de gbagbo et toute la gbagbosphère, qui ont massacrés d’innocents ivoiriens par milliers, au seul motif qu’ils partageaient tantôt la même tribu, la même religion et parfois simplement la même famille politique que Ouattara ? Que dire des deux fois où des escadrons de la mort ont été mandatés, par le clan gbagbo, pour attenter directement à la vie d’Alassane Ouattara. Si le président ivoirien a pu trouver des ressources pour pardonner à Bédié et entrer avec lui dans une alliance qui a duré près de 15 ans; s’il a su faire appel à d’extraordinaires capacités de tolérance et de pardon pour libérer les pro-gbagbo qui ont tenté de lui faire la peau à maintes reprises, dont la plus virulente d’entre eux, simone gbagbo ; alors oui, oui il pourrait pardonner à Soro ses dérapages qui s’expliquent par une ambition, certes légitime mais si obsessionnelle, qu’elle devient diabolique. Un proverbe malinké et chinois ne dit-il pas que : « quand on accouche d’un serpent on en fait sa ceinture ». 
Ceci étant, il appartient avant tout à Soro de se montrer plus humble et de bâtir son projet présidentiel dans le temps, en prenant toute la place, fusse-t-elle modeste, que ses ainés (en âge et en politique) voudront bien lui attribuer dans la nouvelle répartition des rôles, qui se fera dans le cadre du nouveau grand parti unifié. Il n’est pas besoin de savoir lire dans la boule de Crystal ni d’avoir fait sciences politiques à Oxford, Harvard ou dans une moindre mesure La Sorbonne, pour parier sur le fait que dans les vingt prochaines années, le président de la république de Côte d’Ivoire sortira vraisemblablement du parti RHDP qui naîtra fin Janvier. Les dernières élections locales et régionales sont en cela un bon baromètre, qui a démontré que le RHDP est un véritable rouleau compresseur. 
En conclusion, s’il est évident que le régime Ouattara peut se passer de Guillaume Soro, il ne me semble pas que ce dernier puisse, à moyen ou même long terme, atteindre son objectif présidentiel en dehors de sa famille politique originelle. Alors Soro choisira-t-il l’option Bantu Holomisa/ Julius Malema en rompant définitivement les liens avec son parti politique? Décidera-t-il plutôt de suivre la voie de Cyril Ramaphosa, en construisant patiemment son projet présidentiel au sein du RHDP? La réponse peut paraître simple, mais le choix dans un sens comme dans l’autre demandera de la part du concerné, une bonne dose de stoïcisme, une masse d’humilité et beaucoup de flegme. 
C’est donc des moments de solitude qui s’annoncent pour Guillaume Soro d’ici le Congrès du RHDP du 26 Janvier 2019. Mais ce n’est rien, comparé à la solitude au sens propre cette fois-ci, qu’il pourrait vivre après 2020, s’il ne faisait pas le bon choix. Ce silence serait alors assourdissant. Si après 2020 il se retrouve dans l’opposition, ceux qui lui soufflent aujourd’hui à l’oreille pourraient se révéler des judas demain. Certains des individus qui font actuellement du zèle à ses côtés, ne se sont rappelés du chemin vers le domicile de Guillaume Soro, qu’après leur éviction du gouvernement, et uniquement, quand il n’y avait plus d’espoir d’être nommé ailleurs. 
 
Said Penda



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