Depuis l’indépendance de la Cote d’Ivoire en 1960, toutes les générations d’Ivoiriens, jusqu’à la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1993, savent que le père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne a voué à la paix un culte absolu au point de l’élever au rang de religion
Le « Vieux », comme nous l’appelions tous affectueusement, ne s’en cachait d’ailleurs pas, puisqu’il disait toujours : « la paix est notre seconde religion ». Plus que le constat d’une situation de fait sur le terrain, cette formule est un vœu cher au Sage de Yamoussoukro qui voyait encore en la paix « le préalable à tout développement ».
Un quart de siècle après sa mort, force est de constater que l’idéal de paix que Félix Houphouët-Boigny a essayé de nous inculquer toute sa vie durant, est un appel à la raison et au bon sens. Pour ne l’avoir pas compris, nous l’avons payé au prix fort : celui d’une décennie de crise, ponctuée par un affrontement postélectoral meurtrier qui a fait au bas mot 3000 morts, et qui a semé dans le cœur des Ivoiriens la haine, la division, la suspicion et la rancœur.
Ce désastre doit, c’est une évidence, à la responsabilité des Ivoiriens, dans leur ensemble, d’avoir pu se produire. Mais, comment nier la part essentielle prise dans l’amorçage et l’explosion de la bombe des fureurs fratricides, par deux des entités les plus en vue du paysage socio-économico-politique du Quadrilatère ivoirien, à savoir les hommes (et femmes) politiques et les médias ?
Au lendemain de la crise post-électorale sans précédent qui a fortement marqué les ivoiriens, la paix est revenue ; et avec elle, un nouvel ordre politique et social, et surtout la volonté de recoudre le tissu social gravement fissuré, de revivre ensemble.
Sous la houlette du président Alassane Ouattara et de la coalition politique du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix), le pays s’est remis en ordre de marche, vers un destin de progrès et d’émergence.
Ici et là, dans les chaumières, les lieux de travail, les rédactions et les chapelles politiques, l’on semblait avoir fait la part du feu. L’on semblait avoir compris le caractère fondamental et indispensable de la denrée qu’est la paix, dans l’élan harmonieux de la nation.
Mais voilà que l’échéance présidentielle 2020 approchant, se ravivent les réflexes anciens de discorde et de division. Et qui retrouve-ton, comme par hasard, dans les initiatives de souffler sur la braise et de radicaliser les différences et les options ? Les politiques et encore eux, les professionnels des médias.
Il urge donc de sonner le tocsin, de tirer la sonnette d’alarme, aux oreilles notamment des acteurs de ces deux catégories de personnes, pendant qu’il est encore possible d’apaiser le climat social et de conjurer le péril qui, hier, a failli noyer et emporter la nation ivoirienne.
Tel est l’objet du présent appel aux médias et aux acteurs politiques, afin qu’ils aient tous à cœur de revenir aux fondamentaux de l’houphouëtisme, dont la paix est la forme la plus achevée.
Aussi, le Forum des Houphouëtistes, conscient que les médias jouent un rôle capital sur la conscience des peuples et l’opinion publique d’ici et d’ailleurs :
- Lance-t-il ici et maintenant un appel puissant, pressant à tous les organes de presse (écrite, audiovisuelle, en ligne, etc...).
- Invite tous les acteurs de ce secteur, à prendre toutes dispositions et précautions nécessaires afin d’aider les Ivoiriens à consolider l’idéal de paix de Félix Houphouët-Boigny qui est une condition sine qua non pour tout développement.
Ces précautions et dispositions auront pour conséquence de :
- Ne pas envenimer la situation, par la provocation.
- Ne pas servir aveuglément les politiciens et acteurs politiques.
- Éviter les scoops hâtifs, « Fake news », « intox » et propos incendiaires.
- Éviter les images qui choquent.
- Éviter les appels à la haine et à la violence.
- Éviter les violences verbales, la désinformation et la manipulation de l’information.
- Parler ou écrire avec pondération.
- Appeler à la réconciliation et au pardon.
- User toujours du ton d’apaisement.
- Se former régulièrement à l’usage des mots qui apaisent et ne pas rechercher systématiquement le sensationnel qui dérange.
- S’inscrire dans le traitement de l’information soumis aux règles de l’éthique et de la déontologie du journalisme.
- Viser, prioritairement, l’intérêt général et l’unité de la nation.
- Demander, enfin et toujours, à tous les acteurs, politiques de privilégier le dialogue, « l’Arme des Forts », la discussion franche et fraternelle, la négociation, la loyale concertation, à l’exclusion de tout recours ou appel à la violence et à la haine.
- Penser et « agir toujours Côte d’Ivoire » et non dans un esprit partisan, égoïste, revanchard, personnel ou sectaire.
- Cultiver en tout temps et en tout lieu, l’amour et la fraternité ivoirienne comme valeurs fondamentales de l’action publique.
Fait à San Pedro le, Samedi 08 décembre 2018
Le séminaire
