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Politique

Editorial :Le serveur de bandji

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Actuellement c’est la foire aux confidents au Parti démocratique de Côte d’Ivoire- Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA). C’est à qui affirmera le plus fort qu’il détient la vraie confidence de Bédié sur son éventuelle candidature à la présidentielle de 2020. « Bédié m’a confié qu’il sera candidat » a dit l’un. « Ce n’est pas vrai ! Je suis son vrai confident et il m’a dit le contraire » a aussitôt contredit un autre. « Menteur ! A moi il a juré qu’il sera candidat » a corrigé un troisième. Comme le dit mon voisin de quartier, « candidature, c’est comme grossesse. On ne peut pas la cacher longtemps. Tchoco tchoco ça va sortir un jour. On ne peut pas être candidat clandestin. » Tout porte à croire que le PDCI-RDA prépare les Ivoiriens à cette candidature. On en parle tellement que lorsqu’elle sera annoncée, elle ne surprendra plus personne. Et le sort en aura été jeté. Juridiquement M. Bédié peut être candidat. Ses partisans disent que physiquement et intellectuellement aussi il le peut. Il appartiendra alors aux électeurs de trancher.
Il y a quelques années quelqu’un avait utilisé l’image du serveur du vin de palme appelé bandji qui avait cassé le canari contenant ce breuvage. Et il se demandait s’il était prudent d’envoyer à nouveau la même personne chercher le bandji. Cela avait irrité au plus haut point les partisans de M. Bédié qui avaient expliqué avec forces détails que le canari s’était cassé parce que le serveur avait été braqué, attaqué par des bandits. Soit ! Mais n’avait-il pas par imprudence ou insouciance pris le chemin où il y avait des brigands, alors qu’il aurait pu en emprunter un de plus sûr que tout le monde lui recommandait ? Ce que nous demandons au PDCI-RDA, est d’analyser froidement les six ans de règne de M. Bédié et les circonstances qui ont entraîné sa chute. Il est tout à fait légitime pour ce parti de chercher à revenir au pouvoir. Mais on n’exerce pas ce pouvoir pour faire plaisir à un homme ou pour calmer son égo. Le sort de millions de personnes dépend de la gestion de ce pouvoir. C’est pour cela que le choix du candidat est primordial. Le PDCI-RDA doit se demander, d’abord, si son candidat est celui qui a le plus de chances de gagner, et ensuite, s’il est celui qui peut gouverner durablement le pays pour le bien de son parti et des citoyens. Nous sommes convaincus pour notre part que M. Bédié ne peut être ni le meilleur candidat, ni le meilleur président pour les temps à venir.
Les partisans de M. Bédié nous diront que s’il veut revenir au pouvoir, c’est parce qu’il est d’un amour débordant pour ce pays et qu’il veut le servir jusqu’à son dernier souffle. D’autres diront pour leur part qu’il n’a simplement pas encore digéré le coup d’Etat de 1999 et qu’il cherche à prendre sa revanche. Je dirais à ses partisans que M. Bédié n’a jamais été aussi utile à la Côte d’Ivoire que dans son rôle de « sage de Daoukro » que tout le monde allait consulter, et qui d’une certaine manière, contribuait à tempérer un tant soit peu les choses. Pour ce qui est de sa revanche, je dirais qu’il l’a prise depuis longtemps, en contribuant à deux reprises à l’élection de M. Ouattara que l’on présentait comme son ennemi, et par les honneurs que ce dernier lui a rendus par la suite. 
Toute la Côte d’Ivoire avait payé le prix de la mésentente entre les deux hommes. Et elle a bénéficié par la suite du fruit de leur réconciliation. Depuis qu’ils sont séparés, c’est à nouveau toute la Côte d’Ivoire qui retient son souffle. Il y a quelques jours une photo montrant mesdames Bédié et Ouattara en train de déjeuner quelque part à Paris avait ravi bon nombre d’Ivoiriens, qui ne sont pas nécessairement de leurs bords politiques, parce qu’ils y avaient vu le prélude à une réconciliation salvatrice pour notre pays entre leurs époux. 
Il y a quelque temps de nombreux Ivoiriens s’étaient pris à rêver d’un tandem Daniel Kablan Duncan-Amadou Gon Coulibaly pour succéder à M. Ouattara. Ce duo avait l’avantage de réaliser cette alternance réclamée par le PDCI-RDA, tout en rassurant les militants du RDR qui rechignaient à faire la passe au vieux parti. Et de plus, ils ont chacun un CV qui fait que l’on peut fonder tous les espoirs en leur capacité à gouverner efficacement le pays. A l’époque tout le monde pensait que l’alternance dont parlait M. Bédié valait pour quelqu’un d’autre de son parti. Et ils sont nombreux à avoir pensé à celui qui fut son Premier ministre avant d’être celui de M. Ouattara et plus tard Vice-président de la république. On comprend maintenant pourquoi M. Duncan est présenté aujourd’hui comme un mauvais militant et qu’il fut hué lors d’un bureau politique du PDCI-RDA sans que M. Bédié ne bronche. L’alternance, c’était pour lui et personne d’autre. En tout état de cause, certains militants du PDCI-RDA devraient cesser de regarder le leader de leur parti comme les membres d’une secte regardent leur gourou, et choisir avec un peu plus de discernement celui qui défendra leurs couleurs. 
 
Venance Konan
 
PS :Dans ma précédente chronique j’avais utilisé le terme « taliban » qui n’a pas été apprécié par de nombreux militants du PDCI-RDA. Je leur présente mes excuses en précisant que je désignais par ce terme, non pas tous les militants du vieux parti, mais les plus extrémistes d’entre eux avec qui tout dialogue est impossible, les BOR si l’on peut dire, à savoir les « Bédié ou rien. »



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