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A l’heure du smartphone, Bédié peut-il être candidat à la présidentielle de 2020 ?

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Pour notre confrère Le Nouveau Réveil, la question ne se pose pas : « la communauté internationale reconnaît en lui une capacité à rassembler les Ivoiriens autour de l’idéal de paix et de démocratie. Si en 2020, après les deux mandats de Ouattara, Bédié veut reprendre du service pour le bonheur de la Côte d’Ivoire, où est le mal ? Surtout que loin d’être un handicap, son âge se trouve être un avantage. A 84 ans, il est très lucide et vif, comme il le démontre chaque fois avec des activités politiques qu’il dirige avec maestria et vision. Il se porte physiquement très bien et l’on peut même dire sans risque de se tromper qu’il se porte mieux que beaucoup d’hommes politiques qui se disent plus jeunes…Bref, pour tout dire, Bédié est apte, il a tous les atouts. » (Le Nouveau Réveil du 12 novembre 2018). Voilà qui est bien dit. Il est vrai que nous sommes au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) où les années n’ont aucune prise sur les corps et les esprits, et où la vraie jeunesse ne commence qu’après 80 ans. Il n’y a qu’à voir les fringants jeunes loups d’au moins 70 ans qui constituent la garde rapprochée de Bédié et qui sont appelés à assurer la relève après lui. C’est donc entendu : Bédié est celui qui a le plus d’atouts pour succéder au Président Ouattara.
Cependant, si légalement, physiquement et intellectuellement il peut être candidat dans deux ans, doit-il pour autant l’être ? Pour ses « talibans », la question n’a pas de sens, et la poser, c’est insulter leur prophète. Certains se sont d’ailleurs déjà mis au travail pour son avènement en 2020. Ainsi notre confrère SoirInfo nous apprend-il dans son édition du 14 novembre que le président du Conseil régional de l’Iffou sillonne en ce moment sa région pour annoncer la bonne nouvelle du retour prochain de Bédié : « Le président Bédié reviendra au pouvoir en 2020. Le travail que nous faisons, nous le faisons pour lui. C’est lui qui nous envoie et c’est pour lui que nous travaillons. » On dirait Jean-Baptiste annonçant l’arrivée prochaine de Jésus.
Au PDCI l’on a sans doute découvert le secret de l’eau de jouvence. Il n’empêche qu’ils sont encore nombreux, les Ivoiriens qui restent persuadés que si les années bonifient l’homme, il arrive cependant un âge où le temps qui passe a des effets beaucoup plus négatifs que positifs sur le physique et l’intellect de l’homme. De plus, M. Bédié a quitté le pouvoir à l’aube de l’an 2000. S’il y revient en 2020, cela aura fait 20 ans. L’histoire recèle peu de cas de personnes étant revenues au pouvoir 20 ans après et qui ont réussi leur « come back ». Surtout si l’on tient compte des conditions dans lesquelles elles ont perdu ce pouvoir. Soyons honnêtes. M. Bédié a exercé le pouvoir de fin 1993 à fin 1999 dans des conditions, difficiles, pour ne pas en dire plus. La preuve en est qu’il l’a perdu dans un coup d’Etat que tout le monde avait vu venir, sauf lui. Avant ce dénouement, le pays était divisé entre un nord et un sud qui étaient au bord de l’affrontement, en raison du fameux concept de l’ivoirité, et la lutte contre la corruption n’était pas d’une efficacité remarquée, pour user d’un euphémisme. On peut penser et dire tout ce que l’on veut de tout cela mais c’est le constat simple que les témoins que nous avons été pouvons faire sans parti-pris. De plus, la Côte d’Ivoire qu’avait dirigée M. Bédié vivait globalement en paix malgré quelques conflits ethniques récurrents liés à des problèmes fonciers. C’est sous M. Bédié que les Ivoiriens ont eu des problèmes avec leur identité et que le pays a connu son premier coup d’Etat ; puis l’on a connu une rébellion armée qui a occupé le nord du pays durant de longues années, des affrontements armés avec notre alliée la France, et en bouquet final, une guerre entre nous Ivoiriens. Tout cela a installé de nouvelles valeurs, malheureusement souvent négatives, chez l’Ivoirien, ainsi que de nouveaux comportements. Pour tout dire, l’Ivoirien d’aujourd’hui est totalement différent de celui que gouvernait M. Bédié il y a vingt ans.
Lorsque je demande à M. Bédié de renoncer à briguer à nouveau le pouvoir, cela irrite au plus haut point ses suiveurs, mais s’ils avaient du respect et de la considération pour leur champion, ils seraient les premiers à l’en dissuader. Pour son image et son honneur. En 2010, nous avons tous vu combien la fin de campagne fut difficile pour M. Bédié. Il ne put participer au dernier débat à la télévision. Ses partisans veulent-ils revoir de telles scènes ou croient-ils qu’il soit possible de faire une campagne à la Bouteflika ou à la Biya en Côte d’Ivoire, c’est-à-dire une campagne où l’on ne voit pas le candidat ? Robert Guéï qui s’était autoproclamé « candidat du peuple » l’a fait et l’on sait ce que cela a donné.
Je crois que le drame du PDCI, tout comme du Front populaire ivoirien (FPI), est qu’ils n’ont pas fait leur autocritique après la perte du pouvoir. Pour eux, la manière dont ils ont été chassés du palais présidentiel n’est rien d’autre que la marque d’une grande injustice à leur endroit. De ce fait, c’est aux autres de s’expliquer, puisque eux n’ont rien fait, et puis des méchants sont venus les bouter hors du pouvoir. Si le PDCI s’essayait à une petite autocritique, il comprendrait que pour l’honneur de Bédié et pour le bien de la Côte d’Ivoire, il serait mieux qu’il ne cherche plus à revenir au pouvoir. 
Venance Konan
Le titre est de la redaction



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