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Politique

Thomas Sankara : De quoi est -il le nom aujourd'hui au Faso

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Ce 15 octobre 2018, on a encore commémoré la mort tragique du Capitaine Thomas Sankara. 31 ans après son holocauste, que reste-t-il de l’homme qui espérait  que son sacrifice sonnerait le réveil de ses compatriotes ?  Il n’a jamais été aussi présent que maintenant : des livres, des chansons, des posters, des spectacles, des articles dérivés et une omniprésence médiatique. Beaucoup d’idolâtrie mais peu d’épigones.
 
 
15 octobre 1987. Conseil de l’Entente. Une après-midi, à  l’heure où le ciel se colore de pourpre, des détonations obligent un groupe d’hommes à se réfugier dans un bureau.  Après un moment, l’un d’eux, Thomas Sankara, se redresse, quitte le groupe et s’engage dans le couloir  à la rencontre de ses assassins. Dans ce court temps, si court et si long, entre la sortie du bureau et la rencontre avec les assassins, on peut imaginer qu’il voit défiler en accéléré sa vie et penser que c’est avec un sourire de triomphateur qu’il accueille la mort. Sachant qu’il a semé une graine qui survivra à sa disparition. N’avait-il pas confié à Valère Somé : «Je mourrai tranquille, car, plus jamais après ce que nous avons réussi à inscrire dans la conscience de nos compatriotes, on ne pourra diriger notre peuple comme jadis » ?
Pendant 27 ans, ses assassins ont mis une chape de plomb sur son nom et ses idées à l’intérieur du pays mais sans jamais réussir à faire barrage à la propagation et à l’enracinement de son  nom. Avec le temps, on a assisté à un retour en force de l’image de Sankara. Certains analystes ont même pensé que les  jeunes Insurgés d’octobre 2014 qui ont chassé Blaise Compaoré du pouvoir étaient ses héritiers. Mais, c’est  un grand malentendu.  Sankara est plus pour cette jeunesse une idole à l’instar du Che,  de Michaël Jackson, une pop star vénérée qu’un modèle qu’on imite.
Il faut dire à leur décharge qu’il n’y a pas eu de travail de mémoire et d’historien sur la Révolution d’août et son leader. Beaucoup d’hagiographies. Et quelques pamphlets. Pourtant un travail d’historien  aurait pu redimensionner la figure de Sankara à hauteur d’homme en y montrant  ses forces et ses doutes, ses victoires et ses erreurs, et cela l’aurait rendu plus abordable. Mais on en fait  un mythe, une sorte de divinité désincarnée. Et il est connu que l’on n’imite pas les dieux, soit on les idolâtre  soit on les apostasie.  Aussi le plus grand tort que les thuriféraires de Sankara lui ont-ils  fait, c’est de l’avoir exilé dans un Olympe inaccessible. Pourtant il s’agissait de donner à voir seulement un homme, mais un homme habité  de conviction et  qui se réalise dans l’action.
Sankara, c’était une volonté d’agir sur le monde. Par les actes. Une praxis faite de pragmatisme et de volontarisme. C’est pourquoi tous les  politiques qui se réclament de Sankara ont été jusqu’à présent incapables d’incarner son combat dans leur quotidien, car on est sankariste dans les actes et non dans les paroles. Etre sankariste, ça devrait simplement consister à  aller au travail à l’heure,  à refuser les compromissions, à respecter  la femme et à défendre le faible. C’est  tenter de rendre  son environnement meilleur. En fait, c’est l’autre nom du bon citoyen.
Aussi se dit-on que Sankara sera une source d’inspiration et non une icône  le jour où  les Burkinabè vont se retrousser les manches pour modeler leur vie au lieu d’aligner un chapelet de jérémiades sur leur sort, attendant une hypothétique aide du Ciel, de l’Occident ou de la providence. Quand les populations sans attendre l’aide de l’Etat-Providence se mettront de nouveau à construire  des écoles, des dispensaires, des caniveaux, des barrages…... Quand  elles croiront à la possibilité d’un autre PPP entendu comme partenariat public/ populations.
C’est  refuser de figer Thomas Sankara dans des blocs de béton à coups de milliards sous  prétexte de sauver sa mémoire en ces moments où l’Etat fait face au terrorisme, où l’offre éducative et sanitaire est insuffisante. C’est savoir distinguer l’utile du futile… Le plus important est de faire vivre le Capitaine dans l’esprit et les actes des Burkinabè.
Faut-il désespérer du peuple burkinabè ? Que nenni ! L’histoire de la Révolution d’août 83 est très récente, et beaucoup de ses protagonistes sont encore là, beaucoup de biais empêchent un travail dépassionné sur cette période et sur son leader. Viendra le temps où des chercheurs et des créateurs aborderont  cette période sans trop de subjectivité et redonneront certainement à Sankara sa dimension d’homme. Ce qui rendra son legs plus abordable et suscitera des  épigones. Et puis, les peuples sont comme des chenilles. Ils traînassent, rampent... Et vient le jour où la chenille se convainc qu’elle peut prétendre à mieux, et là, elle se métamorphose, devient papillon et s’élance à l’étreinte du soleil. Il faut penser que le pays est encore au stade de la chenille et que le papillon adviendra.
 
Saïdou Alcény Barry



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