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Politique

Côte d'Ivoire : La leçon des indépendants aux partis politiques constitués

Publié le :

Le 13 octobre 2018, les ‘’indépendants’’ sont devenus la deuxième force politique nationale au niveau des municipalités, avec une moisson de 28% des circonscriptions, soit 56 communes sur 200 adjugées jusque-là.  C’est beaucoup plus que la moisson réalisée par le PDCI d’Henri Konan Bédié, qui se targue d’être le plus vieux – et sans doute le plus grand – parti de la nation.
 
Si l’on prend le nombre de voix recueillies, les ‘’indépendants’’ récoltent 140.114 suffrages sur 813.742 suffrages exprimés, juste derrière le PDCI qui en a recueilli 186.237.  Sur ce paradigme, ils se placent en 3ème position.  Certes, nous savons tous que ces ‘’indépendants’’ sont loin de l’être, car ils sont tous membres ou sympathisants soit du RHDP, soit du PDCI. Cependant, à cause des manœuvres anti-démocratiques au plus haut niveau de ces partis constitués, qui n’ont de caractère démocratique que le D de leurs sigles – RHDP ou PDCI-RDA -, n’ont eu d’autre choix que de se présenter à cette élection, avec témérité, sans l’aval de leur parti, en tant qu’indépendants. 
 
En effet, nombreux sont ceux qui, au vu de l’incompétence des maires sortants, ont voulu légitimement se présenter sous la bannière du RHDP, en déboulonnant les anciens que les populations avaient vomis.  Mais le parti n’en a eu cure : il s’est entêté à reconduire intégralement tous les maires sortants sortis de ses rangs, parfois au mépris souverain des élections primaires tenues dans certaines localités pour départager les candidats à la candidature.  Ceux des nouveaux aspirants au poste de maires ou de présidents de région qui voulaient maintenir leur candidature malgré tout, ont tout simplement été menacés de renvoi de leurs postes nominatifs actuels. Il n’est rien de plus anti-démocratique que ces manœuvres d’intimidation indignes d’une république moderne et policée.  L’ambition est légitime.  Se présenter au suffrage de ses parents est tout aussi légitime. 
 
Dans les lois de la république, rien n’empêche un cadre lambda à briguer la mairie de sa région, ou d’une autre, ou d’un conseil général.  Tel que l’État est organisé, seulement les caciques, c’est-à-dire les anciens maires et présidents de région, déjà connus au sein des appareils des partis politiques, peuvent aspirer à briguer de nouveaux tous les postes électifs.  Rien n’est prévu pour ceux qui n’ont jamais exercé une fonction élective, rien du tout.  Aucun cadre neuf ne peut émerger ; si l’un d’eux veut lever la tête et la sortir de l’eau, on lui tape dessus avec une massue, pour qu’il se noie !  Ceux qui refusent de se noyer, on menace de les éjecter de leur fauteuil où ils ont échu à la faveur d’une nomination.
 
Les téméraires qui y sont allés en ‘’indépendants’’, une fois qu’ils ont gagné, s’ils remettent leur élection entre les mains de leur parti, ne sont jamais renvoyés, ni radiés.  Toute honte bue, la direction du parti les réintègrera, sans état d’âme.  Pourquoi ne pas pratiquer la démocratie tel que le sigle des partis le proclame ?  Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix et Parti Démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement Démocratique Africain devraient bien signifier quelque chose.  Mais il n’est rien de démocratique dans aucun de ces partis, car seul le chef impose sa vision et tous les militants sont invités à la boucler.  On appelle cela ‘’la discipline’’ du parti.  Même en classe, le professeur n’aspire nullement à un tel silence, car il accepte bien volontiers les questions.  C’est du totalitarisme !  Si un militant de longue date dit autre chose que ce que le chef a proclamé, on le suspend ou on le radie, sans autre forme de procès.  On le hue lors des bureaux politiques chaque fois qu’il prend la parole, comme dans la cour des écoliers.
 
Sur la liste des 56 maires ‘’indépendants’’ élus, j’en compte bien entre 25 et 30 qui sont sortis directement des rangs du RDR.  Personne ne doute qu’ils seront accueillis à bras ouverts au sein du RHDP s’ils venaient remettre leur victoire à Kandia Camara, la même secrétaire générale du RDR qui menaçait de renvoi de leurs postes nominatifs ceux des cadres du parti qui voulaient y aller en ‘’indépendants’’.  Certains ont eu peur de perdre leur poste pour des mairies à faibles revenus et budgets et sont rentrés dans les rangs. Mais ceux qui n’avaient jamais été nommés, et qui ne devaient rien au président Ouattara, car ils étaient de simples fonctionnaires, y sont allés en ‘’indépendants’’ et ont parfois laminé les maires sortants, malgré le parrainage du RHDP, dans des régions du nord totalement acquises au RDR.  Le nom du parti seul ne suffit plus ; le candidat aussi doit avoir de l’étoffe ou un bilan reluisant à défendre.  La tactique insipide qui consiste à reconduire tous les anciens, malgré le bilan totalement négatif de certains d’entre eux, est un mépris souverain pour les populations qui les ont subis pendant cinq ans.  Et ces populations ont démontré qu’elles ne sont pas du bétail électoral et qu’elles n’appartiennent pas au RDR ni au RHDP.  Elles ne sont la propriété de personne.  Il faut les convaincre avec un candidat et un programme crédibles.  C’est pourquoi elles ont fait la leçon aux décideurs politiques logés à la Rue Lepic ou à Daoukro, qui ne connaissent rien à leur quotidien, et qui méprisent souverainement leurs souffrances, en leur imposant tous les 5 ans, les mêmes maires qui ne sont pas du tout performants.  Ces braves populations ont pu s’émanciper du diktat des partis constitués pour hisser de nouvelles têtes à la tête de leur commune, sans aucune étiquette politique.  Si seulement cette leçon pouvait être comprise à Daoukro et à la Rue Lepic !
 
Dr Famahan SAMAKE.
 
 



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