Le torchon brûle à Port-Bouët entre le candidat du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) aux élections municipales 2018, Siandou Fofana et celui du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) Emmou Sylvestre. Chaque camp s’autoproclame vainqueur du scrutin qui, selon la Commission Electorale Indépendante (CEI) est annulé suite à des disfonctionnements.
La commune de Port-Bouët (Sud d’Abidjan) a été mouvementée lors des municipales 2018 en Côte d’Ivoire. Tout est parti d’un retard à l’ouverture de certains bureaux de vote le 13 octobre 2018, jour du vote, faisant basculer la cité dans un climat tendu conduisant au non-dépouillement de près de 144 urnes du bureau 1 de la CEI.
Certaines langues affirment que ces urnes ont disparu au soir des élections quand d’autres disent qu’elles ont été détruites par des individus non identifiés.
Du coup se basant sur les compilations issues du centre locale de la CEI 2 chaque camp s’auto-proclamme vainqueur avec des arguments à l’appui. Mais pour l’organisateur des élections en Côte d’Ivoire, les municipales à Port-Bouët sont annulées et doivent être reprises. Une nouvelle pas appréciée par les candidats RHDP et PDCI.
Le camp Siandou Fofana accuse la présidente de la CEI 1, Hortense Koudouho de ne pas avoir fait son travail vu le démarrage tardif du scrutin dans sa zone. « Si dans certains centres, c’est aux alentours de 14 heures que le scrutin a démarré, dans d’autres, le scrutin n’a pas pu se tenir du tout », a expliqué le camp RHDP.
Aussi, la présidente de ce centre est accusée de laxisme en brillant par son indisponibilité le jour du scrutin. Et selon le directeur de campagne Marcel N’Guettia, elle a été surprise faisant des procès-verbaux favorables au camp Sylvestre Emmou.
Mais pour le directeur de campagne, les procès-verbaux en leur possession malgré ces irrégularités, porte le candidat RHDP vainqueur avec 68,7%.
Du côté Emmou Sylvestre candidat PDCI, les urnes dites vandalisées le jour-j ont été retrouvées et conduites à la CEI en bon état. Il faut selon lui, faire les compilations pour trouver le gagnant et non reprendre le scrutin comme le prévoit la CEI.
« Les bureaux n’ont pas été ouverts parce que la CEI n’y a pas déployé d’agent. Alors on ne va pas imputer la faute de la CEI à des candidats. Surtout que c’est 19 sur les 277 bureaux de vote qui n’ont pas ouvert », a confié le candidat Emmou à la presse le mardi 16 octobre 2018 à la CEI locale des II Plateaux à Abidjan Cocody.
Emmou Sylvestre s’est en effet rendu à la CEI ce 16 octobre en vue d’apporter ces éléments au vice-président de l’institution, Gervais Coulibaly. Candidat PDCI aux municipales de Port-bouët, il estime qu’il ne devrait pas avoir d’annulation du scrutin. Simplement parce que, le report a été justifié par la CEI par le fait qu’on ne pouvait faire de compilation à la CEI 1 parce que les PV auraient été détruits, précise-t-il.
« Or aujourd’hui, la présidente de la CEI 1 nous a informé qu’aucun PV n’a été détruit et que tout était en place. Nous sommes venus voir le vice-président pour savoir si les compilations pouvaient se faire. Et là, il a indiqué s’en remettre à la commission qui a décidé de l’annulation. Le vice-président de la CEI locale a donc fait convoyer les urnes et les PV par des gendarmes. Ces documents sont présents et on refuse de les réceptionner. Tout cela nous fait penser à une mascarade », poursuit le candidat PDCI.
Pour lui, il est clair qu’il a remporté ces élections avec 53% des voix contre 31% pour le candidat RHDP. « On ne peut pas nous dire aujourd’hui que ces élections sont invalidées pour manque de procès-verbaux. Nous lançons un appel au président de la CEI afin qu’un décompte soit fait pour sortir de ce contentieux », a souhaité le candidat Emmou.
Larissa Gbaguidi