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Politique

Côte d'Ivoire : Mon regard sur les élections locales 2018

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De prime abord, le moins qu'on puisse dire est que la CEI n'a pas su rassurer et convaincre la communauté nationale. Ensuite, force est de constater, que la division persiste au sein du corps social. Son existence précède la tenue du scrutin qui n'a fait que révéler son étendue et sa nature. La réconciliation n'est pas au rendez-vous, car minée par la nouvelle fracture qui s'est ouverte au RHDP dans la perspective électorale de 2020. Celle-ci polarise et capitalise le résiduel de l'ancienne fracture qui subsistait. Enfin, ces élections ont confirmés le déclin des partis politiques , dont les méthodes autoritaires et arbitraires sont désormais discutées (56% d'indépendants).
 
En considérant la totalité du vote sur l'étendue du territoire National, du point de vue de l'observation statistique (nombre de foyers de tension, de cas de violence et de contentieux, rapporté aux nombre de bureaux de votes, de communes et de régions), nous pouvons dire que dans l'ensemble, l'ancrage de la démocratie se poursuit vers sa phase de maturité. Toutefois, les comportements répréhensibles qui subsistent ici et là, contrarient ce mouvement de consolidation, déjà mis à mal par la crispation sociale et les antagonismes politiques. L'atteinte de la maturité ne se fera pas sans écueils. Le comportement des acteurs du processus (candidats, militants, CEI, électeurs,partis politiques et leaders d'opinion) déçoit grandement encore. La CEI ne tue pas, ne distribue pas d'argent,ne dicte pas le comportement des militants et des candidats et ne tient pas de discours anti-républicains ou incendiaires . La responsabilité des autres acteurs de la transition démocratique et du processus électoral doit être retenue dans cet état de faits. Cette dimension socio-politique et culturelle lui échappe. C'est une question de responsabilité, de maturité politique et de culture démocratique.
 
En l'état la perspective de 2020, nous impose une batterie d’actions pour corriger rapidement notre système électoral, intensifier la formation militante et la sensibilisation des populations, approfondir le consensus sur les règles et conduites démocratiques à tenir. A ce propos, j'adresse mes félicitations aux perdants qui ont reconnu, sans attendre la proclamation des résultats, leur défaite, particulièrement aux premiers d'entre eux, le Maire de Divo, le Ministre Lobognon et le Maire de Bondiali. Nous devrions tous en prendre graine, car en réalité après le dépouillement des bureaux de vote auxquels assistent leurs représentants respectifs, tous les candidats sont situés sur leur sort. La contestation lorsqu'elle doit exister , et qu'elle est sérieuse et justifiée, ne s'exerce pas dans l'espace public ou dans les bureaux de vote, mais suivant la règle de droit et les voies de recours ouvertes à cet effet. Les troubles résultant des contestations est le fait des candidats et des militants, qui procède d'un procès d'intention et d'une défiance à l'égard de la CEI. Dès lors, celles-ci s'analysent sous la forme déviante qu'ils ont choisie (violence, sitting, casse) comme une résistance à une tentative de fraude, alors que celle-ci est présumée jusqu'à ce qu'elle soit prouvée et établie par le droit.
 
J'en ressors donc avec un gout quelque peu amer et très déçu, en espérant vivement qu'il y aura des poursuites judiciaires contre les auteurs impliqués dans les crimes perpétrés ici et là (Lakota, Abobo, Séguela, etc.), contre la violation des textes, les faussaires, les fraudeurs et personnes armées appréhendées sur les lieux de vote ou dans ses environs, contre les diffuseurs de fake news visant à exacerber le climat de tension, les auteurs des discours d'appel à la discrimination ethnique et surtout certains responsables des CEI locales, notamment de Port-Bouet et du Plateau pour leurs comportements fautifs. Par ailleurs, la population du plateau ne dépasse pas 6.000 habitants de résidents effectifs ( chiffre approximatif), il n'est absolument pas normal que la liste électorale de cette commune, puisse enregistrer dix fois plus d'électeurs, soit 60.000 personnes. Des explications sont nécessaires à ce niveau, et la CEI centrale ne peut pas ignorer cette anomalie flagrante et les dispositions du Code Électoral (Art.9) mérite d'être rediscutées, en ce qu'elles peuvent permettre la fraude sur les listes. Nous ne devons pas laisser l'impunité et les mauvais comportements s'installer dans la vie élective. Lorsqu'il y a dysfonctionnement, il faut situer les responsabilités et sanctionner. Lorsqu'il y a violation à la Loi, il faut identifier les auteurs et les sanctionner quels qu'ils soient. Il nous faut dissuader les mauvais comportements et réprimer les actes délictueux pour protéger notre système électif.
 
La lenteur de la proclamation des résultats par la CEI Centrale n'est plus acceptable. Cette faiblesse est à l'origine de la crise de 2010, et elle persiste toujours, alors que beaucoup de pays africains font mieux, avec moins de moyens. C'est inacceptable. Par ailleurs, la RTI devrait jouer un rôle plus actif et plus productif durant les élections, pour décomplexifier certains mécanismes, éclairer correctement l'opinion sur le déroulement du processus et la survenance de certains événements, rappeler les règles, ouvrir des débats et leur chaîne aux observateurs et aux candidats. Cette absence cumulée à la lenteur de la CEI, permettent la circulation de fausses informations et nourrissent la tension, faute d'une institution de régulation sociale, comme il en existait dans nos sociétés traditionnelles. Nous devons arriver à la phase arbitrale dans un climat déjà apaisé, pour éviter que cette dernière ne produise pas tous les effets escomptés et qu'elle se déroule dans la sérénité, dont elle a besoin pour mener ses investigations et analyser les preuves qui lu sont soumises. En revanche, le dispositif préventif de crise et d'alerte, n'a pas bien fonctionné pour désamorcer à temps les tensions ou les conflits dans certaines communes (Plateau, Bassam, Lakota, Port-Bouet). L'exploitation de la bibliothèque des cas, dans laquelle devrait figurer le recensement des techniques de fraude et de sabotage des scrutins précédents , n'a pas été suffisante, pour prévenir leur reproduction (exemple le refus de signer les PV, dès lors qu'un candidat se rend compte qu'il est en train de perdre. Cette défaillance volontaire aux fins de vicier le processus, connue depuis 2010, devrait permettre de transporter sur les lieux un huissier de justice non seulement pour attester de l'authenticité et de la sincérité des PV en question, mais également pour délivrer une sommation interpellative aux représentants ayant refusé sans motif valable de signer lesdits PV, pour permettre de les inculper par la suite (tentative de fraude et action portant atteinte à l'ordre public et à la paix sociale, par exemple)
 
J'adresse toutes mes félicitations aux heureux élus, en les invitant à se mettre résolument au services des populations qui leur ont accordé leur confiance. L'échelon décentralisé, ne jouit pas encore de moyens conséquents. Il vous faudra imagination et partenariat privé et extérieur, pour engager des initiatives de transformation, mais la volonté de servir ne devra jamais vous faire défaut, car il existe toujours des solutions innovantes. Il vous appartient de faire vivre localement la démocratie participative et d'assurer le relais de notre développement en direction des populations. L'Etat devra approfondir la décentralisation, pour assurer l'efficacité des instruments de proximité en vue d'amplifier son action sociale, et permettre aux régions de pouvoir se développer par elles-mêmes , avec leurs atouts et leurs ressources propres. L'Etat doit transférer des compétences avec les moyens qui vont avec. Le développement local ne doit plus dépendre de la volonté du pouvoir central ou de l'appartenance politique, comme l'a affirmé Mme Camara  Kandia et à moindre degré, M. Hamed Bakayoko , voire le Premier Ministre Gon, qui ne pouvaient pas mieux traduire cette triste réalité (relations personnelles, copinage, favoritisme politique, passe-droit). La décentralisation doit être inscrite dans la Loi et le Budget de l'Etat, de manière républicaine dans l'intérêt général de la Nation. Il s'agit du bon fonctionnement de nos institutions et de notre organisation structurelle. Celles-ci ne doivent pas être l'otage du politique et doivent bénéficier de la neutralité de l'état et d'un accompagnement efficace de sa part. Ceci accélérerait la création de pôles de développement à l'intérieur du pays, au bénéfice de nos populations.
Hamed Koffi Zarour 



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