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Mémorial Thomas-Sankara : Vive émotion autour d'une première pierre

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L’aventure, si on peut l’appeler ainsi, a commencé en 2016 lorsque desleaders d’opinion, des acteurs de la société civile et des insurgés décidentde mettre leurs forces en commun pour réaliser un rêve : faire revivre lecapitaine Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987, ce, à travers laconstruction d’un mémorial. Deux ans après, le rêve de ces hommes,que certains ont certainement traités de fous, est en passe de devenirune réalité : en effet, en cette année 2018, à l’occasion du 31eanniversaire de la mort du leader de la Révolution d’août 1983, lapremière pierre du monument à lui dédié à été posée au Conseil del’Entente dans une ambiance empreinte de vives émotions. Récit !
 
C’est donc à ça que ressemble le Conseil de l’Entente, ce lieu macabre dont nous avons si souvent entendu parler ! Au fur et à mesure que nous avançons sur ce terrain inconnu, un sentiment indescriptible nous envahit. Une chose est de passer tous les jours devant les portes closes des locaux qui abritaient autrefois cette organisation sous-régionale, et une autre est de fouler le sol où le drame a eu lieu. Difficile de ne pas tenter d’imaginer ce qui s’y est véritablement passé le 15 octobre 1987 lorsque le président Thomas Sankara et ses douze compagnons ont été assassinés. Dans cette vaste cour laissée depuis si l’on longtemps à l’abandon et envahie aujourd’hui par de hautes herbes, on remarque tout de suite ces vieilles voitures, témoins silencieux de l’histoire, qui, couvertes de poussière, sont restées garées à leur place d’antan. A côté, des véhicules blindés aux pneus complètement crevés. Face à ce spectacle, nous ne pouvons que réaliser la chance que nous avons de voir ce lieu avant sa rénovation.
 
« Le granit est dur, mais Sankara mérite que l’on se donne autant depeine »
 
Assise parmi les hommes et les femmes qui ont fait le déplacement pour assister à la pose de la première pierre du Mémorial Thomas Sankara, organisée dans le cadre des activités du 31e anniversaire du décès de Thom Sank, je pouvais facilement percevoir la vive émotion suscitée par les témoignages (voir encadré). « Ce jour nous donne l’occasion de commémorer le sacrifice ultime que le président du Conseil national de la Révolution d’août 83 a accepté d’assumer avec lucidité, courage et dignité. Les rectificateurs, à coup de déclarations mensongères et de promesses non tenues, ont tout mis en œuvre pour non seulement salir sa mémoire mais aussi le rayer de l’histoire de la marche radieuse de notre vaillant peuple. Cette journée doit être vécue comme un jour d’espoir, et nous ne le noircirons pas davantage avec des propos tristes et amers », a déclaré Bernard Sanou, président du Comité international Mémorial Thomas Sankara, la voix émue. « Cette cérémonie est la matérialisation concrète du réveil du phénix afin que tous ses héritiers, de par le monde, aient un lieu de rencontre, d’inspiration et de ressourcement dans l’idéal du camarade président », a poursuivi le colonel, ajoutant que cet espace serait un environnement de créativité ouvert à tout homme épris de justice… 
Selon ses explications, le choix du site a été fait au cours du colloque international tenu au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) en octobre 2017 avant d’être validé officiellement par le gouvernement. Un élément qui sera d’ailleurs relevé, de manière assez insistante, par le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Abdou Karim Sango. A son avis, cette activité traduit l’engagement des autorités politiques à la réalisation de cet ouvrage. « Rien que ce matin, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a encore rendu, sur son compte twitter, un hommage à Sankara, exprimant son engagement à œuvrer pour l’aboutissement de la justice dans le dossier de son assassinat », a-t-il annoncé. Dans la foulée, il dira que, sur le site touristique de Laongo, où se tient le symposium, un sculpteur sénégalais lui a confié qu’il travaille à rendre hommage au panafricaniste qui a sacrifié sa vie pour la dignité de l’homme noir. D’après ses propos, l’artiste lui a dit : « Le granit est dur, mais Sankara mérite que l’on se donne autant de peine ». Pour terminer, le successeur de Tahirou Barry a souhaité que cet ouvrage, qui n’est pas de trop à son goût, ne ressemble pas à ces nombreux projets sans lendemain qui pullulent sur le continent.
Cette cérémonie, a aussi été l’occasion pour Charles Tiendrébéogo, journaliste à radio Burkina, de procéder à la dédicace de son livre « Thomas Sankara : témoignages en toute vérité » dans lequel vous pourrez voir les déclarations de ceux qui ont vécu la Révolution. Comment elle a été préparée ? Comment elle a été conduite et de quel projet elle se nourrissait ? Vous le saurez en déboursant la somme de 5 000 francs CFA. 
Zalissa Soré
 
 
Encadré 1
Difficile de ne pas avoir les larmes aux yeux
 
Faire ce témoignage devant le bâtiment où le capitaine Thomas Sankara a perdu la vie lui aura demandé beaucoup d’efforts et de courage. A tous ceux qui l’écoutaient il était difficile de ne pas avoir les larmes aux yeux. C’est vrai, plusieurs fois, nous avons entendu ou lu la façon dont les évènements se seraient déroulés, mais cette fois-ci, c’était différent. Etait-ce le fait d’être face à l’immeuble à l’intérieur duquel le camarade président recevait, dans la première salle à droite, de petits groupes de travail ou le fait d’imaginer comment s’est produite la scène ? Nous ne saurions le dire. Mais, selon le Colonel Bernard Sanou, ce jour-là, le leader de la Révolution avait une réunion avec quelques camarades pour échanger sur un certain nombre de dossiers. « Lorsque les assaillants sont arrivés, ils ont crié « sortez, sortez ! ». Le président Sankara a alors dit aux autres de rester, car c’est lui qu’ils veulent. Il s’est levé, et à peine sorti du couloir que vous voyez, il a été abattu. Il en fut de même pour les autres », nous a raconté celui que Thom Sank appelait affectueusement camarade gringo. « Je ne sais pas si les attaquants étaient drogués, mais ce qui est sûr ils ont vidé leurs chargeurs… Nous avons demandé aux architectes de préserver ce bâtiment. Il sera rénové, et à l’intérieur, dans la salle de réunion, nous allons faire, à l’image du Christ, une représentation du capitaine et de ses douze compagnons », a-t-il eu la force d’ajouter avant de laisser le micro et d’aller dans l’autre sens, nous cachant ainsi ses larmes.
Z.S.
 
 
Encadré 2
« Tahirou Barry a voulu que le monument soit fait au Burkina et par des Burkinabè »
 
Selon les explications de l’artiste Jean Luc Bambara, premier responsable de l’Espace culturel Barso, le mémorial est symbolisé par une statue géante de cinq mètres en ronde bosse représentant le capitaine Thomas Sankara et entièrement réalisée en bronze patiné à travers la technique de la cire perdue. La statue estmontée sur un socle en béton de trois mètres de haut en forme pyramidale à quatre faces comportant sur chacune d’elles trois des douze bustes en haut relief (comme une photo d’identité) de ses camarades. La hauteur finale du monument sera de huit mètres. « Cette œuvre a été réalisée par l’Espace culturel Barso que je dirige et qui occupe en son sein plus d’une cinquantaine d’artistes plasticiens professionnels », a-t-il indiqué. En effet, selon la petite histoire, l’ancien ministre de la Culture Tahirou Barry avait voulu que le travail soit fait au Burkina et par des Burkinabè. « Son vœu a été exhaussé, car aucune expertise étrangère n’y est intervenue. Tous les artistes qui ont travaillé avec nous sont venus des quatre coins du Burkina », s’est réjoui le sculpteur.
Z.S



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