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Politique

Limogeage de Kéléfa Sall : Une bagarre judiciaire sur fond de velléité d’un 3e mandat pour Alpha Condé

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Après la célébration fastueuse du 60e anniversaire de l’indépendance de la Guinée, le 2 octobre dernier, l’on pensait que les tensions retomberaient au lendemain de ces festivités. Erreur ! Car, rien ne va plus au sein du Conseil constitutionnel et pour cause : le limogeage du président de cette institution, Kéléfa Sall, suivi de son remplacement immédiat  par le vice-président, Mohamed Lamine Bangoura, qui fait couler beaucoup d’encre et de salive en Guinée. Car, en plus du juge Sall qui a promis de se battre parce qu’estimant que son limogeage n’a pas respecté les règles de droit, l’opposition et quelques OSC ont pris fait et cause pour lui. Ces dernières ne croient pas aux raisons de « mauvaise gestion financière » invoquées par le pouvoir pour le démettre de son poste. Elles y voient plutôt des manœuvres politiques pour faciliter une modification de la Constitution en vue de permettre au président Condé qui semble vouloir  rester au pouvoir au-delà des délais constitutionnels, de briguer un 3e mandat. L’opposition et les OSC sont d’autant plus convaincues du bien-fondé de leur combat, que le désormais ex-président de la Cour constitutionnelle avait mis Alpha Condé en garde contre tout tripatouillage de la Constitution pour s’ouvrir le boulevard d’un 3e mandat. Et depuis lors, l’homme était en froid avec le Pr Condé. Sans
donner le blanc-seing à Kéléfa Sall, l’on peut dire que ceux qui le soutiennent, luttent pour une cause juste et noble. Sous nos tropiques, il est de notoriété publique que tous ceux qui s’opposent au projet de patrimonialisation du pouvoir des princes régnants, deviennent de facto des  ennemis à abattre.
Le limogeage de Kéléfa Sall doit lui servir de leçon
Si Kéléfa Sall s’était montré favorable aux velléités du président Condé de prolonger son bail à la tête de l’Etat, après son deuxième mandat qui prend fin en 2020, peut-être qu’on n’en serait pas là. Et si Condé était vraiment attaché à la justice, les auteurs de crimes économiques et de sang, notamment ceux qui ont été à l’origine des massacres du 28 septembre 2009, n’auraient plus eu la possibilité d’arpenter les rues  de Conakry. Ils seraient tous jugés et incarcérés à l’heure actuelle. En vérité, en limogeant le magistrat Sall, Condé cherche à rabattre le caquet à tous ceux qui pourraient s’opposer à ses ambitions  « pouvoiristes ». Ce limogeage n’est ni plus ni moins qu’un message pour dissuader tous ceux qui seraient tentés de crier haro sur son projet de tripatouillage de la Constitution. Mais qu’il se le tienne pour dit : il a certes assené un uppercut à Kéléfa Sall, mais ce dernier ne se laissera pas faire. Et il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’opposition  qui est vent debout depuis des années contre sa manière de gérer le pays, se dressera comme un seul homme contre ce funeste projet qui n’aurait pour conséquence que de piéger
l’alternance en Guinée. En tout cas, il ne pourra pas assassiner aussi facilement la démocratie en Guinée comme on envoie un mouton à l’abattoir pour l’égorger. Il est évident que la société civile qui a déjà annoncé la couleur, ne lui servira pas un 3e mandat sur un plateau d’or. Cela dit, si on en est arrivé là, c’est parce que la Guinée de Sékou Touré, comme bien des pays de l’Afrique de l’Ouest, a opté pour un régime présidentiel qui concentre tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme, le chef de l’Etat.  Ce régime qui n’est autre que l’héritage du colon, sert plus les intérêts des dirigeants africains que ceux des peuples au nom desquels ces derniers prétendent agir. A la vérité, le peuple n’est pour eux qu’un marchepied pour accéder au pouvoir. C’est pourquoi il est bon d’encourager les pays africains à opter pour le système anglo-saxon, notamment américain où le président ne peut se permettre certaines lubies. Des pays comme le Ghana qui ont compris cela, enregistrent des résultats forts appréciables en termes d’enracinement de la démocratie, de développement économique et social.  Et tant que les autres pays ne lui emboîteront pas le pas, ils continueront à naviguer à vue. Et tout président pourra limoger le président de la Cour constitutionnelle de son pays si ce dernier ne fait pas son affaire. Mais à quelque chose malheur est bon. C’est peut-être l’occasion pour Kéléfa Sall, de faire son introspection. Lorsqu’on dirige une institution comme la Cour constitutionnelle, l’on doit se montrer irréprochable à tout point de vue.  Sa gestion a-t-elle été clean ? Seul lui  le sait. En tous les cas, il lui appartient de prouver à la face de la nation guinéenne qu’il a toujours été droit comme un i et que tout ce qui lui arrive aujourd’hui est le résultat de son  refus de cautionner l’infamie qui se prépare. Et rien d’autre.
Dabadi ZOUMBARA   
 



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