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Politique

Quand le fou chante au village on le traite de fou, mais arrivé au champ on reprend ses chansons

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C’est surprenant d’entendre certains dirigeants politiques déclarer que certaines alliances nouées par les autres sont condamnables, un crime lèse-majesté de nature à réveiller les morts ; dans leur entendement ils sont ennemis et doivent le rester pour toujours. On retrouve la même rengaine en Europe quand le Front national en France est au deuxième tour des élections et crée une alliance de façade entre la Droite et la Gauche. Diantre ! Ces partis politiques et leurs militants vilipendés sont-ils des martiens ? Les dirigeants de ces partis et leurs militants sont des ivoiriens, ayant la nationalité ivoirienne qui ont des liens amicaux et fraternels avec ces adversaires. Ils ne sont pas des apatrides, ni des bétails électoraux. En Afrique les élections se terminent sur des contentieux inextricables à cause de ce genre de raisonnement. Les propos au vitriol, populistes sont antidémocratiques qui ne font que polluer plus une atmosphère déjà malsaine. Celui que sa philosophie politique est à la base de la doctrine houphouëtisme n’avait pas trouvé humiliant et dégradant d’être l’adversaire du président du FPI en 1990. Je suis sûr qu’il s’établirait une alliance avec lui s’il y avait un deuxième adversaire plus coriace. « La politique est la saine appréciation des réalités du moment », dit l’adage. L’arène politique est faite de coups violents et assassins qui font perdre la pédale de ceux qui se battent. On a vu des frères, des originaires de la même région devenir des ennemis parce qu’ils ne sont pas du même parti.
 Pauvre Afrique où la démocratie est mal comprise et mal exercée, un simple adversaire devient un ennemi, on aurait tout vu ! En agissant ainsi contre les alliances avec des propos acerbes, on donne l’impression de s’est laissé rafler une mise qu’on convoitait : pourquoi les deux sont unis et contre moi, et non le contraire. On feint souvent de voir la réalité en brocardant ces alliances d’intérêts ; on voit en elle un adversaire redoutable. 
L’amour et la solidarité, qui ont permis de vivre dans une stabilité apparente, ne doivent céder la place dans notre cœur la haine et la répugnance, parce que nous sommes devenus adversaires pour un poste politique. Le sage disait : mon cœur est si petit qu’il n’y a pas de place pour la haine. Oui. On sait qu’être Président de la République, ministre, député confère de privilèges, rehausse le rang social. La lutte doit devenir moins âpre puisque le peuple est seul arbitre. Sous les Tropiques on vient souvent à la politique pour se servir et non servir, où être élu est un trophée de chasse.
En Europe et dans nos jeunes Etats on a vu nouer des alliances de circonstance qui ne durent que le temps d’une élection ; on a souvent vu un membre d’alliance qui était blâmé d’hier devenir un allié. En politique l’éthique est la moins partagée. Tous les moyens qu’ils soient légaux ou non sont employés pour gagner une élection. Les déclarations hargneuses signifient qu’on n’a pas assez d’argument pour s’opposer à l’adversaire. On se rappelle que celui qui était considéré comme pneu usé il y a dix ans est devenu un allié fidèle où on prend conseils. L’objectif d’une alliance politique est de glaner suffisamment de voix lors de la consultation électorale pour la gagner.
Dans notre jeune histoire nous avons conclu plusieurs alliances où chacun a pu juger les résultants. Notre démocratie est jeune, nous sommes en apprentissage ; les dérapages ne manqueront pas. Si aujourd’hui on accepte difficilement qu’un ressortissant non originaire d’une région y soit candidat comme en France où un auvergnat se présente en Lorraine parce que nous pensons d’abord Akan, Sénoufo, Wè, etc. avant Côte d’Ivoire. C’est le sens des fameux fiefs imprenables que nous voulons bâtir.
Qu’on se rappelle avant notre indépendante il y avait plusieurs partis politiques, c’est par des tractations et des ententes plus ou moins politiciennes que le PDCI est devenu parti unique jusqu’au multipartisme dans les 90. On ne doit pas considérer ce qui se passe aujourd’hui comme une trouvaille. Ça fait partie du jeu démocratique. Ne jugeons pas trop tôt l’œuvre humaine ; on n’est pas soi-même parfait ; on croit meilleurs les actes qu’on pose aujourd’hui, détenir toutes les vérités, demain d’autres les jugeront imparfaits et surannés. Rien n’est immuable dans un monde en perpétuel mouvement. Quand on est un homme politique on ne se répand pas en invectives sur la place publique sans juger la portée. Les discours doivent être impersonnels et constructifs ; l’erreur en Afrique est de ramener les problèmes à caractère national à une région, à une ethnie, à un individu qui fausse le débat. Les débats et les échanges permettent de connaitre sa force et ses faiblesses. Quand le fou chante au village on le traite de fou, mais arrivé au champ on reprend ses chansons. Il y a de vrai dans les critiques qu’il faut savoir en tirer profit.
 
N’goran Brou
Cadre comptable et financier à la retraite
 



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