publicité

Societe

Enquête-express/ Affichage des prix en Côte d’Ivoire : Quand des commerçants piétinent la mesure

Publié le :

Six ans après, la campagne d’affichage des prix des produits de grande consommation lancée en Côte d’Ivoire, la mesure est piétinée par la majorité des opérateurs économiques. Les prix des produits et articles varient selon les commerces.

Venue ce samedi du mois d’août pour faire ses emplettes au forum des marchés dans la commune d’Adjamé, à Abidjan, Solange K., fonctionnaire, n’est pas surprise de constater que les prix des produits de grande consommation ne sont toujours pas affichés. «Je suis venue faire ma provision du mois. Comme toujours, d’un espace à un autre, je constate que les prix ne sont pas mentionnés sur les produits. Chaque commerçant a ses prix. Dans un même périmètre, le même article se vend à différents prix. Ils sont fixés à la tête du client», déplore-t-elle.
Dans ce marché, le kilogramme de viande de bœuf se négocie à 2 300 voire 2500 Fcfa. Pour le litre d’huile, il faut débourser chez certains vendeurs 800 Fcfa contre 850 chez d’autres. Le sachet de riz connu sous le nom de  « rizière » de 4,5 kilogrammes est quant à lui proposé à 2800 et plus. Le tas de banane plantain, le riz, l’igname, le poisson, le savon, le kilogramme de tomate, d’oignon, le gaz butane … aucun produit n’échappe à l’anarchie des prix. «Nous sommes habitués. Sur les marchés et même dans les boutiques de quartier, les prix diffèrent selon la commune. Mieux, les prix ne sont pas affichés alors que le gouvernement recommande qu’ils soient mentionnés sur les articles», dénonce Solange K. 
Le constat est le même à Cocody, la commune présidentielle. Au marché d’Angré Cocovico,  dans deux espèces distant, d’à peine 100 mètres, le même article se vend  à différents prix. Dans le dépôt de gaz de Victor A., la bouteille de gaz B28 est vendue à 14000F, la B12 à 5500F et la B6 à 2500F. Tandis qu’à deux pas de là, Ibrahim B. fixe différents prix. Chez lui, la même B28 est proposée à 13500F, quand la B12 se dispute à 5200F et la B6 à 2200F. 
Face à cette situation, les consommateurs disent être à la merci des commerçants. «Nous sommes impuissants. Que pouvez-vous faire à un commerçant qui refuse d’afficher ?», confesse dépitée, Véronique T., une ménagère venue faire son marché ravie cependant de l’affichage des prix par les supermarchés et autres grandes surfaces. 
«Ces promoteurs appliquent la mesure. Cela est à saluer vu que les tarifs ne changent pas au jour le jour», souligne notre interlocutrice. 
 
Commerçants et clients se rejettent mutuellement la responsabilité de cette situation.
 
«Nous refusons d’afficher les prix parce que les clients sont des éternels insatisfaits. Pour l’achat de n’importe quel produit, ils souhaitent qu’on leur fasse une remise. Ça ne sert à rien d’afficher les tarifs et après faire des remises», se dédouane Hamed Y., commerçant au grand marché d’Abobo, au nord d’Abidjan. 
Au regard du non-respect de cette mesure, que font les associations de consommateurs ? «Nous, en tant qu’organisation de consommateurs, nous sensibilisons les opérateurs économiques à respecter cette disposition légale. Toute personne qui ne respecte pas l’affichage des prix s’expose à une sanction. Celle-ci sera verbalisée et paiera une amende à l’Etat. Dans un cadre concurrentiel, l’affichage  des prix est une obligation. Il revient donc au ministère de faire respecter cette disposition», répond, Doukoua Godé, président de la confédération des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire. 
La loi N°91-999 du 27 décembre 1991 relative à la concurrence commerciale stipule à l’article 31-1 de titre IV que : ‘’Tout vendeur de produit, tout prestataire de services doit, par voie de marquage, d’étiquetage, d’affichage ou par tout autre procédé approprié, informer le consommateur sur les prix, les limitations éventuelles de la responsabilité contractuelle et les conditions particulières de la vente, selon des modalités fixées par voie réglementaire’’. Cette loi poursuit en son alinéa 2 en disant que : ‘’Les infractions aux dispositions du présent article et des textes pris pour leur application sont punies des peines d’amende prévues pour les contraventions de la troisième classe. En cas de récidive, les peines d’amende prévues pour la récidive de ces même contraventions sont applicables’’.
A en croire Doukoua Godé, depuis que cette loi a été prise les organisations de consommateurs ont fait une campagne de sensibilisation en collaboration avec le ministère du commerce et les opérateurs économiques pour amener les commerçants à afficher leurs prix. Mais il se trouve qu’en dehors des grandes surfaces et des stations-service, la majorité des commerces de quartier ne respectent pas cette mesure. «Ce qui n’est pas normal. Il faut instaurer la transparence», dénonce-t-il. 
Par ailleurs, fait-il savoir, lorsque «Nous constatons qu’un opérateur n’affiche pas les prix, nous saisissons automatiquement le ministère afin que des agents assermentés viennent faire le constat pour que ce commerçant puisse être verbalisé et puni conformément à la loi. C’est une pratique individuelle qui est une entrave à la bonne concurrence. Les consommateurs doivent avoir le réflexe d’aller vers des commerces où les prix sont mentionnés», exhorte Doukoua Godé. Avant d’inviter le ministère du commerce à entreprendre régulièrement des opérations de contrôle contre les opérateurs économiques véreux. Car selon lui, cela contribuera à lutter contre la vie chère. 
Pour rappel, la campagne d’affichage des prix des produits de grande consommation a été lancée le 12 juillet 2012 avec pour objectif d’amener les commerçants à afficher leurs prix. A défaut, des sanctions sont prévues à l’encontre des réfractaires. Les peines d’amende vont de 100.000 à 1 million F pour les détaillants et de 200.000 à 5 millions F pour les grossistes. 
Fatou Sylla
 
 
 



publicité

FIL INFO

20 avril 2024

Bank of Africa Sénégal : Croissance soutenue et rendement du dividende en hausse

20 avril 2024

Ituri : plusieurs femmes pygmées abusées sexuellement à Djugu

20 avril 2024

Les États-Unis ont accepté de retirer leurs troupes du Niger, selon les médias américains

20 avril 2024

Incident au sein du Pdci-Rda: Le Parti dépêche Emile Constant Bombet à Abengourou

20 avril 2024

La démocratie des États-Unis mise à l’épreuve par le procès Trump



Fanico

Lamine KANE. 13 février 2024
Conte des faits renversants
Valer St Clair 9 février 2024
CAN : Non aux courses d'autorités sur la pelouse !
Dr. Yalamoussa Coulibaly 6 février 2024
Diversité de noms chez les Sénoufo
Emmanuel Koffi 17 janvier 2024
Lettre ouverte au Premier Ministre Robert Beugré Mambé

publicité