Des chercheurs de trésors sud-coréens affirment avoir retrouvé la trace d’un navire russe, coulé en 1905 au large du Japon. Selon les rumeurs, il contiendrait plus de 111 milliards d’euros en or. Mais la réalité de ce trésor est mise en doute.
Le Dmitri Donskoï a été coulé, voilà 113 ans, par la marine nippone au cours de la guerre russo-japonaise de 1904-1905. Depuis lors, des rumeurs concernant sa fabuleuse cargaison ont fait fantasmer bon nombre de chercheurs de trésors. Ce fleuron de la marine royale de Russie aurait effectivement été chargé de convoyer la fortune de la flotte engagée contre les japonais. Il aurait été pris en chasse puis envoyé par le fond le 28 mai 1905 avec 5.500 caisses contenant 200 tonnes de lingots et de pièces d’or, soit un total de 111 milliards d’euros actuels.
Ce navire, objet de beaucoup de fantasmes, aurait été retrouvé par la société sud-coréenne, Shinil Group, le 15 juillet 2018, comme le dévoile Le Figaro. Le groupe l’atteste en publiant une vidéo sur son compte YouTube (en anglais). On y voit plusieurs mini-submersibles plonger à plus de 430 mètres de profondeurs pour filmer l’épave. Mais plusieurs doutes viennent contredire cette version.
Beaucoup de doutes entourent l’affaire
Le premier d'entre eux est que rien n’atteste que ce navire contiendrait effectivement un trésor. Pour le professeur de Sciences sociales, Kirill Kolesnichenko, cité par la BBC, cela est même très improbable. « Garder tout cet argent sur un seul navire aurait été trop dangereux. Et pourquoi la Russie aurait-elle envoyé de l’or par bateau alors qu’elle pouvait l’envoyer en train jusqu’à Vladivostok sans aucun risque ? ».
La deuxième raison de douter de l’information est que le navire aurait déjà été découvert en 2001 par une autre entreprise, qui a fait faillite juste après, sans n’avoir jamais parlé de ce trésor. Deux ans plus tard, l’Institut sud-coréen de science et technologie de l’océan affirme avoir également retrouvé la trace de l’épave sans avoir trouvé la trace d’aucune pièce d’or. En outre, l’institut accuse la société Shinil d’avoir utilisé ses données afin de localiser le navire enfoui.
Une rumeur sur fond de spéculation financière
Tous ces doutes se cristallisent autour de la suspicion concernant les motivations réelles du groupe. Car dans la foulée de cette découverte le groupe Shinil a annoncé son intention de lancer sa propre crypto-monnaie, le « Donskoi International » ou « Shinil Gold Coin » selon les versions. Cependant la petite société ne possède pas le capital suffisant afin que cette entreprise soit viable. Elle compte lancer cette crypto-monnaie en août ou septembre prochains au prix de 10.000 dollars l’unité.
La rumeur concernant ce trésor servirait donc, pour certains responsables politiques, à faire monter les enchères sur cette nouvelle monnaie. « Les investisseurs doivent être prudents car il est possible qu’ils subissent des pertes massives s’ils s’appuient sur des rumeurs sans faits concrets concernant la récupération du trésor d’un navire », a déclaré le régulateur des services de supervision financière de la Corée du Sud dans un communiqué.
Cette histoire romanesque risque de faire couler encore beaucoup d’encre. Mais plus pour très longtemps. Le groupe Shinil affirme vouloir remonter le navire en octobre ou en novembre 2018. Mais avant ils doivent en faire la demande au ministère sud-coréen des Affaires maritimes et de la Pêche. Une demande que le gouvernement affirme n’avoir pas encore reçue.
