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Michel Camdessus : L’émissaire de la jeunesse ivoirienne pour la Réconciliation et l’Avenir en commun

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L’ancien patron du Fonds Monétaire International, Monsieur Michel Camdessus était en visite en Côte d’Ivoire, début juin 2018. Beaucoup ont parié sur les amabilités du mentor du Président Alassane Ouattara, le bonheur des statistiques consolidées, celles qui donneraient le tournis aux sceptiques de l’Emergence ivoirienne et africaine. Partiellement, il a conforté aussi ceux qui attendaient de lui, qu’il annonce l’envol pour l’Emergence ivoirienne sous le leadership du Président Alassane Ouattara. Il estime, vu les chiffres à lui fournis par l’autorité, que la Côte a pour elle toutes les probabilités d’y accéder avant l’échéance programmée 2020. La stabilité économique en est l’architectonique. Et elle est incontestable vu certains ouvrages et données macro-économiques, raison pour laquelle, la stabilité politique est, à l’approche de 2020, le suprême enjeu. Les données macro- économiques participent de cette probabilité selon lui.  Reste à savoir si une telle probabilité est dans le voisinage, comme disait Henri Bergson (1911) à partir des lignes des faits, de la certitude. Les émotions citoyennes constatées, dois-je préciser,  qui relèvent de l’horizon d’attente des Ivoiriens et des Africains, rappellent le désir de vivre dans des républiques décentes parce qu'au service des politiques d'égalité et de redistribution des fruits des efforts de tous. Enfant d’Afrique, je n’achète que la croissance endogène et de ce point de vue, Monsieur Jean-Marie Ackah, patron des patrons ivoiriens a mis le doigt sur la plaie : « Les très rares champions nationaux demeurent fragiles ».
Une requête comme émergence de champions nationaux et surtout un accompagnement diligent, visionnaire et programmatique par les pouvoirs publics, qu’une forme de protectionnisme bien intelligent, autorise (une tempérance du libre échangisme béat). Comme disait l’historien Ki-Zerbo, on ne développe pas, on se développe en s’adossant sur ses propres ressorts émotionnels, ses ressources naturelles et son capital humain de qualité. De toute façon, la nature de la Révolution numérique induit que l’on adopte l’éducation et la formation qualifiante de la population africaine comme impératif de premier ordre comparativement à celui de l’industrialisation lourde puisque nul ne peut dire que l'industrie lourde est le rivage de la nouvelle économie (la matière grise comme ressource primordiale). Le cas éthiopien (de délocalisation opérée par les industriels chinois) est la preuve de transition économique réussie sur un double plan. a. Une industrie manufacturière délocalisée et adossée sur une main-d’œuvre abondante et moins chère et disciplinée. b. L’Ethiopie n’a plus grand intérêt à courir derrière l’industrie lourde (industrie manufacturière chinoise délocalisée suffit à faire émerger la classe moyenne)  si cette expérience parvient à constituer une classe moyenne qui relèvera  les exigences de la formation de qualité pour la génération suivante (numérique et intelligence artificielle). C’est plutôt, j'en suis convaincu, des enjeux d’approvisionnement en infrastructures énergétiques et logistiques de transport qui supplantent, derechef,  les désirs d’industrie lourde. D’où le grand projet de barrage hydro-électrique, rétention de grande quantité d’eau du Nil, projet qui contrarie son puissant voisin qui est l’Egypte (d’où les enjeux d’hydro-diplomatie en gestation).
Ainsi, le président Jean-Marie Ackah en pariant sur les champions nationaux, semble rejoindre la foi de cet éminent historien africain et aussi une vision postulée du développement endogène en cours depuis les années 70 avec un grand économiste algérien comme Samir Amin.  La croissance endogène parie sur le capital humain de qualité. L’éducation est la clef incontestable de l'avenir.
Personnellement, je prétends, vu ces enjeux idéologiques indépassables et la démarche socio-intellectuelle de Monsieur Camdessus depuis un certain temps, que celui-ci est moins banquier docte aujourd’hui qu’une certaine conscience du christianisme social, en vogue en Europe depuis la Renaissance mais surtout revisité par les fidèles protestants et ce depuis les années 1880. Puisque les réalités du monde comme souffrances, inégalités et condition humaine, comptent.  Le temps ne suffit pas ici pour exposer les idées du socialiste Jules Guesde qui lança à la cantonade : « Enrichissez-vous !». Ce capitalisme populaire et non plus confiscatoire comme l'est le neoliberalisme ambiant et triomphant depuis Reagan et Tatcher,  des destins singuliers des hommes et des peuples, reçoit ses nouvelles lettres de jouvence.
Devant les dirigeants du patronat ivoirien, Monsieur Camdessus avec sa sagesse procédurale affichée, m’a conforté. Mieux, elle a prévalu sur les joies évanescentes des chiffres. L’ex grand banquier et Dieu seul sait que cette époque-ci est l’épopée des banquiers du monde, a laissé davantage sa prudence pronostique prendre le pas sur les compliments faciles, ses avertissements sur les sacrifices à consentir et la discipline à pratiquer plutôt que les satisfécits partagés bien qu’il existe quelques motifs de satisfaction au plan infrastructurel, de la stabilité économique et des libertés publiques à exhiber.
Les progressistes africains militent pour le capitalisme de redistribution qui postule un processus endogène de création de la richesse en Afrique, contraposé et qui supplante la fameuse théorie du ruissellement, qu'il soit extraverti comme au vieux temps des comptoirs coloniaux ou confisqué par les politico-oligarques locaux. Le plein décollage, au plan économique, africain est au prix de cette lucidité des progressistes africains.
Monsieur Camdessus est à saluer dans la mesure même où il affirme et soutient, devant le parterre de créateurs ivoiriens et africains de richesses, que l’Emergence n’est pas un point d’arrivée, le Graal d’ici ou en 2020 comme précédemment annoncé. Une confusion conceptuelle qui en faisait un topos ultime.  C’est bien le point de départ vers une ascèse économique rude en ayant, la vigilance, la discipline et la responsabilité de tous les moments,  les yeux rivés sur les 5 chocs ou hyper-tendances qu’il diagnostique : vaincre la pauvreté en contenant la croissance exponentielle des inégalités ; la finance au service de l’économie réelle contre les goinfreries financiarisées improductives ; le multilatéralisme comme ouverture du monde ; l’adoption par les communautés du monde de modes de vie durables et responsables (qui induit une conscience contre cette ébriété des multinationales pour le déstockage massif des énergies fossiles et son impact désastreux sur l’environnement et la biodiversité) et finalement, le changement des identités de cultures pour les rendre compatibles avec le monde qui vient (ce que j’appelle les politiques idoines de civilisations à la suite d’Edgar Morin, 2008).
Michel Camdessus présume, c'est ma compréhension,  que toute conscience sociale doit se projeter, doit faire le devoir de préfigurer les tenants et les aboutissants de ce nouveau monde, thématique chère au Christianisme social et à l'Islam des Lumières, comme fraternité, exigences de soulagement de la détresse humaine.   
« Accéder à l’émergence, ce n’est pas seulement franchir une ligne d’arrivée, c’est franchir une ligne de départ vers un itinéraire plus ardu encore ». Cette affirmation n’est donc accessible à notre claire conscience que si l’on tient compte de sa charge et son ancrage de foi (religieuse) comme persévérance de l’effort de responsabilité.  Quiconque se disant laïc ou agnostique peut tout autant regarder le radical de ce mot. Il  y verra mer comme immerger, émerger ou submerger. L’Emergence est donc la tenabilité de la persévérance qui va. Prosaïquement, il s’agit bien d’un ensemble d’écosystèmes circulaires, reliés, formé de dynamiques présentes ou à venir (d’où l’anticipation adossée sur l’analyse diachronique des 5 hyper-tendances diagnostiquées) qui discrimine difficilement le point de départ du point d’arrivée même en ayant le temps fléché comme conception, réceptacle de l’idée du progrès et de l’ émancipation humaine (mythe de Prométhée, Descartes et les philosophes des Lumières).
Pour marquer enfin, la conscience sociale comme réacteur de toute politique publique éclairée, Monsieur Camdessus se fait porte-voix, preuve de sa sincérité avec les Ivoiriens, dirigeants comme citoyens ordinaires, des étudiants :
« Nous avons un problème en Côte d’Ivoire. Nous voulons bien la démocratie telle que vous le dites mais pour ça, il faut que les hommes politiques changent. Il faut qu’ils se tournent vers l’avenir, laissent derrière eux toutes les querelles du passé. Il faut qu’ils se rendent compte que la société ivoirienne a déjà fait le grand pas vers la réconciliation nationale et est tournée vers l’avenir ». Cet horizon d'attente des étudiants ivoiriens, soit dit en passant, est partout le même en Afrique: des élites politiques abonnées aux vieilles rancunes qui fragilisent davantage la cohésion sociale des peuples africains.
En la forme, ce témoignage indique que le leadership ivoirien comme africain en général,  doit davantage être disponible et à l’écoute des attentes de la population. Sinon comment comprendre que l’on confie ces attentes de la réconciliation, à un étranger advenu un chargé de mission, jouissant ainsi, bien sûr, des droits de l’hospitalité que lui reconnait la Constitution Africaine Mandé de 1235 octroyée par l’Empereur Soundiata Kéita à son assermentation, en ses articles 24 et 25. Guillaume Soro Kigbafori incarne l'esprit de pardon et l'exigence de la réconciliation inter ivoirienne au nom de l'avenir en commun. La question surgit: Y-a-t-il donc des dissonances de perceptions au sein du leadership ivoirien sur la réconciliation pour que la jeunesse charge un étranger de porter le message ? Dans le fond, il y a au-delà du constat de détresse démocratique vécue, une invite des élites dirigeantes à se connecter, sincèrement, au désir de réconciliation, ce désir d’avenir comme dirait l’ex candidate présidentielle française, Ségolène Royal. Cette interpellation des élites ivoirienne et africaine, rappelle que l’horizon du bonheur est l’affaire des peuples. L’on ne fait point le bonheur des peuples à leur place, d’où, parfois, la vacuité des dénonciations des populismes (de droite ou de gauche), faites par les élites, en Europe comme en Afrique. Le Bonheur, Seuls les peuples le rêvent, le dessinent et autorisent l’un des enfants de la patrie, à, seulement, le mettre en œuvre. Voilà les droits des gens auxquels les dirigeants doivent souscrire pour remplir leur contrat de gouvernance démocratique.  Ce moment de l’émissaire Michel Camdessus est un Akwaba au supplément d’âme. L’Avenir importe seul! La réconciliation est donc la conformité avec l’intérêt public.       



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