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Pénurie d’eau à Bouaké : L’eau coule au compte-goutte dans les robinets malgré la pluie et les citernes

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La ville de Bouaké croule depuis plus de deux mois sous le poids d’une sévère pénurie d’eau. Celle-ci est la conséquence de l’assèchement de l’un des principaux barrages d'approvisionnement, notamment, celui de la Loka.
 
Situé à environ 20 Km de la ville et plus précisément dans le village d’Angouayaokro, dans la sous-préfecture de Languibonou, le barrage de la Loka s’est peu à peu vidé de son contenu sous le regard impuissant des responsables de l'eau dans la région. Une situation devenue de plus en plus insoutenable pour l’ensemble des populations du département de Bouaké. Une incursion dans les différents ménages à travers la commune et ses environs nous a permis de toucher et comprendre l’exaspération des populations face à ce qu’on pourrait appeler une crise du liquide vital à la vie.
 
Les raisons de l'assèchement de la Loka
Principale source d'approvisionnement de la capitale de Gbêkê, l'assèchement du barrage de la Loka serait dû à la baisse de la pluviométrie, l'une des conséquences du réchauffement climatique.  A cela, s’ajoute la présence de sociétés de carrières de sable et de granites à proximité du site, nous a révélé un spécialiste en la matière. A l’en croire, la présence de ces carrières empêche la circulation de l'eau vers le barrage, d'où son assèchement.  
L’assèchement du barrage a bouleversé les habitudes des ménages et plus particulièrement celles des femmes. Elles ne dorment presque plus. Elles passent la quasi-totalité de la nuit à surveiller le robinet comme du lait au feu espérant avoir l'eau courante pour satisfaire les besoins les plus vitaux de leur famille, notamment, cuir les aliments, en boire pour ceux qui ne peuvent s’offrir le luxe de l’eau minérale. Faire la vaisselle. Aujourd’hui se laver ne peut excéder les deux fois par jour. Laver le linge sale ne va au-delà d’une fois par semaine. Pour elles, il est plus qu’important de faire une gestion rationnelle de l’eau.
Dame Koné Mariam que nous avons rencontréE au quartier Sokoura accourait, avec une bassine sur la tête,  pour s’approvisionner dans un puits du quartier. Accompagnée de ses sœurs à la cherche d'eau,  elle nous raconte son nouveau quotidien. Un calvaire dit-elle sans toutefois abandonner.
 
‘‘Depuis que la pénurie d'eau a commencé, le quotidien de toutes les femmes de notre quartier a changé. Chaque jour, nous sommes obligées de nous lever entre 4H00 et 5H00 du matin pour aller chercher l'eau dans les différents puits du quartier. La tâche n'est pas du tout facile pour nous. On doit remplir toutes nos bassines et barriques avant d'aller faire le marché ou aller au travail’’, nous confie-t-elle toute extenuée.
Au quartier N’Gattakro, nous rencontrions Mlle Nadège. Elle peinait à transporter sa brouette après avoir effectué, selon elle, 3 tours de ramassage de pots d’eau de 25 litres. C’est à peine si elle nous répondait car trainant une fatigue du fait du transport de l’eau.
 
‘‘À force de puiser l'eau, tous mes doigts me font mal. Mes paumes sont devenues dures comme celles d'un cultivateur. Je suis toute fatiguée et depuis quelques jours, je sens des douleurs au niveau de tout mon corps. Moi et mes voisines vivons des moments très difficiles. Mais on ne peut pas faire autrement car on a énormément besoin de l’eau dans tout ce qu’on fait. Au restaurant, nous avons besoin de l’eau pour laver nos assiettes, nos verres et tout le reste’’, a indiqué Mlle Nicole.
 
En plus des ménages, la pénurie d’eau cause des désagréments dans certains secteurs d’activités. Le secteur le plus touché par cette absence d’eau dans les robinets est celui de la santé. Les différents centres de santé de la ville n’ont, pour la plus part, pas de forage. Les occupants sont obligés de trouver des fûts pour recueillir l’eau devant servir dans les soins. De la maternité d’Air France 3 en passant par celles de Nimbo, Koko, Ahougnansou, Zone, N’Gattakro, Belleville, Sokoura, pour ne citer que ces quelques centres de santé, l’eau manque dans les robinets.
 
Certains travailleurs du secteur informel ne travaillent presque plus. C'est le cas des propriétaires de lavage auto. M. Sekou, prioritaire d'un lavage au quartier commerce n’a pu cacher son désarroi face à cette situation qui trouble ses nuits.
 
‘‘La coupure d'eau a énormément impacté mon activité. Je n'arrive plus à travailler convenablement. Ma recette journalière a considérablement baissé’’, a déploré le sir Seydou.
 
M. Ouatara, travailleur dans un lavage auto à N’Gattakro sis en face de l’institut national de l’hygiène publique nous a expliqué qu’il paie des bidons de 25 litres afin de ne pas rester à la maison. Toutefois, il dit avoir augmenté le coût des prestations.
 
‘‘On ne peut pas rester à la maison. Je paie des bidons d’eau de 25 litres avec des personnes qui me livrent par jour. Je peux prendre 10 à 15 bidons par jour à raison de 100 Fcfa le bidon. Ce qui me permet de travailler’’, nous a-t-il révélé.
Pour pallier cette pénurie d’eau qui sévit dans la ville de Bouaké avec les possibilités de maladies liées à l’eau, le gouvernement a dépêché des équipes pour réaliser des forages et distribuer de l’eau à travers une quinzaine de camions citernes.
 
Des Forages et citernes d'eaux pour soulager la population
Face à cette situation, le gouvernement  et la Sodeci ont pris le problème à bras le corps pour éviter le pire. Chaque jour, une dizaine de citernes font le tour des quartiers pour ravitailler les populations. Le ministère des infrastructures économiques pour sa part, a procédé au lancement de  réalisation d'une dizaine de forages dans différents quartiers de la ville en attendant la solution définitive. Lancés le 17 Avril 2018, au quartier Houphouët-ville, Kouassi Kobenan, directeur général des infrastructures hydrauliques, a indiqué que ces travaux une fois terminés,  permettront de traiter l'eau sur place puis,  l'injecter directement dans le réseau pour pallier la crise d'eau qui secoue la ville. Pour sa part, le directeur régional de la Sodeci,  Kouadio Nguessan, a ajouté que ces forages une fois terminés seront connectés au réseau de distribution. A l'en croire ceux-ci  permettront de couvrir les besoins des populations jusqu'à 75%.
 
Les citernes d’eau de desserte, le nouveau gagne-pain des exploitants
Ce début de mois de Ramadan a accentué la quête d’eau. Pour ce mois de carême musulman, les ménages ont tendance à plus utiliser l’eau. Face à cette situation, les camions de desserte d’eau semblent insuffisants. Pis, il n’y a que quatre qui sont  2pérationnelsselonuneenquêtesurleterrain. Cette même enquête a révélé que les citernes d’eau commercialisent le liquide précieux aux populations. Une dame du quartier Dar Es Salam a révélé que l’eau à donner aux habitants dans les différents quartiers est servi moyennant une somme d’argent. Les tarifs sont fonctions des récipients et de leur nombre. Au quartier Zone, des agents d’une cour se sont vus envahis par des riverains pour remplir leurs récipients. A leur arrivée, ces agents leur ont fait savoir que la citerne était vide. Ce qui a failli dégénérer car il s’est avéré qu’une jeune fille dans la cour bénéficiaire entretient des intimités avec l’un des responsables, nous a-t-on révélé par la suite.
L'assurance du chef de l'État Alassane Ouattara Devenue une préoccupation majeure pour le gouvernement, le chef de l'État SEM Alassane Ouattara, a à l'occasion de son traditionnel discours lors de la célébration de la fête du travail du 1er Ma2018, rassuré les populations de la région de Gbêkê quant à sa détermination à résoudre la pénurie d'eau auquel elles sont confrontées.  Alassane Ouattara a fait savoir que les travaux  à court, moyen et long terme sont à pied d'œuvre. Emettant le vœu de voir de fortes pluies s’abattre sur la ville de Bouaké pour remplir le barrage de la Loka.
‘‘Nous avons  prévu des mesures urgentes pour réduire le calvaire  des populationsPoule3moisàvenir, nous allons  procéder à l'installation d’unités  de traitement sur la rivière Kan et les deux lacs de Gonfreville en attendant la solution définitive qui va consister au recueillement d'eau  depuis le lac de Kossou situé à 50km de Bouaké. Je prie Dieu qu’il pleuve à Bouaké’’, a rassuré le président de la République avant d'instruire  le premier ministre Amadou Gon Coulibaly à accélérer la mission de la banque mondiale en vue du financement du projet. Le soutien des financiers internationaux, la Banque mondiale octroie 5 milliards de FCFA.
Soucieuse des conséquences que cet assèchement des robinets peut causer, une mission de la Banque Mondiale s’est rendue dans la ville de Bouaké, samedi 05 mai 2018 dernier. Cette mission de la Banque Mondiale conduite par M. Pierre Laporte, Directeur des opérations pour la Côte d’Ivoire, accompagné par le spécialiste en eau de ladite institution, Steve Shenberger, a visité les différents sites d’eau de la ville, notamment, la plus grande station de traitement d’eau de la zone de la Loka, afin de constater les nouvelles réalités quotidiennes des populations en détresse. Dans le souci de remédier dans les plus brefs délais la pénurie d’eau qui touche depuis quelques mois la ville de Bouaké et ses localités environnantes, la Banque Mondiale s’est engagée à appuyer le gouvernement ivoirien pour résoudre ce problème combien de fois crucial pour la survie et la santé des populations. Ce sont 5 milliards de francs CFA qui ont été mobilisés par cette grande institution financière pour résoudre cet épineux problème d’eau dans la région du Gbêkê.



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