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Societe

La prostitution au collège, un engrenage qui concerne tous nos enfants

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Une pipe contre un McDo… Elles n’ont souvent pas conscience de se prostituer et pourtant ces nouveaux « services » se négocient dans la cour de l’école.

 
Le documentaire «Jeunesse à vendre » diffusé mercredi sur France 5 décrit ce phénomène inquiétant dont les victimes sont autant les enfants que les parents. Explications avec le réalisateur Alexis Marant.
Désirée de Lamarzelle : Quand on parle de prostitution au collège, quelle est l’ampleur du phénomène ?
Alexis Marant : C’est très difficile c’est de mettre un vrai chiffre sur ce phénomène, d’autant qu’il est tabou.
L’ACPE (Agir contre la Prostitution des Enfants) qui est la principale association qui s’occupe de ce problème, parle de 5000 à 8000 mineurs. Cela peut paraître peu, mais il faut observer ces chiffres à la lumière d’un phénomène qui s’accroit, qui concerne de très jeunes adolescentes  -dès 13 ans- qui viennent de toutes toute les classes sociales.
Cela pourrait être nos enfants ?
Oui, avant les cas de mineurs qui se prostituaient étaient des mineurs étrangers et exploités – ils le sont toujours- par réseaux de proxénétisme de l’Europe de L’Est ou du Niger. Les mineurs français étaient en général extrêmement marginalisés (drogue, abandon, fugue, …) .
Nous avons souhaité faire l'éclairage sur un phénomène nouveau, car même s’il existe depuis quelques années, on commence à peine à prendre conscience de l'ampleur du problème.
Qui sont ces jeunes filles ?
Elles sont très jeunes, et ont pour la plupart un environnement familial stable avec des parents aimants. Pourtant elles tombent dans un engrenage que le documentaire essaie de reconstituer avec leurs témoignages. Cela commence souvent au sein du collège avec l’influence d’une amie, d’un petit copain ou via un groupe de réseaux sociaux, ou encore par un chantage qui déstabilise la jeune fille. On ne peut pas sous-estimer l’influence d’une société hyper-sexualisée. Il n’y a qu’à observer le courant actuel chez les jeunes adolescentes à s’exhiber sur Internet, à valoriser comme un atout leurs corps plutôt que leur personnalité, parce que c’est ce qu’elles voient dans les résaux sociaux ou à la télé-réalité : On devient célèbre comme Kim kardashian en montrant ses fesses.
La société les influence t-elle beaucoup ?
On n’a pas la bonne grille de lecture pour comprendre et anticiper ce phénomène qui va en grandissant, mais la prostitution -dans ces cas précis- est l’expression ultime d’une dérive de l’hyper sexualisation dans la société. Et avec Internet ils sont les victimes et les cibles, dès 9 ans, de la banalisation du porno qui envahit les écrans. Prenons l’exemple des téléchargements de films ou de jeux-vidéos avec des pop-ups très « trash » qui s’affichent à leur insu. Le matérialisme, la banalisation de la pornographie et enfin les réseaux sociaux qui mettent votre intimité sur la place publique, influencent nos enfants. Cela exige de la part des parents une surveillance accrue et ce, plus tôt qu’on ne l’aurait pensé.
C’est-à-dire, comment agir pour les parents ?
Parler, parler et encore parler à nos enfants ! Les mettre en garde, sans les culpabiliser, leur expliquer, dès la pré-adolescence, ce que c’est que la pornographie, ce que c’est que la sexualité et une relation amoureuse avant qu’ils construisent un schéma influencé par tout cela.
Aujourd’hui notre responsabilité de parents est démultipliée par rapport à celle de nos propres parents car ils ont Internet à portée de poche et c’est difficile à surveiller. Gisèle George, la pédopsy qui a participé à notre enquête, explique très bien que le portable de nos enfants n’est pas un sanctuaire, que nous devons le surveiller et le contrôler. Agir en prévention est très efficace.
Quels signaux peuvent alarmer ?
Des objets de grande valeur, des vêtements non adaptés à son âge (nuisette…) cachés dans la garde-robe, l’absentéisme en cours peuvent « vous mettre la puce à l’oreille ».
Que faire quand le mal est fait ?
C’est un travail psychologique mais aussi de contrainte car il faut aller récupérer la jeune-fille  qui a fugué, qui a fini par se déscolariser et ne peut pas revenir dans le même collège où elle a une « mauvaise réputation ». Les parents sont souvent à la dérive, ils doivent tout faire eux-mêmes. C’était important de leur donner la parole dans le documentaire pour montrer que ce ne sont pas des cas sociaux mais des parents présents, pas démissionnaires, et qui sont aujourd’hui complètement dépassés par ce qui leur arrive.
Que font nos institutions ?
Pour l’instant il y a rien qui soit adapté pour répondre au phénomène, ni la loi, ni la police, ni dans les services de protection de l’enfance ne peuvent physiquement empêcher une jeune fille d’aller poster une annonce où il suffit de cliquer que « j’ai 18 ans » pour vendre son corps à la sortie de l’école. Il faudrait à minima un centre d’accueil dédié à ce problème, comme ceux de désintoxication pour la drogue.
Beaucoup de jeunes filles qui reviennent dans leur famille ne peuvent pas s’empêcher d’y retourner malgré des conditions parfois terribles, comment expliquer cela ?
Notre pédopsychiatre Gisèle George expliquerait cela mieux que moi, mais il y a une forme d’addiction, non pas au sexe bien sûr, mais à l’adrénaline. Elles ont du mal à revenir à la banalisation de leur vie avec l’école, le retard scolaire, les devoirs, les parents pourtant très aimants… même si elles ont souffert, c'est difficile de ré-adapter à la norme, comme un reporter de guerre a du mal à revenir aux « chiens écrasés ».



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