Lancée le 4 Mars 2017 dans la commune de Cocody, l’opération grand ménage, on pourrait le dire, poursuit timidement son petit chemin. Les moyens ont-ils manqué ? Le changement de comportement a-t-il la peau dure ? Est-ce alors une panne de stratégie structurelle ?
Il est 9 heures ce jour, lorsque notre équipe de reportage se rend dans la commune d’Abobo. Des enfants jouant inconsciemment juste à côté d’un tas d’ordures. Aucune interpellation de ceux-ci par les adultes qui semblent plutôt préoccuper par leurs activités. Nous entrons dans une cour commune dont l’hygiène laisse à désirer. Aminata B, habitante de la cour, nous a indiqué clairement qu’au départ il y avait un programme de nettoyage mais que le non-respect du calendrier entraîna la situation actuelle.
A la gare, des commerçants résistent toujours en occupant les trottoirs. Les chauffeurs des cars communément appelés « Gbakas » n’échappent pas à la règle avec leurs mauvaises manœuvres. Les usagers de ces cars de transport en commun n’arrêtent pas de se plaindre. Sandra, jeune étudiante dans une grande école de la commune, crie son amertume : « Ces transporteurs n’ont aucun respect pour leur clients. Ils disposent de nos vies comme s’ils avaient affaire à des marchandises. Et le pire, c’est que nous n’avons pas d’autre choix que de nous déplacer dans ces tombeaux ambulants ».. L’anarchie et l’insalubrité semblent toujours régner en maitre lieu dans cette commune.
Direction Koumassi ! Le constat ne change pas. Les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours sur la ville ont laissé des traces. Il est quasiment impossible pour les riverains de ces zones de se déplacer sans y plonger les pieds. A quelques mètres de là, une décharge au-dessus de laquelle survolent des mouches. Idem du côté du marché de cette commune. Nous nous approchons de plusieurs habitants qui crachent leur amertume face à « une démission » de la municipalité.
Et pourtant…
Le gouvernement a pourtant déployé de grands moyens financiers et matériels pour la réussite de ce projet. Au cours du 20ème presse club, la Ministre de la salubrité, de l’environnement et du développement durable Anne Ouloto a donné plus de précisions sur cette opération. Selon la ministre, cette opération est un partage de responsabilités à travers laquelle, chaque citoyen reprend le contrôle de sa vie par le respect de l’environnement. Et pour la réussite de cette opération, elle a recommandé une attitude patriotique pour des villes propres et esthétiques.
L’opération « Grand ménage » n’est pas un « bis repetita» des opérations précédentes : « Abidjan ville propre » et «Balaie devant ta porte ». Le Ministère de l’environnent, de la salubrité et du développement durable a conscience que le changement ne se fera pas du jour au lendemain. Raison pour laquelle, la ministre Anne Ouloto a inscrit cette opération sur le long terme. Une fois le pallier de la sensibilisation à la propreté franchi, on pourra ainsi passer à la phase de l’embellissement. La force de cette opération, est l’implication de grandes personnalités comme la Première Dame qui a procédé au lancement de cette opération. A ses côtés, se signalent plusieurs ministères et institutions, les ONG et la société civile.
Responsabilité partagée
A l’entame du projet, la Ministre a invité les populations à adopter des comportements citoyens pour un cadre de vie sain. Cette recommandation désengageait partiellement le ministère quant à la non-atteinte des objectifs fixés. Cependant, la ministre Anne Ouloto a promis mettre tout en œuvre pour une meilleur structuration des entreprises chargées de l’enlèvement des ordures pour un meilleur cadre de vie. Des mois après le lancement de cette opération, certaines villes semblent réfractaires à ce changement pendant que d’autres semblent s’adapter.
Au niveau de la prise de conscience des populations, on note tout de même un grand engouement. C’est le cas des jeunes de l’avenue II à Treichville qui ont donné le bon exemple dans leur commune. Ainsi que les populations de Dokui extension qui ont suivi le pas. Il reste que le gouvernement trouve une stratégie durable, pour la recolonisation des espaces déguerpis ou nettoyés. La nature, c’est connu, a toujours eu horreur du vide…
Larissa Gbaguidi
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On ne change pas la mentalité et les comportements d'un pays entier en quelques mois.
Publié le :
4 décembre 2018Par:
Lago Tape