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Politique

Côte d'Ivoire -Parti unifié : Le requiem du RHDP est-il dit ?

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En septembre 2014, on se rappelle, sur sa terre natale, Daoukro, Henri Konan Bédié avait prononcé un discours où il invitait les militants du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) à soutenir Alassane Ouattara. Cet appel de Daoukro, on se rappelle aussi, n’était pas du goût de certains caciques de l’ancien parti unique. Ces frondeurs, conduits par un certain Kouadio Konan Bertin alias KKB, avaient décrypté l’attitude du Sphinx de Daoukro comme un enterrement politique de première classe du PDCI. Mais Bédié avait su mater la rébellion en brandissant l’idée selon laquelle l’alternance, en 2020, se ferait cette fois avec un militant du PDCI, avec l’appui du parti d’Alassane Ouattara, c’est-à-dire, le RDR (Rassemblement des Républicains).
Le méga parti a de fortes chances de rester dans les tiroirs
Quatre ans après cet appel, tout laisse croire que le couple RDR/PDCI est beaucoup plus dans une logique de divorce que dans celle d’une concrétisation du projet de parti unifié, le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix). Ce méga parti, annoncé avec fanfare et trompette, et qui était perçu par Alassane Ouattara et son aîné Konan Bédié comme la panacée aux problèmes des Ivoiriens, a de fortes chances de rester dans les tiroirs. En tout cas, le PDCI refuse catégoriquement l’idée d’un parti unifié avec le RDR avant 2020, date de la prochaine présidentielle. Cette position, qui bat en brèche celle du RDR qui souhaite fusionner avec son allié d’ici à la fin de l’année, a été martelée le 10 mars dernier à Yamoussoukro, lors d’une cérémonie organisée en l’honneur du président Bédié par les cadres du parti. Le porte-parole de cette formation, Jean-Louis Billlon, a été on ne peut plus clair et ferme sur la question. Morceaux choisis : « Si parti unifié il doit y avoir, ce sera après l’alternance. Nous attendons de nos partenaires qu’ils nous soutiennent en 2020, comme nous avons su les soutenir en 2020 et en 2015 ». Et pour illustrer le fait que ce n’est pas demain la veille que l’on va entendre les premiers vagissements du RHDP, Jean-Louis Billon est allé de l’image suivante : « On n’a jamais vu un enfant demander au père de prendre le nom de l’enfant. Le PDCI est le parti père. Que les enfants rejoignent le PDCI… ». Et ce n’est pas tout. En effet, comme pour enfoncer le clou, à l’issue de la cérémonie, une motion signée par des cadres du PDCI, a appelé le président Bédié à être « disponible aux  sollicitations des Ivoiriens pour gouverner la Côte d’Ivoire ».  A travers cette motion, l’on peut voir un appel du pied à Bédié pour être candidat en 2020. Et dans cette hypothèse, l’on peut dire que plus que jamais, l’homme mérite son sobriquet de Sphinx. Et par ricochet, l’on peut se poser la question de savoir si le requiem du RHDP n’est pas dit. Pour le PDCI, en tout cas, la question ne se pose plus. Et s’il y a un homme qui est certainement en train de se frotter les mains, c’est bien le jeune Kouadio Konan Bertin (KKB). En effet, dès le début du compagnonnage entre les deux partis, celui-ci,  n’avait eu de cesse de dire tout le mal qu’il en pensait. L’histoire vient de lui donner raison. Car, aujourd’hui, c’est, peut-on dire, la quasi-totalité du PDCI qui épouse son point de vue, à commencer par le plus emblématique des militants, c’est-à-dire le Sphinx  de Daoukro. Certes, il n’était pas présent le 10 mars dernier à Yamoussoukro, lors de la cérémonie organisée en son honneur, mais l’on peut parier que tout ce qui y a été dit, l’a été avec sa bénédiction.
En politique, il n’y a jamais rien de définitivement acquis
Et cela n’est pas étonnant, car le mariage entre ADO et HKB, qui a été scellé, on se rappelle, sur les bords de la Seine, a été motivé par un instinct de survie. A l’époque, c’était juste pour faire face à l’adversité commune que représentait le régime de l’Enfant terrible de Mama, Laurent Gbagbo. Le danger écarté, les deux hommes sont revenus à leur rivalité légendaire. Il faut rappeler que c’est cette animosité maladive qu’ils se vouaient réciproquement, qui est à l’origine, peut-on dire, de tous les problèmes que la Côte d’Ivoire post-Houphouët Boigny a connus. On a beau donc chasser le naturel, il revient au galop. Ce qui se passe donc entre le RDR et le PDCI aujourd’hui, est une illustration parfaite de cet adage. Et le risque est grand que le divorce consommé, peut-on dire, entre les deux enfants les plus emblématiques du père fondateur de la Côte d’Ivoire, agite de nouveau la lagune Ebrié, surtout dans la perspective de la présidentielle de 2020. En tout cas, l’on touche du bois. Car, une présidentielle à cette date, sur fond de guerre ouverte entre le RDR et le PDCI comme c’est le cas aujourd’hui, peut faire rechuter la Côte d’Ivoire dans les débats nauséeux liés à l’ivoirité et aux ethnies. Et en bons opportunistes revanchards, les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo, pourraient s’inviter au débat dans le secret espoir de réunir les ingrédients d’un chaos généralisé. D’ailleurs, ces derniers ont toujours clamé à qui voulait les entendre, qu’ils piaffent d’impatience d’organiser « le match-retour », entendez par cette expression, une opportunité de revanche. Celui qui peut empêcher ce scénario-catastrophe pour la Côte d’Ivoire, c’est le président Alassane Dramane Ouattara.
Et le premier acte fort qu’il peut poser dans ce sens, est de retourner l’ascenseur au PDCI en soutenant le candidat que ce parti aura librement choisi pour défendre ses couleurs en 2020. Par-là, non seulement il permettra à son aîné Bédié de ne pas perdre la face, mais aussi et surtout il peut contribuer à installer dans la durée, la Côte d’Ivoire dans une stabilité politique. Seulement, l’on peut se demander si Alassane Ouattara, même s’il le veut, a aujourd’hui la capacité d’imposer cette option à sa troupe. Cette question est d’autant plus pertinente qu’au sein du RDR, il existe des cadres et pas des moindres, qui, en se rasant chaque matin, caressent le secret espoir de succéder à leur mentor au palais de Cocody en 2020. En l’on peut avoir l’impression qu’Alassane Ouattara n’a pas d’emprise sur le RDR au point de tuer dans l’œuf ces ambitions. Une des équations qu’il doit résoudre à ce propos, est celle de Guillaume Soro. En tout cas, les bisbilles actuelles entre le RDR et le PDCI, nous enseignent deux choses. La première est qu’en politique, il n’y a jamais rien de définitivement acquis. La seconde est que la promesse d’un homme politique, surtout sous nos tropiques, n’engage que ceux qui y croient. Le PDCI l’aura appris à ses dépens.
« Le Pays »

 



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