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Perspectives économiques de la Côte d’Ivoire avec Ado : Aux portes du paradis

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Avec une croissance attendue à 7,6 % en 2017, le dernier rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de la Côte d'Ivoire constate la bonne performance de l'économie ivoirienne tout en pointant du doigt la nécessité de rattraper le retard technologique pour maintenir ce rythme rapide.

Tous ceux qui ont visité un pays d’Asie de l’Est ont vite compris que l’émergence économique est avant tout un phénomène technologique. Le visiteur ne peut être qu’impressionné par la capacité des entreprises de ces pays à assimiler, puis adapter les nouveaux outils technologiques aux activités aussi diverses que le transport, la communication, ou les industries manufacturières. Ces pays ne sont sans doute pas encore à la pointe de la recherche et de l’innovation, mais ils ont réussi à mettre en place une dynamique de rattrapage technologique. 
Au-delà de ces exemples, la théorie économique a depuis longtemps mis en évidence le rôle central de l’innovation technologique dans le processus de développement d’un pays. Or, la vaste majorité des entreprises qui opèrent sur le continent africain demeure en retard au niveau technologique, ce qui nuit à leur productivité et donc à leur essor. En Côte d’Ivoire, la productivité du travail et du capital d’une entreprise est généralement trois à quatre fois inférieure à celle d’une entreprise en Indonésie, au Maroc ou en Chine. Comparer le port de Singapour avec celui d’Abidjan en est une bonne illustration.
Après avoir analysé les développements récents de l’économie ivoirienne ainsi que ses perspectives pour le court et moyen termes, ce sixième rapport sur la situation économique en Côte d’ivoire s’intéresse aux moyens qui lui permettraient de rattraper son retard technologique. Si le pays a retrouvé une trajectoire de forte croissance après plus d’une décennie d’instabilité politique, son objectif de devenir un pays émergent ne pourra être atteint sans des entreprises plus performantes, puisqu’elles sont le principal employeur du pays et génèrent l’essentiel de ses revenus.
L’État de santé de l’économie ivoirienne
Avec un taux de croissance qui devrait se maintenir autour de 7,6 % en 2017, la Côte d’Ivoire continue d’être une des économies les plus dynamiques d’Afrique, voire même du monde. Les effets de rattrapage qui avaient joué à la sortie de crise s’étant dissipés, cette bonne performance s’explique par le rebond de l’agriculture aidée par une pluviométrie favorable et des prix à la hausse. Elle démontre aussi la résilience de la Côte d’Ivoire aux chocs internes et externes. Le climat politique et social qui s’était détérioré au premier semestre de l’année, suite aux revendications de certains militaires et fonctionnaires, s’est apaisé et la forte chute des cours du cacao a été compensée par une excellente récolte.
Les principales variables monétaires et financières ont poursuivi leur trajectoire de ces dernières années. Le taux d’inflation s’est maintenu autour de 1% sur une base annuelle, grâce à la politique monétaire prudente de la BCEAO[Field]à l’économie se sont accrus d’environ 14 % ce qui reflète la forte demande du secteur privé et un début de diversification des banques vers les petites et moyennes entreprises. Le système financier demeure stable avec le respect des normes communautaires et un taux de crédits non performants autour de 8%.autour de 8%.
Si le déficit du compte courant s’est stabilisé à environ 1 % du PIB, cela masque des évolutions significatives. La hausse de 20 % des exportations reflète l’augmentation des prix agricoles et les bonnes récoltes. Les importations sont restées relativement stables, même si la hausse des achats de pétrole a été compensée par la baisse des biens d’équipement et intermédiaires. L’afflux des capitaux extérieurs a financé le déficit du compte courant, notamment les emprunts de l’État sur le marché international, si bien que les réserves internationales se sont sensiblement accrues. 
La situation budgétaire de l’État reste maîtrisée, même si son déficit a augmenté de 4 % du PIB en 2016 à 4,5 % en 2017. Plusieurs facteurs expliquent cette détérioration. Tout d’abord, le gouvernement a dû intégrer les dépenses supplémentaires accordées pour répondre aux revendications de certains groupes dans l’armée et dans le secteur public. Ensuite, les autorités ont choisi d’absorber la hausse du prix du pétrole ainsi que la baisse du cours du cacao sur les marchés internationaux en réduisant la fiscalité sur ces produits plutôt qu’en répercutant ces variations sur les prix à la pompe et les prix aux producteurs de fèves de cacao. La politique budgétaire a été ainsi mobilisée en 2017 pour soutenir les producteurs de cacao et les transporteurs/automobilistes afin d’apaiser le climat social.
Afin de compenser ces nouvelles dépenses, les autorités ont réalisé des économies budgétaires en cours d’année. Les dépenses d’investissement ont été réduites par rapport au budget voté. Et les autorités ont aussi réussi à accroître le recouvrement de certains impôts, en particulier de l’impôt sur les sociétés.
Deux initiatives ont contribué à réduire les risques budgétaires et à améliorer la gestion publique dans deux secteurs stratégiques pour le pays. Premièrement, le Gouvernement s’est engagé à mieux s’acquitter de ses factures d’électricité dans le cadre d’un plan d’assainissement visant à réduire le déficit de ce secteur. Deuxièmement, un audit financier de certaines opérations sur le marché du cacao a montré l’existence de nombreuses irrégularités. Leur correction devrait améliorer le fonctionnement de ce marché. Ces deux initiatives constituent un signal positif qui devrait encourager les investissements de la part du secteur privé.
Le financement du déficit budgétaire a été assuré par les aides concessionnelles et des emprunts non concessionnels. Alors que le gouvernement avait plutôt utilisé le marché régional en 2016, il a eu cette année recours aux marchés internationaux, comme en 2015. L’émission d’euro bonds en juin 2017, pour un montant net de 1,2 milliard de dollars, a été un franc succès avec une demande qui a été 4 fois supérieure à ce montant et un rendement inférieur à celui qui avait prévalu lors de l’émission précédente en 2015. Une partie de ces obligations ont été libellées en Euro[Field]en passant de 47 % du PIB[Field]2016 à plus de 50 % en 2017.n 2017.
Les perspectives de court et moyen termes demeurent encourageantes pour la Côte d’Ivoire. Le taux de croissance du PIB devrait atteindre 7 % en 2018 et 2019. Les services modernes tels que la communication, la finance et le transport devraient continuer de soutenir l’économie ivoirienne. La construction devrait également continuer de croître à un rythme soutenu. Tous ces secteurs devraient profiter de l’urbanisation rapide du pays et du progrès économique. L’industrie devrait progresser grâce à l’essor de l’industrie alimentaire. La contribution de l’agriculture devrait être comparable aux années précédentes même si elle reste tributaire des conditions climatiques.
Les prix, la monnaie et le crédit devraient poursuivre leur trajectoire actuelle. Quant au déficit du compte courant, il devrait se stabiliser autour de 2 % du PIB, tout en restant vulnérable aux changements des termes de l’échange et aux conditions climatiques.
L’ajustement budgétaire prévu en 2018 et 2019 constitue un volet central de la politique économique du gouvernement. Il vise à préserver la soutenabilité de la dette et atteindre la cible fixée au sein de l’UEMOA[Field] budgétaire devrait baisser de 4,5 % du PIB en 2017 à 3,0 % du PIB en 2019. Cet ajustement reposerait sur une hausse des recettes (environ 0,8 % du PIB) et une réduction des dépenses courantes qui devraient revenir à leur niveau (en % du PIB) de 2016 (c’est-à-dire sans les dépenses sécuritaires de 2017). Cette stratégie requiert d’améliorer l’efficience de la dépense publique afin que l’État puisse atteindre ses objectifs ambitieux en termes d’infrastructures et de services sociaux, sans dépenser plus. La marge de progression semble importante tant dans la gestion de l’investissement public que dans la fourniture de services publics dans les domaines de l’éducation et de la santésanté
La Côte d’Ivoire a jusqu’ici pu bénéficier de termes de l’échange et de conditions climatiques généralement favorables au cours de ces dernières années, à l’inverse de la majorité des pays africains. Mais l’économie ivoirienne reste vulnérable à des risques externes tels que les fluctuations des cours des matières agricoles et minières, les conditions climatiques, les risques sécuritaires mondiaux et régionaux ainsi qu’un resserrement des marchés financiers régionaux et internationaux.
Sur le plan interne, les prochaines élections présidentielles prévues en 2020 peuvent créer des incertitudes, voire une certaine instabilité, qui pourraient freiner l’investissement privé. L’État pourrait être tenté de dépenser plus pour soutenir l’activité économique et assurer la paix sociale et politique.  Le Gouvernement devra aussi réussir à augmenter ses recettes tout en contrôlant ses dépenses afin d’éviter de s’endetter davantage, alors que la soutenabilité de la dette publique s’est détériorée comme l’a souligné la récente analyse conjointe du Fonds monétaire internationale (FMI) et de la Banque mondiale.
Fin 2017, la Côte d’Ivoire continue d’être classée comme un pays avec un risque modéré de surendettement. Toutefois, le pays paraît plus vulnérable à un ralentissement de la croissance, à une hausse des taux d’intérêt ou à une détérioration de sa situation budgétaire, du fait de la hausse constante de son endettement au cours des dernières années. Ce risque est plus élevé si l’on prend en compte l’endettement des entreprises publiques, notamment dans le secteur énergétique. Les risques contingents liés à certaines banques publiques (en phase de restructuration) et aux programmes de partenariats privé-public sont aussi à prendre en compte.
Comment accélérer la transformation économique de la Côte d’Ivoire ?
Depuis la sortie de crise en 2012, la performance de l’économie ivoirienne été remarquable avec un taux de croissance par habitant supérieur à 5 % par an. Malgré cette embellie, le niveau actuel du revenu par habitant reste aujourd’hui inférieur à celui du début des années 1980 et il vient juste de rattraper celui atteint en 1990. Si les évènements politiques qui ont secoué la Côte d’Ivoire expliquent en grande partie cette relative stagnation des revenus, elle ne saurait tout expliquer. 
L’examen des facteurs de croissance économique pendant la période 2002 et 2014 montre que si les Ivoiriens ont travaillé plus, ils n’ont pas forcement travaillé mieux. Le taux d’emploi a en effet fortement augmenté (même plus vite que la croissance démographique), alors que les revenus n’ont pas suivi la même évolution positive et ce pour au moins deux raisons.
La première est que la productivité du travail au sein des principaux secteurs d’activités n’a que faiblement augmenté pendant cette période – elle a même diminué en moyenne dans l’agriculture. La seconde raison est que si les Ivoiriens ont quitté les secteurs faiblement productifs vers ceux à plus forte productivité, ce mouvement n’a été que partiel et progressif. À titre de comparaison, en Asie de l’Est, les gains de productivité intersectorielle ont été 3 à 5 fois plus rapides, alors que la transformation structurelle générée par la mobilité des travailleurs a contribué à 2 % de croissance chaque année contre seulement 0,5 % en Côte d’Ivoire.
La productivité du travail au sein de l’économie ivoirienne a augmenté depuis 2012, de l’ordre de 4-5 % par an, mais les entreprises demeurent en retard par rapport à la frontière de production atteinte par les pays émergents. Ce retard existe tant au niveau de la productivité du travail que du capital, ainsi que dans presque tous les secteurs de l’économie. Seules quelques niches de productivité sont apparues, comme la téléphonie mobile et les transferts d’argent.
Afin de rattraper son retard, la Côte d’Ivoire doit améliorer son cadre économique et institutionnel. Selon l’économiste D. Rodrik, une telle amélioration du cadre d’ensemble dans lequel les entreprises opèrent peut accélérer la vitesse de convergence du pays en direction des économies pays plus avancées en rendant le secteur privé plus efficient. Ce mouvement est déjà en marche en Côte d’Ivoire puisque son score dans l’exercice de l’évaluation des politiques et institutions nationales (CPIA -[Field]Country Policies and Institutional Assessment) a augmenté de 2,7 en 2010 à 3,4 en 2017 – la plus forte progression des pays en développement telle que mesurée par la Banque mondiale au cours des 10 dernières années. Cette progression traduit les efforts entrepris par les autorités ivoiriennes pour améliorer les conditions macroéconomiques, structurelles, institutionnelles et juridiques dans le pays. Mais ces progrès n’auront qu’un impact à moyen terme car l’effet sur la productivité des entreprises est généralement lent..
La vitesse de convergence de la Côte d’Ivoire peut s’accélérer si elle adopte et adapte les nouvelles technologies, par le biais d’un rattrapage technologique ou d’une convergence non-conditionnelle, à savoir qui n’est pas forcément liée aux conditions qui prévalent dans le pays. Peu de pays ont réussi ce rattrapage sans avoir privilégié l’ouverture vers l’extérieur à travers les investissements étrangers et les exportations. Ces deux vecteurs favorisent en effet les transferts de technologie et de compétences car la vaste majorité des nouvelles technologies, y compris celles qui peuvent façonner l’Afrique de demain, sont souvent développées par la propriété d’entreprises de pays avancés. La recherche de partenariat doit donc devenir une priorité.
Le Plan national de développement de la Côte d’Ivoire a pour priorité d’accroître les investissements directs étrangers (IDE) et les exportations. Si quelques initiatives concrètes ont été lancées, notamment dans le secteur de la transformation agro-alimentaire, cette stratégie n’a pas encore décollé. Le poids des IDE[Field]stable au cours des dernières années. Seules 3 % des entreprises ivoiriennes utilisent des licences technologiques importées contre plus de 15 % dans le reste de l’Afrique selon la Banque mondiale. En outre, les entreprises ivoiriennes dépensent moitié moins en recherche et innovation que leurs homologues africaines.selon la Banque mondiale. En outre, les entreprises ivoiriennes dépensent moitié moins en recherche et innovation que leurs homologues africaines.
Pour réussir, la Côte d’Ivoire doit non seulement s’ouvrir vers l’extérieur mais aussi renforcer les compétences de sa main-d’œuvre ainsi que la connectivité au sein de son économie. Ces deux derniers facteurs jouent un rôle essentiel dans la diffusion et l’adaptation des nouvelles technologies importées au sein du tissu économique local. Ce modèle de diffusion de la technologie a d’ailleurs été suivi par de nombreux pays en Asie et plus récemment en Afrique, comme le Rwanda et l’Éthiopie. Au risque de paraphraser un haut fonctionnaire malaysien, « l’apport des investissements étrangers et des exportations est proportionnel à leur capacité à former des travailleurs et entrepreneurs locaux, qui vont à leur tour former d’autres travailleurs et entrepreneurs ». Une bonne connectivité est aussi essentielle aux échanges de produits, services, personnes et idées.
Ce rapport propose une stratégie autour de trois axes complémentaires qui contribueront à générer un cercle vertueux permettant à la Côte d’Ivoire de rattraper son retard technologique et de converger plus rapidement vers les pays les plus avancés :
Premier axe : une politique d’ouverture doit être définie sur la base des avantages comparatifs du pays. Une liste indicative de produits potentiels est proposée sur la base de la théorie des avantages comparatifs révélés et celle de l’espace-produits. Ces industries peuvent potentiellement attirer des investisseurs étrangers et se tourner vers l’exportation afin de bénéficier de transferts technologiques et de compétences, qui font encore cruellement défaut à la Côte d’Ivoire.
Deuxième axe : La capacité d’assimiler, adapter et faire fructifier un nouvel outil technologique va en grande partie dépendre des compétences disponibles dans le pays. Malheureusement, le retard de la Côte d’Ivoire en termes de développement du capital humain constitue un frein. Si la réforme du système éducatif est indispensable, elle doit s’accompagner de partenariats de formation avec les entreprises privées, en particulier étrangères, et les Ivoiriens de l’étranger. Ici, l’ouverture servirait à renforcer les compétences locales, qui elles-mêmes renforceraient l’ouverture.
Troisième axe : Une bonne connectivité facilite les échanges et agrandit la taille du marché, générant des économies d’échelle qui sont souvent indispensables à l’établissement d’entreprises étrangères et au développement d’activités d’exportation. Cela nécessite d’abaisser les coûts de transports physiques et virtuels mais aussi de réduire les distances, à travers le processus d’urbanisation par exemple. Les priorités sont d’améliorer la performance des ports ivoiriens (ainsi que leurs connexions annexes), de réduire les coûts associés à l’usage des outils de téléphonie mobile et internet (1,5 à 3 fois plus chers qu’au Ghana par exemple) et de mieux gérer le processus d’urbanisation en augmentant la densité économique au sein des villes tout en maîtrisant les coûts de congestion.
 



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