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Côte d'Ivoire : après la crise sociopolitique, les motos-taxi doivent-ils intégrer définitivement le secteur des transports urbains ?

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Le phénomène de motos taxi, né avec l’avènement de la crise militaro politique de septembre 2002, est devenu on ne peut plus incontournable dans les zones centre, nord et ouest de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, la crise étant fini, le retour à la normalité se faisant de plus en plus apparent, pourra-t-on rompre avec ce type de transport urbain implanté au cœur des habitudes des populations desdites zone?
 
Fin 2002, arrivée des motos taxi et leur impact sur la vie des populations des zones ex CNO
Pour rappel, les motos taxi, arrivés vers la fin de 2002, dans une situation de quasi absence de moyens de transport habituel, ont pallié l’épineux problème de déplacement que connaissaient les populations des zones cno, les véhicules ayant été réquisitionnés par l’ex rébellion pour assurer le déplacement de ses hommes. De Bouaké à Korhogo, de Séguéla à Man en passant par bien d’autres localités des zones ex assiégées, les motos taxi ont dissimulé le problème de déplacement de ces populations. Et ce, jusqu’à ce jour. Leur venu a été plus que salutaire à un moment crucial de la vie desdites populations.
On peut entre autres le transport urgent des femmes enceintes à termes, les cas urgents de maladies au milieu de la nuit, le transport des marchandises (denrées alimentaires et autres) et même les cas d’inhumation des morts ont été le fait de ce type de transport. Au plus fort des affrontements, les déplacements massifs des populations des zones ex assiégées vers les zones, autrefois dites gouvernementales, ont été également leur fait, avec tous les risques que cela comportait.
 
Le témoignage des populations sur l’utilité actuelle des motos taxi
Nombreux sont les témoignages qui fusent, de part et d’autre en ce sens. ‘‘Ils ont été d’un apport considérable. Les motos taxi ont sauvé des vies dans les zones CNO et nul ne dira le contraire’’, ont témoigné la plupart des personnes approchées.
Aujourd’hui encore, les chauffeurs de motos taxi jouent un rôle déterminant en matière de transport, malgré la multiplication des moyens en présence, taxis, bus et minicars, communément appelés ‘gbakas’.
‘‘Les bus, les taxis et les gbakas ont une heure à laquelle ils arrêtent de circuler. Ce sont les motos taxi qui nous aident à nous déplacer à certaines heures de la nuit’’, nous a confié un tenancier de maquis.
‘‘Je préfère emprunter les motos taxi parce qu’il me dépose devant chez moi. Quand il fait tard, ce sont eux qui nous conduisent à la maison et très souvent, nous lions des contrats avec eux pour  nous déplacer à tout moment’’, a fait savoir dame Koné, commerçante de vivrier.
 
Les inconduites des chauffeurs de motos taxi
Cependant, il n’est pas rare de constater les dégâts considérables causés par les acteurs de ce type de transport. Accidents de la circulation, complicité dans des actes de vols à mains armées et de braquages. La plupart des accidents de la circulation sont l’oeuvre  de ceux-ci, faute de non maîtrise des engins et du code de la route, excès de vitesse et autres inconduites. Aussi, sont-ils souvent complice ou auteurs de braquages perpétrés contre les populations.
Au regard des nombreux incidents générés par ceux-ci, les spéculations quant à leur survie en période poste guerre vont bon train.
 
Les critiques de certains riverains
Certaines voix s’élèvent contre la survie des motos taxi. Pour celles-ci, ce type de transport doit rendre le tablier. La situation de crise militaro politique étant finie, il n’est  pas normal que cela continue. Selon M. Soumahoro Youssouf, ce type de transport n’est pas institué en Côte d’Ivoire. Aussi, s’est-il insurgé contre les inconduites des acteurs de ce transport et les nombreux dégâts qu’ils causent. ‘‘Les motos taxi sont à la base de nombreux accidents de la circulation. Ils conduisent mal et n’ont aucune notion du code la route. La normalité étant de retour, il est temps que les autorités mettent fin à cela’’, a indiqué M. Soumahoro.
Selon Mme Kamagaté, les chauffeurs de moto taxi sont parfois des agresseurs ou sont en complicité avec des agresseurs. Ils ont certes soulagé les populations, mais il faut y mettre fin.
 
Le soutien d’autres personnes
M. Touré estime que le retrait de ces jeunes sur le terrain va corser le nombre de chômeurs et va accentuer d’avantage le grand banditisme.
 ‘‘Le phénomène de motos taxi a, à un moment donné de la crise, permis de résorber le chômage des jeunes. Les retirer ne sera qu’un retour à ce mal, partant du grand banditisme. D’aucuns nourrissent leur famille avec les bénéfices réalisés’’ a-t-il-dit.
Selon lui, il serait mieux d’assainir ce milieu que d’en découdre avec. C’est un métier noble et générateur de ressources. Cela pourrait aider même le président à amorcer sa volonté d’offrir de l’emploi aux jeunes.
 Il faut les amener à passer leur permis de conduire, à s’organiser afin qu’ils en fassent un moyen de subsistances ou de revenus, a expliqué M. Koffi.
 
Avis de certaines autorités
Le premier magistrat de la ville de Bouaké, M. Fanny a, avant tout propos, salué le sens de ce type de transport pour le rôle indéniable joué dans les débuts de la crise militaro politique. Toutefois, il a fait remarquer que ce type transport n’est pas institué en Côte d’Ivoire et que sa survie n’est pas de son ressort. Seules les autorités compétentes en la matière pourront se pencher avec beaucoup de dextérités sur cette question.
‘‘Si ce type de transport devra survivre, certainement des mesures seront prises en vue de dynamiser ce secteur’’, a signifié le maire de Bouaké
 
Le responsable du syndicat des chauffeurs de motos taxi
Pour le président du syndicat des chauffeurs de taxis moto de Bouaké, M. Dosso, cette activité a permis de sortir plus d’un jeune du chômage. La mise en place de ce syndicat, aux dires de M. Dosso, a pour but de professionnaliser le milieu, en dotant les acteurs de plus de moyens, afin de leur permettre de mieux se prendre en charge.
‘‘Les taxis moto sont certes venus avec la crise pour palier une situation, mais ce métier s’est de plus en plus ancré dans les habitudes de nos populations. Les autorités doivent voir l’aspect positif de ce métier plus tôt que de dire que cela doit disparaître avec la normalisation  du pays qui est en marche’’, a-t-il souhaité.
 
Les avis divergeant, d’une personne à une autre, la question de la survie de ce type de transport ne sera de notoriété publique qu’après appréciations des autorités actuelles, plus précisément du ministère des transports.
 Une chose est sûre, c’est que les motos taxi continuent leur bon homme de chemin dans les ex zones assiégées. Dans le nord, plus précisément à Korhogo, les acteurs se sont organisés avec l’aide des autorités locales en présence et ont le soutien des 2/3 de la population.
A Bouaké, il n’est pas rare de voir des gares se créer par les chauffeurs eux-mêmes, dans tous les quartiers. On y trouve des chefs de gares qui réglementent les départs, tiennent des réunions si nécessaire pour la bonne marche de leur activité.
La concurrence est de taille avec les autres types de transport. Pis les rapports sont le plus souvent houleux avec les chauffeurs de taxis. Ceux-ci ne manquent pas d’afficher leur ressentiment à l’égard des motos taxi.
 
Ouana Lagnon
 



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