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Tensions au Cameroun anglophone: bloody sunday à Bamenda

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A la barrière linguistique qui séparait déjà les régions anglophones du Cameroun à la partie francophone faudra-t-il désormais ajouter un autre obstacle, la mare de sang  versé par les manifestants qui ont bravé l’interdiction officielle pour poser symboliquement le dimanche 1er octobre 2017 les jalons d’un Etat
indépendant ? Après cette chaude journée marquée par des courses-poursuites entre forces de l’ordre et habitants de l’Ambazonie -nom de cet Etat encore virtuel-, place maintenant à la polémique sur le nombre de victimes. En effet, selon Amnesty International, il y aurait eu 17 morts, notamment à Bamenda et à Buea. Un bilan immédiatement contesté par les autorités camerounaises pour qui il n’y aurait eu, si on ose dire, que 10 morts. Une controverse aussi macabre qu’indécente car qu’il y ait eu un seul cadavre ou la vingtaine recensée par l’organisation de défense des droits de l’homme, ce sont toujours des vies injustement fauchées, souvent à la fleur de l’âge. On aura donc assisté à un Bloody Sunday( 1) dans ce Cameroun anglophone dont la greffe n’a jamais vraiment pris depuis ce 1eroctobre 1961, date à laquelle il avait décidé de se rattacher à la partie francophone dans le cadre d’un Etat fédéral. Hélas, l’idylle a duré juste le temps de l’instauration en 1972 de l’Etat unitaire sous Ahmadou Ahidjo. Le processus de décentralisation entamé sous Paul Biya ne sera jamais parvenu à combler le fossé entre les deux conjoints dont manifestement l’alchimie n’a jamais vraiment pris.
Résultats : frustrations diverses des anglophones, sentiment de marginalisation et impression d’être des laissés-pour-compte du développement, bravade du pouvoir de Yaoundé…
Autant de griefs qui se sont sédimentés au fil du temps et qui ont fini par quitter le terrain socioéconomique pour gagner insidieusement   l’arène politique.
Que les indépendantistes, qui ont voulu choisir la date de la date anniversaire du mariage pour prononcer le divorce, soient ultra-minoritaires ou pas, c’est un fait que leur ambition sécessionniste pollue davantage une situation politique marquée déjà par 35 ans d’immobilisme de Paul Biya. Ce qui se passe à l’ouest de son pays est quelque part une défaite personnelle pour lui.
Ce qu’il faut craindre désormais, c’est que les tensions qui étaient encore vives hier s’installent durablement et finissent par déborder pour embraser l’autre Cameroun où les zones délaissées pourraient puiser dans le mouvement anglophone des motifs à ruer, elles aussi, dans les brancards.
Le locataire du palais d’Etoudi, qui du haut de ses 84 ans n’y est pas allé du dos du canon, gagnerait à sortir de sa torpeur légendaire pour prendre toute la mesure du drame qui est en train de se nouer avant qu’il ne soit trop tard. Dimanche, c’était 17 morts, ou plutôt 10, et si d’aventure d’autres « Ambazoniens » devaient venir remplir encore les morgues, nul doute que les irrédentistes pourraient très rapidement trouver dans le sang versé par ceux qu’ils pourraient considérer comme des martyrs, et dont les portraits ont commencé déjà à circuler dans les médias, une source supplémentaire de motivation pour leur lutte.
 
Hugues Richard Sama



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