Les 29 millions d’abonnés que comptent le secteur de la téléphonie mobile en Côte d’Ivoire sont appelés à se faire identifier à nouveau. C’est par le décret « n° 2017-193 du 22 mars 2017 portant identification des abonnés des services de télécommunications, Tic ouverts au public et des utilisateurs de cybercafés », que le ministère de la Communication de l’Économie Numérique et de la Poste a informé la population du lancement de cette deuxième opération d’identification des abonnés qui a débuté le 12 septembre dernier et qui durera 6 mois.
La première grande opération d’identification tenue en 2012 et 2013 a essentiellement servi à mettre des noms et des visages sur les numéros des usagers. Cette nouvelle phase arrive pour fiabiliser le processus d’identification et actualiser les données selon le ministère. Malgré les campagnes de sensibilisation sur le bien fondé de cette opération qui vise à protéger les usagers de ces services, renforcer la sécurité de l’État, lutter contre la cybercriminalité et le terrorisme, les mauvaises pratiques continuent de prospérer dans le processus d’identification.
En effet les cartes SIM sont toujours vendues hors du cadre réglementaire (dans les agences), elles sont aussi irrégulièrement identifiées au nom d’une même personne ou pré-activées et les pièces servant aux enrôlements ne sont souvent pas authentiques. Pour parer à ces difficultés le ministère a entrepris de réviser la liste des documents pouvant servir à se faire identifier. Les citoyens ivoiriens pourront se faire enrôler avec leur carte nationale d’identité, leur passeport et permis de conduire biométrique et toute autre pièce produite par l’Office nationale d’identification (ONI). Les non nationaux quant eux devront se munir d’un passeport ou carte nationale d’identité biométrique établie par un État membre de la CEDEAO ou toute autre pièce produite par l’ONI.
A peine lancée cette nouvelle opération d’identification se heurte déjà a des réticences de la part de certains usagers qui ne voient pas la nécessité pour eux d’aller se faire enrôler à nouveau d’autant plus qu’ils n’ont « ni changé de numéro de téléphone ni changer de nom, les ratés de la première opération ne nous sont pas imputables » s’est indigné Nomban Yéo, instituteur, qui dit ne plus être disposé à perdre à nouveau de longues heures dans les agences juste pour se faire identifier. Autre problème soulevé par des usagers, la lenteur observée dans la délivrance des pièces requises. Ils sont nombreux ces ivoiriens qui attendent durant de longs mois avant de pouvoir rentrer en possession de leur carte nationale d’identité, ce qui pourrait être handicapant pour de nombreuses personnes désireuses de se faire enrôler.
Toujours est-il que les clients des sociétés de téléphonie mobile en Côte d’Ivoire ont jusqu’à 6 mois pour se conformer à la nouvelle mesure sous peine de se voir restreindre certains services sur leur carte SIM.
Malick Sangaré
