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Politique

Lettre de l’Elysée à Ali Bongo:Quand Macron jette un pavé dans la mare politique gabonaise

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Le 17 août dernier, le Gabon célébrait le 57e anniversaire de son accession à l’indépendance. A l’occasion, le président français, Emmanuel Macron, a adressé à son homologue, Ali Bongo Ondimba, un message de « sincères félicitations » qui vont aussi à l’endroit du peuple gabonais. Mais ce faisant, le chef de l’Etat français était certainement loin de se douter qu’il jetait un véritable pavé dans la mare politique gabonaise car, ce message qui passe aux yeux de l’Elysée comme un « usage diplomatique tout à fait routinier », a été perçu au pays des Bongo comme un soutien franc au chef de l’Etat qui se dispute le pouvoir avec son rival, l’opposant Jean Ping, qui continue de réclamer la victoire à la présidentielle de l’année dernière. Dans la foulée, Ali Bongo a annoncé, dans son discours à la Nation, la formation prochaine d’un nouveau gouvernement, « conformément aux conclusions du dialogue politique ». En rappel, ce dialogue politique qui devait réunir le pouvoir, l’opposition et la société civile, avait été initié par le président Bongo dans le but de trouver une issue aux tensions politiques consécutives à la présidentielle controversée d’août 2016 qui avait fait basculer le pays dans la violence, avec son lot de morts et de blessés, et de risques de blocage de l’appareil d’Etat.
La France a définitivement choisi de reconnaître Ali Bongo
Mais Jean Ping qui continue de se proclamer « président élu », avait boycotté ledit dialogue et avait aussi organisé le sien, allant même jusqu’à soutenir qu’Ali Bongo quitterait bientôt le pouvoir à son profit.
Toutefois, avec cette lettre du locataire de l’Elysée qui vient sans nul doute réconforter le chef de l’Etat gabonais qui vivait mal, et c’est un euphémisme de le dire, sa réélection contestée de l’année dernière, il y a lieu de croire que la France a définitivement choisi de reconnaître Ali Bongo. De quoi doucher les derniers espoirs d’un Jean Ping sûrement amer, qui ne désespérait pas jusque-là de se voir succéder à Bongo fils au Palais du bord de mer, avec certainement le soutien des nouvelles autorités françaises.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la France a été rattrapée par la realpolitik. En effet, quand Emmanuel Macron arrivait au pouvoir en tant que nouveau président français en mai dernier, l’on s’interrogeait sur ce que serait sa politique vis-à-vis des ex-colonies africaines où la France a de grands intérêts. Pour de nombreux observateurs, Macron ne changerait rien à la politique de ses prédécesseurs vis-à-vis de l’Afrique. Avec ce petit épisode au Gabon que l’Elysée tente de minimiser, l’histoire n’est pas loin de leur donner déjà raison, avec en sus le renforcement de cette image de la France ondoyante et calculatrice, en fonction de ses intérêts du moment sur le continent. Et dans le cas d’espèce, Ping ayant visiblement perdu la bataille, pourquoi ne composerait-elle pas avec le maître du moment ? En tout cas, il y a des raisons de croire que cette lettre de Macron qui vient renforcer Ali Bongo dans ses fonctions de chef de l’Etat, vient mettre fin au suspense au Gabon. Et c’est Jean Ping qui, au finish, sort comme grand perdant. Car, même à supposer qu’elle l’eut voulu, l’on ne voit pas comment la France aurait pu débarquer Ali Bongo pour l’installer, lui Ping, à la tête de l’Etat gabonais. Cette époque est révolue. Et avec le gouvernement d’union nationale annoncé par le chef de l’Etat, il y a lieu de craindre que certains de ses partisans et pas des moindres, tournent casaque pour répondre à l’appel du miel.
Il appartient au président Bongo d’engager résolument des réformes politiques et constitutionnelles
En tous les cas, il est temps, pour le Gabon, de tourner la page de cette élection très controversée et se tourner vers l’avenir. Et si cette missive de l’Elysée au président Bongo peut mettre fin à la crise postélectorale qui dure depuis maintenant un an et qui pourrit l’atmosphère sociopolitique au Gabon, ce serait un moindre mal. Toutefois, il faudrait en tirer toutes les leçons et les conséquences, pour éviter que de telles situations ne se reproduisent à l’avenir.
En tout état de cause, en attendant de voir la coloration du nouveau gouvernement et de savoir si toute la classe politique a répondu à l’appel du chef de l’Etat, il appartient au président Bongo d’engager résolument des réformes politiques et constitutionnelles qui répondent véritablement aux attentes de la classe politique gabonaise dans son ensemble, mais aussi et surtout aux attentes des populations. C’est à ce prix qu’il pourra espérer sortir son pays du cycle des violences qui émaillent chaque fois les élections qui sont en passe de devenir un cauchemar pour des populations démunies et souvent désemparées, qui n’aspirent pourtant qu’à la paix et à l’amélioration de leurs conditions de vie.
« Le Pays »

 



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