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Paul Kagamé, modèle rêvé pour présidents africains 9

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En dehors de l’Afrique des Grands Lacs, où le président rwandais a joué les faiseurs de rois et les déstabilisateurs, Paul Kagamé est devenu un modèle en vogue sur le continent africain. Chéri par les Occidentaux – Tony Blair le décrit comme « un visionnaire » et Bill Clinton comme « l’un des meilleurs dirigeants de notre époque » – qui, après avoir détourné le regard pendant le génocide des Tutsi en 1994, n’ont jamais rechigné à mettre la main à la poche pour permettre au Rwanda de renaître, Paul Kagamé a longtemps été perçu comme un intrus par bon nombre de leaders de son continent. Ils ne savaient comment manœuvrer avec cet ex-rebelle aux influences davantage tournées vers Singapour que du côté des pères des indépendances africaines.
La méfiance a depuis cédé la place à la fascination et dans les palais présidentiels du continent, Paul Kagamé, dont la réélection le 4 août ne faisait aucun doute, est désormais une référence. « Il faut reconnaître qu’avec son pragmatisme il a obtenu d’excellents résultats en matière de développement, confie un proche du président guinéen Alpha Condé. On essaye de s’inspirer de ce qui a été fait au Rwanda en termes de transparence, de discipline, de renforcement du secteur privé pour que notre propre développement emprunte des raccourcis. »

La « success story » du pays des Mille Collines

La corruption, qui semble avoir été éradiquée chez les petits agents de l’Etat, l’efficacité apparente du service public, la porte laissée ouverte aux investisseurs étrangers et les innovations ou progrès, parfois mis en scène, afin de renforcer la narration sur la « success story » du pays des Mille Collines, constituent officiellement les principales raisons de l’attractivité du modèle rwandais.
Cependant, et même si personne ne veut le reconnaître, comment ne pas jalouser un chef d’Etat qui assume la traque et l’élimination de ses opposants sans soulever des campagnes de dénonciation des organisations de défense des droits de l’homme ? Comment ne pas envier un dirigeant qui s’ouvre les portes d’une présidence à vie sans provoquer une vague de protestations des chancelleries occidentales ? Comment ne pas rêver de diriger un Etat où les élections se tiennent sans incertitude ni contestation ?
Paul Kagamé n’a jamais fait mystère que le développement économique, le bien-être financier – très inégal – des Rwandais et, surtout, la stabilité du pays qu’il préside depuis dix-sept ans sont, selon lui, d’une valeur bien supérieure à la liberté d’expression ou aux vertus supposées d’une démocratie à l’occidentale.

Une discipline de fer

Ce parti pris autocratique est désormais plus ouvertement critiqué en Occident, notamment à Washington, mais dans les présidences africaines, rares sont ceux qui s’en offusquent. « C’est quelqu’un d’assez ouvert qui a placé la liberté d’expression au cœur du Rwanda, ose Pacôme Moubelet Boubeya, le ministre des affaires étrangères du Gabon, dont le président affiche régulièrement sa proximité avec son homologue rwandais. C’est un pays assez libre où d’autres candidats se présentent aux élections. Mais ce qu’il faut surtout comprendre, c’est que Paul Kagamé a mis le développement de son peuple au centre de tout. »
Avec une discipline de fer imposée à ses concitoyens et une liberté minimale concédée à ses opposants. « Personne ne peut faire le sacrifice de la démocratie mais il est possible d’adapter les principes universels au contexte de nos nations. Avoir des institutions qui fonctionnent, c’est aussi une forme de discipline », plaide une source dans une présidence d’Afrique de l’Ouest, avant de dévoiler l’essentiel : « Il existe un débat en Afrique sur la conciliation entre les principes démocratiques et l’efficacité de la gestion publique. Il faut sortir du terrorisme intellectuel et que l’on réfléchisse sur ces questions. »

Un leader charismatique

Un pouvoir fort, incarné par un leader charismatique, serait donc la voie royale pour sortir du sous-développement ? Un rapprochement avec Kigali serait-il aussi pour des capitales d’Afrique francophone un moyen de marquer une distance avec Paris ? Paul Kagamé ne manque pas une occasion, comme lors d’un dernier entretien accordé à Jeune Afrique en mai 2017, de dénoncer « la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsi », « vingt-trois ans de politique négative à l’égard du Rwanda et soixante ans de politique africaine statique dont les Africains n’ont tiré aucun bénéfice », ou encore la protection qu’octroierait le pouvoir français à des génocidaires en exil sur son sol.
Cependant, l’influence grandissante du chef de l’Etat rwandais n’a pas pour corollaire la volonté d’affaiblir le poids de Paris. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large où chacun s’émancipe de l’ancienne puissance coloniale et sélectionne ses nouveaux partenaires. « Paul Kagamé et Alpha Condé se sont retrouvés sur une vision du continent mais ce rapprochement n’est pas dirigé contre tel ou tel », assure un officiel guinéen.
Si le président rwandais séduit, y compris en dehors des palais africains, c’est aussi parce qu’il assume de défier l’Occident et entend incarner une voie de développement propre. L’Afrique est orpheline de ses grands leaders et la concurrence est faible, mais « il a le souci que les Africains parlent de leur propre voix et comptent sur leurs propres moyens avant de tendre la main à leurs partenaires extra-continentaux », conclut la source à Conakry, dont le chef de l’Etat assume cette année la présidence en exercice de l’Union africaine. Paul Kagamé le remplacera l’an prochain avec l’ambition de moderniser l’organisation panafricaine.



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