« Pour ma part, j’ai décidé de demander, une fois de plus, pardon aux Ivoiriens, pour tout ce que, depuis 2002, j’ai pu consciemment ou inconsciemment commettre comme offenses à ce peuple qui a tant souffert » : tels sont les mots forts de la déclaration du président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, Guillaume Soro, au retour de sa tournée européenne, le jeudi 20 juillet dernier, à l'aéroport d’Abidjan. L’ancien chef de la rébellion, entend jouer sur le tableau de la réconciliation, un sujet cher aux Ivoiriens profondément divisés, après la crise post-électorale de 2010.
Guillaume Soro sait qu’en adoptant une posture de rassembleur et de réconciliateur, il peut séduire un bon nombre d’Ivoiriens et Ivoiriennes qui souhaitent vivre en paix. Des citoyens qui ne veulent plus revivre les affres de la guerre civile. Dans sa déclaration, il ne manque pas de dresser un long chapelet de ces activités menées lors de sa « longue mission en Europe », précisément en Belgique, au Luxembourg et en France. Des pays où il a noué de solides relations et « des contacts politiques importants », même s’il a omis volontairement de dire qu’il a fait un tour à la première Convention de La République en marche de Macron, début juillet 2017, en France.
C’est un Guillaume Soro donne l’impression d’être revenu gonflé à bloc de sa tournée, à un moment où le RDR et le PDCI, les deux poids lourds du RHDP, sont à couteaux tirés sur la question de la candidature unique à l’élection présidentielle de 2020. « De retour en Côte d’Ivoire, j’ai pu noter des signes d’agitations. En tant qu’acteur politique et au nom de la responsabilité qui est la mienne, je voudrais lancer un appel au calme, à la pondération et à la retenue aux uns et aux autres. Personne n’a intérêt à jouer contre la tranquillité, la sérénité et la stabilité de la Côte d’Ivoire », a indiqué M. Soro. Dans le même élan, il se dit même prêt à aller demander pardon à tous, y compris à l’ancien président Laurent Gbagbo, actuellement à la CPI.
A travers son discours, Guillaume Soro s’inscrit dans une logique de démarcation du RHDP. Peut-être est-il tenté de faire comme Emmanuel Macron, qui a affiché très tôt son indépendance du Parti Socialiste pour créer son mouvement politique en France. Une stratégie qui a fini par payer puisqu’il a gagné l’estime de l’électorat et devenir Président de la République. Soro, futur Macron de la Côte d’Ivoire ? Il appartient au RHDP, fortement tiraillé actuellement, d’en tirer les leçons.
Augustin Zézé
