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Madagascar: Rajaonarimampianina panique devant un zumba collectif

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Comment un homme comme le Président Rajaonarimampianina peut-il être aussi inapte à prendre des leçons du passé, malgré sa stature intellectuelle et son background d’enseignant universitaire ?
La crise de 2002 est née de l’incapacité du Président Ratsiraka à trouver une réponse intelligente à la notoriété croissante de Marc Ravalomanana, et dans son obstination stupide à lui mettre des bâtons dans les roues à coups de tracasseries administratives, d’abord quand il était businessman à la tête de Tiko, puis quand il était maire. Résultat : Marc Ravalomanana y a gagné ses galons de martyr dans l’opinion publique, et le comportement mesquin du régime avait contribué à sa propre délégitimation.
La crise de 2009 est née de l’incapacité du Président Ravalomanana à trouver une réponse intelligente à la notoriété croissante d’Andry Rajoelina, et dans son obstination stupide à lui mettre des bâtons dans les roues à coups de tracasseries administratives, d’abord quand il était businessman à la tête d’INJET, puis quand il était maire. Résultat : Andry Rajoelina y a gagné ses galons de martyr dans l’opinion publique, et le comportement mesquin du régime avait contribué à sa propre délégitimation.
Pour analyser la volte-face du régime par rapport à l’autorisation donnée au TIM de célébrer son XV ème anniversaire, il suffit de changer les dates et les noms dans les deux paragraphes précédents. À quel jeu malsain joue donc le régime Rajaonarimampianina, et à quel résultat veut-il arriver ? Quelle image le pouvoir actuel veut-il donner de lui en montrant tant de crainte de gens qui veulent juste danser collectivement sur de la zumba ? Quelle crédibilité a ce préfet de police qui change d’avis à 48 heures d’intervalle ?
Dans le bras de fer qui s’annonce, Marc Ravalomanana a des atouts en main. L’avenir nous dira s’il saura les capitaliser dans le contexte actuel. Mais pour ce faire, il faudra que les fameux perroquets qui pullulent sur les réseaux sociaux en chantant « Dada ihany ny anay » sachent sur le terrain se montrer à la hauteur de cet engagement proclamé. Et en espérant aussi que les partisans à Madagascar ne vont pas jouer à l’apôtre Pierre avant que le coq ne chante trois fois. Cela écarte de facto les grandes gueules sur les claviers qui font la révolution à 10.000 km du théâtre des opérations.
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  • Toute ressemblance avec des politiciens malgaches du passé ou du présent ne peut qu’être le fruit du hasard.
L’utilisation du monopole de la violence légitime (qu’il s’agisse de force physique ou d’abus dans l’utilisation de la légalité des actes, même sans légitimité) a toujours été la manifestation d’une vision enfumée par des préoccupations politicardes. Rappelons pêle-mêle (et entre autres) :
  1. Les perturbations des manifestations du KMMR version 2003 (Komity Miaro ny Marina sy ny Rariny) par les gros bras à la solde du Président Ravalomanana ;
  2. Les NOTAM du Président Ravalomanana contre Pierrot Rajaonarivelo ;
  3. Les NOTAM de Rajoelina contre la délégation de Maputo 3, puis (toujours aussi débiles) contre Ravalomanana ;
  4. Les interdictions d’accès des opposants à la Place de la Démocratie par Andry Rajoelina (alors que ce dernier, dans tous les sens du terme, l’avait inaugurée en janvier 2009 pour servir de lieu de libre expression) etc.
  5. Et maintenant, l’interdiction débile faite au TIM de célébrer son XVème anniversaire, sous des prétextes fallacieux. [1]
Certes, à 18 mois de l’échéance de 2018, les mauvais démons de nos politiciens commencent à montrer le bout de leur queue (et de leurs cornes). Le parti présidentiel HVM, écœuré de tout le ramdam autour du ClaudineGate, va se venger contre les opposants en se montrant encore plus hautain dans sa toute-puissance imaginaire. On rappellera juste qu’autrefois, il y avait aussi des gens qui se croyaient tout-puissants et intouchables dans leurs abus, mais que le pouvoir de l’opinion publique et de la rue a fini par faire descendre de leur piédestal. Ils s’appelaient Tsiranana, Ratsiraka ou Ravalomanana. Mais aussi, plus récemment, Henri Rabary-Njaka ou Claudine Razaimamonjy. Depuis 1960, combien d’écervelés arrogants ont pensé ou clamé « izahay izao no au pouvoir » ? Combien d’écervelés ont pensé que le Goebbels de service et les gros bras en uniforme pouvaient garantir la pérennité de leur auguste postérieur à Iavoloha ?
Le régime HVM veut donc empêcher le TIM d’effectuer une démonstration de force à Mahamasina. Et en créant une jurisprudence sournoise, il empêchera également le MAPAR de tenir de tels rassemblements. Mais en même temps, multiplier ce genre de provocations augmente le risque d’aller au clash. Surtout si le but est de laisser au HVM le monopole des manifestations publiques sous forme d’assises régionales, afin de renforcer l’image de sa notoriété factice. Si le HVM ose persister dans ses déclarations sur son prétendu statut de premier parti de Madagascar, alors qu’il laisse démocratiquement le TIM et le MAPAR rassembler leurs partisans dans les lieux publics, et qu’il laisse le Président Ravalomanana et Monsieur Rajoelina se présenter librement en 2018. Dia ho hitantsika eo ny fandehan’ny raharaha. Mais en l’absence de ce courage d’aller dans une compétition libre, alors que le HVM assume son hypocrite couardise maquillée derrière un juridisme puant.
Rappelons à toutes fins utiles, et n’en déplaise à ceux à qui ça déplait, que c’est la Capitale Antananarivo qui fait et défait les régimes à coups de crises, lorsque le dirigeant en place a perdu toute légitimité à ses yeux. Bien entendu, d’autres facteurs entrent également en jeu, mais de manière générale un régime qui se met à dos une masse critique au sein de la population d’Antananarivo est sur une pente glissante. Alors, que va-t-il arriver à un parti qui était déjà si mal parti qu’il n’a même pas osé présenter de candidats aux municipales à Antananarivo, devant l’assurance de se prendre une raclée.
A un an et demi de la fin de mandat, on repense à la fanfaronnade de Rajoelina. « Je ne serai pas plus nul que Ravalomanana » avait-il claironné devant les caméras d’une télévision française. On a tous vu le tableau final, lorsqu’enfin la pression internationale a réussi à le déloger de son pouvoir mal acquis. On sait donc par expérience que Monsieur Rajoelina était finalement plus nul que le Président Ravalomanana. Mais la question qu’on se posait au début de 2014 était la suivante : « est-il possible d’être plus nul que Rajoelina ? ». Début 2014, on était sûr qu’il n’était pas possible de faire pire que le DJ. Mais ça, c’était avant.

Notes

[1] Selon le Larousse, « Débile (du latin débilis) : Qui manque de vigueur intellectuelle, de puissance, d’efficacité : Une intelligence débile ». Il est important de rappeler cela, vu le manque avéré de culture générale de certains responsables qui pourraient prétendre y déceler une insulte « à eux adressée ».



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