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Cameroun :La dure réalité du métier de journaliste dans un pays de dictature

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Le 24 avril dernier, le correspondant de RFI en langue haoussa a été condamné dans son pays, le Cameroun, à un peine d’emprisonnement de 10 ans ferme assortie d’une amende d’environ 56 millions de FCFA pour « non-dénonciation d’actes de terrorisme et blanchiment d’actes de terrorisme ». En cas de non-paiement de l’amende, le journaliste pourrait passer cinq années supplémentaires en prison. Au-delà de la sentence qui a suscité un tollé général dans le milieu de la presse et bien au-delà, le moins que l’on puisse dire est que ce verdict traduit la dure réalité du métier de journaliste dans un pays de dictature. Autrement, comment comprendre que pour des faits qui sont loin d’avoir été prouvés de façon irréfutable, le tribunal ait pu avoir la main aussi lourde ?
Le journaliste était devenu une sorte de punching ball pour les autorités de son pays
Il est vrai que comparativement à la peine de mort que le prévenu encourait ou même la prison à vie, les dix ans peuvent paraître un geste de mansuétude. Mais cela aurait été compréhensible si la culpabilité de notre confrère ne faisait l’objet d’aucun doute. Or, le tribunal est loin d’en avoir pu procéder à la démonstration. Et depuis le début de cette affaire, Ahmed Abba a invariablement clamé son innocence et continue de le faire. Son conseil compte du reste,  introduire un recours en appel de cette décision. Au-delà de l’émotion, le cas Ahmed Abba doit interpeller la conscience des dirigeants sur la nécessité de protéger les journalistes, dans l’exercice de leur métier. Car, depuis la récurrence des attaques terroristes et djihadistes, les journalistes ont de plus en plus de difficultés dans le traitement de l’information relative à cette question. En cela, ils peuvent facilement se retrouver dans le collimateur des autorités ou des instances de régulation de l’information, pour un rien, ou pour peu qu’ils utilisent des termes jugés tendancieux. Tout comme ils peuvent devenir des cibles de choix pour les terroristes, en raison de leurs écrits. Pourtant, les Hommes de médias ont le devoir d’informer sainement les populations, sans pour autant jeter la psychose en leur sein. Dans le cas d’Ahmed Abba, l’on a malheureusement le sentiment que le journaliste était devenu une sorte de punching ball pour les autorités de son pays, dans cette guerre contre la secte islamiste nigériane dans laquelle ils ont accumulé les frustrations, eu égard aux nombreux revers subis. Et l’on imagine aisément que la seule idée que le journaliste ait pu être en contact avec les terroristes sur lesquels elles n’arrivaient pas à mettre la main, ait pu donner de l’urticaire aux autorités de Yaoundé qui ont longtemps multiplié les échecs face aux hommes d’Abubakar Shekau. Mais en tapant aussi fort sur le pauvre journaliste, l’on a le sentiment qu’au-delà de sa condamnation, les autorités camerounaises veulent faire passer un message de mise en garde sévère à l’endroit de toute la corporation. Il n’y a que dans les pays de dictature que l’on peut voir de telles choses. Et le Cameroun vient de prouver qu’il en est un. Toutefois, rien ne saurait justifier que l’on s’acharne autant sur notre confrère, alors que le véritable problème se trouve ailleurs. C’est pourquoi il ne serait pas de trop d’interpeller les organisations de défense des droits de l’Homme et même les instances onusiennes à faire de la question de la protection des journalistes leur cheval de bataille.
Le contexte de psychose généralisée a pu être pour quelque chose dans le traitement de l’affaire Abba
 
Et tout le monde devrait se donner la main pour travailler à obtenir l’élargissement d’Ahmed Abba. Autrement, nous sommes tous potentiellement des Ahmed Abba. Surtout dans ce contexte de lutte généralisée contre le terrorisme où l’information est scrutée de près à tous les niveaux. Ce qui est le plus regrettable, c’est que cette lourde sentence prononcée contre un journaliste dans l’exercice de ses fonctions, intervient à un moment où il est de plus en plus question, sous de nombreux cieux,  de dépénalisation des délits de presse. C’est peut-être la preuve que le pays de Paul Biya marche sur la tête, en matière de promotion de la démocratie et des droits de l’Homme. D’autant plus qu’à en croire certaines sources, le journaliste a non seulement été torturé, mais il lui a aussi fallu quatre mois avant de pouvoir parler à son avocat, pour ne voir son procès s’ouvrir que plusieurs mois plus tard. Point n’est donc besoin de dire qu’en la matière, ses droits ont été visiblement piétinés, et que ce traitement de départ à lui infligé, augurait déjà la sentence que l’on sait. En tout état de cause, l’on peut être fondé à croire que le contexte de psychose généralisée dans lequel se trouvait le pays, a bien pu être pour quelque chose dans le traitement de l’affaire Abba. C’est pourquoi l’on en appelle toujours à la responsabilité sociale du journaliste, dans l’accomplissement de ce métier si noble et si périlleux. C’est ce qui faisait le moins défaut à Ahmed Abba.
« Le Pays »

 



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