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Venance Konan:"Pour venir à bout de Gbagbo, il a fallu faire venir des gens qui n’avaient pas une vraie formation militaire"

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La Côte d'Ivoire traverse une période difficile. Mouvements sociaux, grèves, mutineries, etc., dans plusieurs couches de la société ivoirienne le mécontentement monte et s'exprime. S'agit-il d'une crise profonde et durable ou passagère ? Le président Alassane Ouattara n'est-il pas isolé ? RFI reçoit ce matin Venance Konan, journaliste et écrivain.
RFI : Des gendarmes, des militaires qui se mutinent à travers le pays, des journalistes emprisonnés arbitrairement, des pompiers dans l’est qui bloquent la circulation, des élèves à Bouaké qui descendent la rue, des fonctionnaires en grève en janvier et qui menacent de reprendre leur mouvement, des producteurs de cacao qui eux aussi manifestent… La Côte d’Ivoire va mal ?
Venance Konan : Je ne dirais pas qu’elle va mal. Je dirais qu’elle traverse une zone de turbulences. Du côté des militaires, je crois que les choses se sont calmées et du côté des fonctionnaires, je dirais que c’est un peu normal qu’ils revendiquent. C’est le rôle des syndicats. Ils doivent négocier à nouveau avec le gouvernement. Et c’est vrai que tout cela arrive à un moment où la conjoncture n’est pas des meilleures.
Dans son rapport annuel 2016-1017 Amnesty International point la Côte d’Ivoire : répression de manifestations, interdites, droits humains relégués au second plan, des journalistes arrêtés. Il y a vraiment effectivement une zone de turbulences actuellement ?
C’est vrai qu’au niveau de la protection des droits humains, je dirais qu’on peut faire mieux. Il y a certaines choses qui ne vont pas. Il y a encore effectivement des efforts à faire, je suis d’accord avec vous. Concernant l’arrestation des journalistes, ça aussi je l’ai déploré. Je pense que ça envoie toujours de mauvais signaux.
Des militaires qui se rebellent contre l’autorité, c’est la preuve que cette autorité ne fait pas peur ou ne fait plus peur et que personne aussi n’a senti le vent venir, ce qui est grave en quelque sorte.
Il faut dire que nous vivons les séquelles de la crise aussi. Pour venir à bout du régime de Laurent Gbagbo, il a fallu faire venir des gens qui n’avaient pas une vraie formation militaire. Au niveau de l’éthique, au niveau de la formation, il y avait beaucoup, beaucoup de choses à revoir. Visiblement, il y a encore du travail à faire.
Les forces spéciales c’est quand même une unité d’élite.
C’est ce qui est le plus choquant. On leur a fait comprendre que tout le moment peut assiéger, mais pas eux. Je crois que c’est un problème d’autorité de façon générale en Côte d’Ivoire qui vient de loin. On a besoin d’une plus forte autorité. Effectivement, je suis d’accord avec vous. Lorsque les forces spéciales entrent dans la danse, ce n’est pas un bon signe.
Autre fait inquiétant : une gendarmerie a été attaquée dans la nuit de lundi à mardi pas très loin d’Abidjan, par des assaillants pour l’instant non identifiés qui ont emporté des armes. Ces attaques posent toujours le problème des armes qui circulent encore dans le pays depuis plus de cinq ans maintenant.
On avait cru que les choses étaient rentrées dans l’ordre, mais ça montre qu’on a encore beaucoup de travail à faire au niveau de la sécurité. C’est clair qu’il y a encore beaucoup d’armes qui circulent. Il y a de quoi s’inquiéter. Ça tombe assez mal au moment où l’armée traverse cette crise-là.
Alassane Ouattara n’est-il pas isolé ? Mesure-t-il, selon vous, la profondeur du malaise social, pour ne parler que du social ?
Je crois que oui. Je crois qu’il y a suffisamment d’hommes sur le terrain qui lui remontent les informations. Je crois qu’il a pleinement conscience. Notre problème, c’est que les attentes étaient tellement fortes, pour les satisfaire ce n’était pas simple. Et on a reproché au pouvoir de monsieur Ouattara de faire beaucoup plus la macroéconomie que la microéconomie. Mais je dirais que pour faire de la micro, il faut d’abord passer par la macro. Si on veut par exemple que l’électricité arrive dans les plus petits hameaux, il faut d’abord qu’on construise des barrages. Comment on veut que le paysan évacue ses produits s’il n’y a pas de route ? Comment on veut que le paysan puisse évacuer sa femme qui doit accoucher s’il n’y a pas une route qui le relie à un centre de santé ? Donc il y a eu dans un premier temps des investissements dans ces infrastructures-là. Et maintenant oui, il faut que ça touche le commun des Ivoiriens, faire en sorte que la croissance touche maintenant toutes les couches de la population, surtout les plus défavorisées.
Mais Venance Konan, regardez le secteur du cacao qui est en crise. Environ 20 000 tonnes de cacao sont bloquées au port de Sao Pedro et d’Abidjan. Les récoltes ne s’écoulent plus et les producteurs s’appauvrissent.
Vous avez raison. Il y a des mécanismes de stabilisation qui ont été mis en œuvre et on espère que ça se fera rapidement pour que les paysans puissent ne pas trop perdre. On avait connu ça dans le temps sous Houphouët-Boigny. J’espère qu’on en a tiré les leçons et que les spécialistes savent maintenant comment s’en sortir.
Donc pour vous c’est clair, la Côte d’Ivoire traverse ce que vous avez appelé une zone de turbulences. La Côte d’Ivoire n’est pas sur une pente, disons glissante, inquiétante ?
Non, non… Il faut être optimiste. Ce que je suggère c’est qu’il y ait peut-être un événement pour qu’on discute, qu’on trouve un moyen où le dialogue va s’instaurer où les autorités vont écouter les uns et les uns pour sortir rapidement de cette crise passagère. Je pense qu’il y a une nécessité d’instaurer un dialogue et d’écouter les uns et les autres.



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