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Il est grand temps de briser le tabou de ce qui coule du vagin après le sexe

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Le mélange de sperme et de sécrétions vaginales qui ressort du sexe féminin après un rapport intime n’est évoqué nulle part, ou presque. Ce qui peut donner l’impression aux femmes d’être anormales.
«C’est comme pour le clitoris. Quand on est une femme, l’apprentissage des choses techniques de la sexualité se fait par la pratique», témoigne Sophie [1], 30 ans. Ce dont elle parle, c’est ce que toutes les femmes ayant eu une relation sexuelle hétéro avec pénétration sans préservatif ont expérimenté mais qui n’a un nom que dans le langage pornographique, celui de «creampie».
Cette «tarte à la crème», c’est le liquide, principalement constitué de sperme, qui coule du vagin après une «éjaculation interne». Et non seulement le fait qu’un liquide fait de sperme et de sécrétions vaginales ressorte du vagin après un rapport sexuel n’a pas de nom mais on n’en entend parler nulle part –ou presque.
«Que le garçon éjacule, je l’ai su assez vite, nous raconte Anaïs, 32 ans. Peut-être grâce aux livres ou aux BD ou parce que le groupe de garçons rencontrés en vacances ne se lassait pas d’établir son record du nombre de masturbations sur une journée. En revanche, que le vagin n’absorbe pas tout le sperme comme par magie, on ne l’imagine pas et, à ma connaissance à l’époque, ce n’était écrit nulle part.»
La jeune femme se souvient toutefois d’avoir lu, adolescente, dans un magazine féminin un témoignage qui laissait entendre que le sperme entré dans le vagin finissait par en ressortir:
«Une femme racontait qu’après avoir fait l’amour elle appréciait d’aller sur le balcon de son appartement pour “laisser le vent sécher les traces de ses assauts”. À ce moment-là, je me demandais quelles étaient ces fameuses traces et ce qu’il pouvait bien y avoir à laisser sécher. L’expression m’a frappée, ce n’est que des années plus tard que j’en ai compris le sens.»
 
Une anecdote significative. Car cela veut dire que la plupart des jeunes filles vont découvrir l’existence de ce liquide chaud au moment où il leur suintera de l’entrejambe pour la première fois. Comme Julia, 24 ans, qui avait pourtant «lu beaucoup de livres pré-ado sur la sexualité, donc [était] assez calée sur ce qui allait arriver»«Aucun n’avait averti à ce sujet, pas que je me souvienne en tout cas.» Idem pour Sophie: «La première fois, ça m’a fait bizarre. J’ai pensé: “Tiens, il y a un truc qui coule.”»
La description que fait de sa «première fois» la narratrice du roman Une fille est une chose à demi (2015), d’Eimear McBride, va dans le même sens: «Mes doigts pleins de visqueux qu’est-ce que c’est je sais du sperme. Ça y ressemble je sais je sais. Comme de la morve ou du crachat. Mollard dans la rue.» Résultat: le tabou autour de cet écoulement, pourtant simple fait trivial du sexe, peut devenir une porte ouverte à la gêne et au dégoût (notamment de soi). Parce qu’«avec les représentations du sexe et du corps qui nous entourent on peut avoir l’impression que sa réalité est anormale», appuie le médecin et écrivain Martin Winckler, qui «ne trouve pas du tout le sujet “anodin”, “ridicule” ou “banal”».

Invisible

Déjà, le sexe de manière générale est un sujet tabou«Parler de sexualité, c’est reconnaître qu’elle existe», pointe Martin Winckler, ce qui n’a rien d’évident dans une culture (encore) imprégnée de catholicisme. Quant au sperme, «une fois qu’il est sorti et traîne dans la nature, il devient un élément d’impureté, parce qu’il n’est pas arrivé à destination et est donc infertile», souligne le psychosociologue Alain Giami, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
 
 
 
À cette impureté, il faut ajouter une invisibilité du sperme: une fois inséré dans le vagin, c’est comme s’il en avait disparu. Des manuels de SVT d’abord, sur les images desquels souvent un seul spermatozoïde vient féconder l’ovule; les autres millions, évanouis on ne sait où! Et de nos écrans aussi. Vous souvenez-vous d’un film –en tout cas un film grand public– où, après des ébats hétéros, la femme demande à l’homme de lui passer les mouchoirs pour essuyer le trop-plein, et éviter de tacher les draps? Moi non.
Je n’aime pas avoir ce liquide froid dans les draps quand je m’endors. Et puis quand tu fais l’amour et que tu prends le métro direct après, c’est un peu angoissant de ne pas savoir quand ça va couler…
Sophie, 30 ans
Pas évident dans ces conditions d’aborder le sujet et de faire part de ses interrogations. «Mon sentiment, c’est que, ou bien un phénomène est pénible et douloureux et les femmes en parlent au médecin, ou bien c’est juste gênant, elles ne sont pas tout à fait sûres que c’est normal et n’en parlent donc pas car elles en ont honte», explicite Martin Winckler.
Pas évident non plus d’aborder le sujet entre mère et fille et pas forcément davantage entre sœurs ni amies. «La première fois qu’une copine m’en a parlé, je devais avoir 20 ans, donc c’était quatre ans après le début de ma vie sexuelle, rapporte Sophie. Elle disait de manière décomplexée qu’elle aimait bien que les toilettes soient proches de la chambre dans l’appartement [pour y aller après le sexe]. Moi qui n’en avais jamais parlé à personne, je trouvais ça fou!»
 
Conséquence de cette invisibilité du sperme, «on peut imaginer qu’une jeune femme se dise que le sperme reste dans le vagin, poursuit Martin Winckler. Alors que le vagin, ce n’est pas comme la bouche; certes, il peut se fermer de manière extrêmement serrée mais dans ce cas il s’agit de vaginisme, ce qui est une source de souffrance.» Et c’est vrai que sur internet, on trouve des témoignages de personnes qui sont étonnées de voir un liquide s’écouler par la vulve après les rapports sexuels, dont certaines se demandent si ce n’est pas un problème de fertilité. À l’instar de Pierre W sur Yahoo! Questions Réponses en 2008«Est-ce que c’est normale que le sperme coule du vagin apres le sexe? Est-ce un probleme, qui puisse faire qu’une femme ne peut pas etre enceinte?»

Indésirable

Surtout, les femmes peuvent se demander s’il est normal d’associer ce liquide particulier à un désagrément. «Les personnes, rarement en entretien individuel, plus au téléphone, vont davantage parler de leur gêne (“ah, ça coule, ça colle”) que demander ce qu’il se passe», détaille Isabelle Louis, coprésidente de la Fédération Île-de-France du Planning familial. Car le liquide «visqueux» qui ressort par la vulve n’est pas toujours associé au plaisir sexuel ni désiré. À se demander si c’est pour cela que, les rares fois où le phénomène est évoqué dans les livres, il appuie le caractère désagréable, par exemple non consenti, d’un acte sexuel, comme Chimamanda Ngozi Adichie décrivant dans la nouvelle «Les Marieuses», du recueil Autour de ton cou (2009), une scène de viol conjugal dans un mariage arrangé:
«Lorsqu’il a enfin cessé ses coups de butoir, il s’est reposé de tout son poids sur moi, même ses jambes. Je suis restée sans bouger jusqu’à ce qu’il descende d’au-dessus de moi pour aller à la salle de bains. J’ai tiré sur ma chemise de nuit, l’ai rabattue sur mes hanches. […] Le poisseux, entre mes jambes, me démangeait.»
Une indifférence parfois teintée de dégoût envers ce liquide semble plus fréquente –peut-être aussi parce que ne dégoulinent de la vulve que le sang menstruel, les pertes blanches et, pour les moins chanceuses, les crèmes antifongiques intravaginales destinées à traiter les mycoses. Même Julia, qui a maintenant fait du sperme «un allié de jouissance» («Si je suis proche de l’orgasme, le simple fait de le sentir à l’intérieur de moi ou en contact avec ma peau peut me faire jouir», développe-t-elle), admet que «l’éjaculation se rapprochait plus de la corvée au début de [sa] vie sexuelle: attendre d’être debout pour que le sperme descende, et éviter de tâcher tous les fonds de culotte».
«Je n’aime pas avoir ce liquide froid dans les draps quand je m’endors. Et puis quand tu fais l’amour et que tu prends le métro direct après, c’est un peu angoissant de ne pas savoir quand ça va couler, ajoute Sophie. Je vois un peu ça comme un effet indésirable.»
Un inconvénient pas des plus extrêmes, qui ne l’a jamais bloquée mais qui lui fait parfois préférer que son copain lui éjacule dessus, «comme ça tu peux l’enlever plus facilement», ou «quelquefois faire l’amour avec préservatif». Pour le psychosociologue Alain Giami, le fait que le préservatif soit devenu la norme, c’est-à-dire que l’entrée dans la vie sexuelle se fasse davantage avec préservatif et que la découverte du flux post-coït ne vienne qu’après a modifié notre tolérance à ce liquide; désormais, le latex peut faire barrière, non seulement aux IST, aux bébés mais aussi au dégorgemen



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