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Le 3 decembre 2010:Paul Yao-N`dré : “Satan nous a possédés tous”

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La confusion régnait vendredi 3 décembre au soir en Côte d'Ivoire, où les deux candidats à la présidentielle revendiquaient chacun la victoire, le président sortant Laurent Gbagbo, soutenu par le Conseil constitutionnel ivoirien, et son rival Alassane Ouattara, par la Commission électorale indépendante (CEI), les ex-rebelles des Forces nouvelles, les Nations Unies, l'Union européenne, les Etats-Unis et la France. Le trouble était tel que la présidence a menacé d'expulser le représentant de l'ONU du pays.

La tension était déjà montée d'un cran jeudi soir lorsque quelques heures à peine après la proclamation de la victoire d'Alassane Ouattara, avec 54,1 % des voix, par la CEI, le Conseil constitutionnel, présidé par un proche de Laurent Gbagbo, a jugé ces résultats non valables car proclamés un jour trop tard. Ce même Conseil avait alors sept jours pour proclamer les résultats définitifs après s'être enquis des plaintes pour fraudes déposées par les candidats.
 
Le président sortant Laurent Gbagbo lors du deuxième tour, le 28 novembre.
Sa décision est finalement tombée vendredi après-midi : le Conseil constitutionnel a proclamé la victoire de Laurent Gbagbo à l'élection présidentielle du 28 novembre avec plus de 51,45 % des voix, contredisant, et invalidant, les résultats provisoires annoncés jeudi par la CEI. Dans un discours diffusé en direct sur RTI, la Radio-télévision nationale ivoirienne, vendredi après-midi, le président du Conseil constitutionnel Paul Yao N'dré a déclaré "recevables" les requêtes dénonçant des fraudes déposées par le camp présidentiel au lendemain du second tour. Il s'agissait notamment de "bourrages d'urnes" et de cas d'électeurs "empêchés" de voter ou "contraints, sous la menace des armes", de voter pour M. Ouattara.
Il  a "annulé" les votes dans sept départements du Nord, sous contrôle des ex-rebelles des Forces nouvelles depuis le putsch manqué de 2002, où selon le camp Gbagbo le scrutin avait été "frauduleux", notamment à Bouaké (Centre).
 
La joie des partisans de Laurent Gbagbo à Abidjan, après la décision du Conseil constitutionnel, vendredi.
LES NATIONS UNIES CONTESTENT LA VICTOIRE DE GBAGBO
Quelques heures après l'annonce de la victoire de Laurent Gbagbo, l'émissaire des Nations unies en Côte d'Ivoire a indiqué que l'ONU ne reconnaissait pas la réélection du président sortant. "Les résultats du second tour de l'élection présidentielle tels qu'annoncés le 2 décembre par la Commission électorale ne changent pas, ce qui confirme que le candidat Alassane Ouattara a remporté le scrutin", a dit Youn-Jin Choi à des journalistes.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a ensuite félicité Alassane Ouattara pour son élection en lui demandant de "travailler pour une paix durable, la stabilité et la réconciliation en Côte d'Ivoire""Le secrétaire général demande au président Laurent Gbagbo de faire ce qu'il doit faire pour le bien de son pays et de coopérer pour une transition politique sans heurts dans le pays", a ajouté le porte-parole de M. Ban, qui a également appelé les Ivoiriens à "accepter le résultat certifié et travailler ensemble dans un esprit de paix et de réconciliation".
 
Des Casques bleus togolais en faction à Deux Plateau, près d'Abidjan, jeudi.
Emboîtant le pas à l'ONU, Catherine Ashton, chef de la diplomatie de l'Union européenne, a à son tour reconnu la victoire d'Alassane Ouattara et appelé "toutes les parties au processus électoral à respecter la volonté du peuple". Quelques heures plus tard, dans deux communiqués, les présidents américain, Barack Obama, et français, Nicolas Sarkozy, ont aussi "félicité" le "président élu" Alassane Ouattara et ont demandé au président sortant Laurent Gbagbo de "respecter la volonté du peuple" en Côte d'Ivoire.
MENACES D'EXPULSION DE L'ÉMISSAIRE DE L'ONU
Après ces déclarations, la Côte d'Ivoire a menacé d'expulser le chef de la mission de maintien de la paix des Nations unies. "C'est la dernière fois que [l'émissaire] se comporte de cette manière. Nous le surveillons. La prochaine fois, nous lui demanderons de partir immédiatement", a déclaré Alcide Djédja, conseiller présidentiel et représentant de la Côte d'Ivoire aux Nations unies. "La Côte d'Ivoire est souveraine. Nous n'accepterons jamais qu'un fonctionnaire se comporte ainsi dans un pays souverain", a-t-il dit dans une allocution à la télévision publique.
L'élection de Laurent Gbagbo est également contestée par l'ex-rébellion ivoirienne des Forces nouvelles de Guillaume Soro (premier ministre depuis l'accord de paix conclu avec M. Gbagbo en 2007), qui ont dit "adhérer" aux résultats provisoires de la CEI qui donnent Alassane Ouattara vainqueur. Le secrétaire général Guillaume Soro et "l'ensemble" des Forces nouvelles "rejettent avec la plus grande fermeté cette décision de convenance, frappée du sceau de la partialité", a indiqué la porte-parole des FN dans un communiqué. 
 
Alassane Ouattara a revendiqué la victoire, après le soutien des Nations Unies.
Suite à ces déclarations, Alassane Ouattara s'est aussitôt présenté comme "le président élu de la République de Côte d'Ivoire", en se prévalant des résultats donnés par la Commission électorale. "Je demande à toutes les institutions, notamment les forces armées nationales, la gendarmerie, la police, d'assumer leur mission de protection des personnes et des biens sur l'ensemble du territoire", a poursuivi l'ex-premier ministre.
RISQUES DE GUERRE CIVILE
Jeudi soir, l'état-major de l'armée a annoncé la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays "jusqu'à nouvel ordre" et le Conseil national de la communication audiovisuelle a, de son côté, ordonné "la suspension sans délai" de la diffusion des chaînes de télévision et de radio d'information étrangères.
 
Les rues d'Abdijan, vendredi soir.
La décision du Conseil constitutionnel pourrait marquer le début d'une grave crise politique en Côte d'Ivoire. Vendredi, avant même la proclamation des résultats, un proche d'Alassane Ouattara avait mis en garde contre le risque d'une nouvelle guerre civile. "Nous ne reconnaîtrons pas les décisions du Conseil constitutionnel qui seront rendues dans de telles conditions", avait averti son directeur de campagne Amadou Gon Coulibaly lors d'une conférence de presse, accusant Paul Yao N'dré de sortir "de son rôle de juge pour porterses habits de partisan et militant du Front populaire ivoirien", le parti de M. Gbagbo.
"Laurent Gbagbo est arrivé par un putsch militaro-civil à la tête de l'Etat en 2000", a rappelé le directeur de campagne de M. Ouattara vendredi, quelques heures avant la proclamation des résultats. "Peut-être qu'il croit qu'en 2010, après cette compétition ouverte, loyale" et en "s'appuyant sur le putsch de 2000, (...) il peut aussi rééditer un nouveau putsch en 2010", a-t-il poursuivi. "C'est pour ça qu'il commence à prendre des dispositions" comme la fermeture des frontières, a-t-il asséné. "Mais ça ne changera strictement rien. Le peuple de Côte d'Ivoire s'est exprimé, Laurent Gbagbo est battu."
 
 
 



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