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Yorobodi : la mosquée vandalisée, une offense à la mémoire de Samory Touré

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Le samedi 30 mai dernier, la localité de Yorobodi , au Nord-Est de la Côte d'Ivoire, a été le théâtre d'affrontements occasionnant un mort. La grande mosquée de la ville a été pillée et le prédicateur Cheikh Mounirou Ouattara a échappé à un lynchage. Parce qu’il s’est opposé à la démolition de la mosquée pour garder les vestiges de ses ancêtres, mais aussi de  l’empereur Samory Touré, qui  a fait bref passage dans ce lieu. De passage à Yorobodi , selon les habitants de la localité, Samory Touré a fait les ablutions (acte de purification avant la prière) pour prier dans la mosquée.
 Cet acte historique, Yorobodi le gardait respectueusement jusqu’à ce que survienne ce conflit  aux allures de sacrilège. En effet, c'est comme si les profanateurs "tuaient"  à nouveau Samory Touré, le dernier  conquérant africain, qui a mené près de 20 ans de combat contre la pénétration française en Afrique de l’Ouest.
Dans un ouvrage intitulé Wassulu, les pas de l’Almamy Samory, le Dr Issiaka Diakité Kaba avait appelé les Ivoiriens à s’approprier les vestiges de cet dernier empereur  du XIXème  siècle. « Samory Touré a beaucoup fait pour la Côte d’Ivoire qui doit être fière de se l’approprier. Samory est de la Côte d’Ivoire. Il fait partie de nous. Il faut identifier les zones de passage de Samory dans le pays Mahou, par exemple, le Wassoulou ivoirien… Samory est un Ivoirien », expliquait cet enseignant de Lettres modernes à l’Université Félix Houphouet Boigny de Cocody, lors de la dédicace de son livre en juillet 2019.
Le conflit de la mosquée de Yorobodi a eu raison de la mémoire de l’Almamy Samory Touré. Mais, une  semaine après ce conflit entre « casseurs » et « conservateurs »,  les langues se délient. Le camp du Cheikh Mounirou et même certains habitants non mêlés à ces différends, citent comme commanditaire, Ismaïl Djabir. Ancien élève du Cheikh Mounirou Ouattara,  il prônerait un autre courant dans l’Islam. Pour certains, il aurait même approuvé, avec des jeunes du village résidant à Abidjan,  la levée de fonds pour la destruction complète et la reconstruction da la mosquée.
Des musulmans de la localité ne cachent pas leur déception, suite à cette tension. « C’est toute une histoire qui s’écroule » lance dans la foulée Idriss Kamagaté. Yorobodi fait partie du canton Bâribô composé de 36 villages. Un lieu réputé mystique à l’époque. D’aucuns racontent même que ce sont ces croyances occultes qui ont  empêché l’invasion des troupes de Samory à Bondoukou.
Mais, la ville fait désormais corps avec Cheikh Mounirou Ouattara. Après des études coraniques à l’extérieur, il a décidé de s’installer dans la localité pour mettre son expérience au service de sa communauté. Ces enseignements coraniques ont vite fait d’attirer un nombre important de sympathisants et contribué à asseoir l’Islam comme religion majoritaire. Malgré sa connaissance religieuse, le Cheikh Ouattara Mounirou milite aussi  pour une conservation des valeurs. C’est dans cette dynamique qu’il a interdit la destruction du minaret de la mosquée tout en préconisant  une réhabilitation et une extension. Une position que certains ont brusquement jugée douteuse, sous le prétexte qu’il  aurait dissimulé un fétiche dans ce lieu de prière. « Nous tenons à porter un démenti formel et catégorique sur l'existence de fétiche dans la mosquée, en effet. Le tabouret présenté comme tel sert depuis des lustres comme marche par les imams successifs, pour les sermons des fêtes de la Tabaski et du Ramadan, qui ont lieu en plein air afin que ceux-ci soient visibles de loin, par tous les fidèles. Ce fait est une pratique publique dans toutes les mosquées du pays »,  explique  Ouatara Ousseny, député Sandégué - Yorobodi - Dimandougou - Banakagni Tomora. Pour lui, le canton pratique un Islam sans courant depuis des lustres.
Après la prompte intervention de la gendarmerie, qui a évité le pire, le Général de division Alexandre Apalo Touré, commandant supérieur de la Gendarmerie nationale, est allé sur les lieux pour échanger  avec les protagonistes y compris avec les autorités administratives, villageoises. Condamnant les comportements  de violence, il a rappelé aux uns et aux autres leurs responsabilités. « Les commanditaires et les auteurs de violences seront entendus et mis à la disposition de la justice parce que force doit rester à la loi », a indiqué le Général de division.
Concernant les 100 millions de francs CFA virés sur le compte bancaire d’un des fils du guide religieux, l’aviculteur de la région du Nord-est,  Ali Ouattara a tenu a apporté un démenti. Il s’est dit même surpris de telles allégations. Pour lui, ces frondeurs devraient même remercier le Cheikh qui a pesé de tout son poids, pour avoir des bailleurs pour la réhabilitation de la mosquée. Le prédicateur Ouattara Mounirou a néanmoins appelé ces partisans à l’apaisement et à éviter tout débordement, le temps que la lumière soit faite sur les motivations réelles de ce dérapage.
Les visites se succèdent au nouveau domicile du guide religieux, installé actuellement à Bondoukou avec sa famille.
Paul de Kouamé



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