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Côte d'Ivoire :Attention, vigilance et "distancia" !

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En me promenant dans certains quartiers et marchés d’Abidjan, j’ai la nette impression que pour une bonne partie de notre population, il ne se passe rien de particulier dans le monde et dans notre pays, et la vie suit son cours normal. Ainsi, en traversant le quartier populaire de Gbagba à Bingerville ou en sillonnant Adjamé, en regardant à l’intérieur des gbakas, ces cars de transport en commun, je rencontre très peu de personnes portant le masque, et ne vois aucun respect des règles de distanciation sociale. Je vois au contraire des personnes serrées dans les gbakas, assises à trois ou quatre sur des bancs derrières des étals, devisant comme si de rien n’était, des jeunes gens jouant au ballon, menant leurs vies de tous les jours, comme si tout ce monde était inconscient du danger qui plane sur notre pays, sur le monde entier.
 
Ont-ils pris connaissance de tous les messages diffusés par nos autorités ? Les ont-ils compris ?
 
Avons-nous vraiment conscience de la réalité de cette maladie ? Réalisons-nous qu’elle fait des milliers de morts chaque jour dans les pays les plus développés ? Apparemment non. Peut-être faudrait-il repenser les messages et la façon de les envoyer à ces populations. Je crains fort que le faible nombre de morts dus à cette maladie et annoncé officiellement dans notre pays ainsi que dans les autres pays africains ne nous induise en erreur. Sans doute que certains de nos compatriotes se disent que si depuis le temps que l’on en parle, cette maladie n’a fait que si peu de morts, c’est qu’elle n’est pas bien grave.
 
Surtout que nous nous précisons souvent que les personnes décédées souffraient d’autres pathologies. 

La réalité est que cette maladie s’est simplement déclarée avec un certain retard sur notre continent, du fait de la faiblesse des relations aériennes que nous avons avec la Chine qui fut le premier foyer de la pandémie. Après l’Asie, la maladie s’est déplacée en Europe avant de toucher l’Afrique. Cela nous a laissé le temps de nous y préparer. Mais elle a fini par arriver chez nous. Et nous avons aussitôt rompu les relations aériennes avec les pays du monde où sévissait la maladie. Les premières mesures prises par nos pouvoirs publics ont sans doute permis de ralentir la propagation de la maladie. Mais elle est toujours présente dans notre pays et nous constatons chaque jour qu’elle ne fait que progresser. Il y a environ un mois, nous en étions à un seul cas. Aujourd’hui nous avons dépassé le demi-millier de cas. Et si le nombre de morts progresse très lentement, il progresse quand même. Si nous relâchons notre vigilance, cette progression pourrait s’accélérer brusquement. Et ce sera à ce moment que nous prendrons conscience de la gravité de la situation.
 
Mais il risque d’être trop tard.
 
N’oublions surtout pas que les chiffres donnés sont ceux des décès connus pour être causés par la maladie à coronavirus. Qu’en est-il de ces personnes décédées prétendument d’un « palu » ou d’une autre « courte » maladie, alors qu’elles ont été en réalité victimes du Covid 19, parce qu’elles n’ont pas pu être testées ? 

Aujourd’hui nous avons dû fermer l’aéroport, les hôtels, les restaurants, les maquis, les bars, les boîtes de nuit, limiter la circulation des populations entre Abidjan et le reste du pays, fermer toutes nos frontières… Cela a mis des milliers de personnes au chômage et représente un énorme manque à gagner pour ceux qui ont investi dans ces activités, ainsi que pour l’Etat qui touche les impôts et taxes. Des temps difficiles nous attendent. Il s’agit aussi bien de l’Etat, dont nous attendons tout et dont les ressources vont baisser, que de chacun de nous. Plus cette crise durera, plus de personnes perdront leurs emplois et plus notre situation économique deviendra difficile. Et le temps que nous mettrons dans cette crise dépendra de notre discipline et de notre sens des responsabilités. Certains pays européens commencent à sortir du confinement.
 
Parce qu’ils ont accepté les sacrifices qu’exigeait la situation.
 
Si nous refusons de consentir aux petits sacrifices qui nous sont demandés aujourd’hui parce que nous ne voulons rien changer à nos habitudes, il est à craindre que nous n’ayons à payer un prix beaucoup plus grand et plus douloureux dans un futur pas très lointain. L’Etat de son côté devrait certainement adapter sa communication à l’endroit de certaines communautés et veiller à ce que les décisions qu’il a arrêtées soient respectées. Au besoin en utilisant la coercition comme cela se fait ailleurs. Lorsque l’on dit par exemple que le port du masque est obligatoire dans l’espace public, l’on doit veiller à ce qu’il en soit ainsi. Sinon certaines mesures que l’on a prises n’auraient plus de sens. A quoi servirait-il d’imposer un couvre-feu la nuit si durant la journée nous ne respectons aucune des règles destinées à ralentir la circulation du virus ? A quoi servirait-il de fermer les restaurants si des milliers de personnes peuvent se rassembler, se toucher et se frôler, sans masques, sans aucune distanciation sociale ? Il ne faudrait pas que les entreprises normalement constituées, celles qui paient des impôts et respectent les règles, aient le sentiment d’être les seules à supporter le fardeau de la crise tandis que les entreprises informelles, elles qui ne contribuent en rien au budget de l’Etat, en sont épargnées.
Terminons avec cette interrogation : les restaurants fermés peuvent-ils faire des plats à emporter par les clients ? L’on m’a rapporté le cas d’un restaurant qui a vu tout son matériel emporté par des policiers pour avoir préparé des plats que les clients venaient chercher sans les consommer sur place, et donc sans s’asseoir.
Venance Konan

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