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Politique

Côte d'Ivoire 2020 : lucidité préventive

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Vous revenez, ce matin, sur une interview qui a été diffusée jeudi 26 septembre, sur RFI, et dont les effets, selon vous, ont pu être éclipsés par la disparition de Jacques Chirac. Mais pourquoi tenez-vous tant à en proposer, ce samedi, une explication de texte ?
Parce que Mathias Hounkpè, l’invité de Christophe Boisbouvier, a eu les mots justes, le meilleur diagnostic qui soit sur la situation de la Côte d’Ivoire, et les Ivoiriens auraient tort de s’estimer, en quelque sorte, sauvés par le gong de la disparition de Jacques Chirac. En espérant peut-être ne plus avoir à entendre ces vérités essentielles qui, seules, pourraient éviter à la Côte d’Ivoire un nouveau drame post-électoral, pour ne pas dire une nouvelle guerre civile, en 2020. Les analyses du chercheur valent bilan de santé pour la nation. Encore faut-il que les principaux acteurs de la vie politique ivoirienne ressentent la nécessité, pour leur pays, de consulter, de s’interroger sur ce qui les guette.
La prochaine présidentielle semble être à haut risque, alors que les principaux leaders politiques ivoiriens, à l’évidence, ne pensent qu’à ce qu’ils estiment leur rester de  carrière, à leur soif de pouvoir, pour le conquérir, le reconquérir, ou le conserver. Voilà pourquoi les Ivoiriens devraient noter ce premier avis du Dr Hounkpè  : il suggère à Alassane Ouattara, le président sortant, et à ses deux prédécesseurs, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié qu’ils rendraient service à la Côte d’Ivoire, en décidant simplement de ne pas se présenter pour la prochaine élection présidentielle. Parce que, explique-t-il, leurs seuls noms génèrent bien trop de tensions dans le camp adverse…
Est-ce vraiment à ce point ?
Son intention n’est pas de déplaire à ces leaders qui peuplent, depuis plus d’un quart de siècle, les rêves et les cauchemars de leurs concitoyens. « Ce qui va se jouer dans cette présidentielle 2020, dit-il, c’est la division Nord-Sud ». Félix Houphouët-Boigny leur a laissé un pays où le pire des divisions ethniques se limitait aux amicales plaisanteries, dont tous riaient. Ils en ont fait un pays désuni. Il est un temps où même ceux qui se croient prédestinés à vie à la magistrature suprême doivent savoir s’effacer, pour rendre à leurs compatriotes les espérances qui redonnent aux peuples l’envie de se surpasser, de s’élever. La Côte d’Ivoire ne manque ni de cadres ni de talents. Et lorsque trois leaders se transforment en un plafond de verre pour tous les talents et les énergies d’un pays, l’on ne peut pas dire que ce n’est pas préoccupant.
Mathias Hounkpè interpelle, par une leçon de très grande sagesse, Henri Konan Bédié qui, à 86 ans, pense pouvoir prendre une revanche sur le sort en se présentant, en compensation de sa chute par un coup d’État, en 1999 : « Vous êtes justement patriote, parce que vous êtes capable de renoncer à ce qui vous revient, pour promouvoir ce qui appartient à tout le monde ».
Pourquoi Mathias Hounkpè dit-il qu’il faut nuancer le jugement sur les performances économiques du régime actuel, alors qu’elles sont pourtant vantées par certaines institutions financières internationales ?
Nous sommes toujours, ici, au cœur de la question de ce que valent les indicateurs qui plaisent tant au FMI et à la Banque mondiale, et n’ont, hélas, que peu d’effet sur les réalités que vivent les populations. Le chercheur a, d’ailleurs, utilisé à ce propos un terme auquel la diplomatie américaine recourait du temps de Ronald Reagan : la théorie du ruissellement. Vous ne pouvez dire aux planteurs qu’ils vivent le long d’un fleuve majestueux, si celui-ci ne leur est d’aucune utilité, pour irriguer leurs champs. Ce n’est pas à la fraîcheur du champagne dans les villas cossues de Cocody ou de la Riviera Golf que devraient s’apprécier les effets de la croissance, mais dans les taudis d’Abobo et dans les cours communes de Yopougon ou de Treichville.
Concrètement, ces performances économiques reconnues à l’étranger n’ont pas touché beaucoup d’Ivoiriens, selon Mathias Hounkpè, qui souligne que, dix ans bientôt après l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, le budget de la Côte d’Ivoire, cette année, a été présenté comme devant mettre « un accent particulier sur la réduction de la pauvreté ». Réduire la pauvreté, plutôt que de la vaincre est souvent perçu par les populations comme un affligeant manque d’ambition.
C’est pour ces raisons, et pour bien d’autres, que le chercheur affirme qu’il demeure, en Côte d’Ivoire, un certain nombre de « points de fragilité », que les dix ans de Ouattara n’ont pas réussi à résoudre. Ainsi de la réconciliation nationale, de la question de la nationalité, des rivalités ethniques, du désarmement, et d’autant de chantiers inachevés.
Au point de suggérer qu’il subsiste des risques de guerre civile, même s’ils n’ont pas la même ampleur aujourd’hui qu’en 2010…
Il affirme que quand vous allez en Côte d’Ivoire et que vous parlez avec les gens, vous voyez très bien que le problème ethnique demeure. C’est pour cela qu’il suggère que les candidats qui se présenteront ne soient pas trop marqués par l’histoire, car c’est le seul moyen de réduire les risques naissants de résurgence de conflits ethniques.



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