A la mort de Félix Houphouët-Boigny, le premier président de notre pays, M. Henri Konan Bédié devint son successeur. On prêta à M. Alassane Ouattara qui était le Premier ministre d’Houphouët-Boigny d’avoir voulu conserver le pouvoir en dépit de la constitution qui prévoyait qu’en cas de décès c’était au président de l’Assemblée nationale, en l’occurrence M. Bédié, que devait revenir le pouvoir. M. Ouattara partit travailler au Fonds monétaire international (FMI) en faisant toutefois savoir qu’il pourrait revenir briguer le pouvoir plus tard. M. Bédié fit alors adopter une loi qui réservait la présidence aux Ivoiriens nés de père et de mère eux-mêmes Ivoiriens de naissance. M. Ouattara était soupçonné d’avoir un de ses parents originaire d’un autre pays. Dans le même temps se développa un concept appelé ivoirité qui se voulait un concept culturel pour désigner ce qui était spécifiquement ivoirien. Mais ce concept, et cette loi se télescopèrent, se fondirent, se mélangèrent pour donner quelque chose qui fit que nous commençâmes à nous distinguer entre « vrais » et « faux » Ivoiriens, entre Ivoiriens de « souche multiséculaire » et Ivoiriens « de circonstance », entre Ivoiriens « 100% » et autres Ivoiriens, etc. Et de fil en aiguille, on en vint à faire la chasse aux populations du nord, accusées globalement de venir d’ailleurs, mais surtout de soutenir M. Ouattara. On les accusa d’avoir des papiers falsifiés, d’avoir fraudé sur la nationalité. Ils étaient harcelés à tous les barrages de police et certains virent leurs papiers déchirés par des policiers. Il y eut des conflits intercommunautaires un peu partout, dans les zones forestières, sur les lacs Kossou et Ayamé. On parla de ces étrangers qui voulaient voler notre belle nationalité et nos si riches terres. Chacun sortit son anecdote sur tel pan de notre économie occupé par tel groupe d’étrangers, et sur tel pays où l’Ivoirien n’avait même pas le droit de conduire un taxi. On parla de ces gens que l’on enrôlait pour fausser notre élection, et aussi de ces hommes armés que l’on convoyait chez nous. Dans la région de Tabou, l’on chassa des dizaines de milliers de paysans Burkinabé, Lobi et d’autres ethnies assimilées à des Burkinabés, au motif que l’un des leurs aurait tué un autochtone. Et qu’une loi tribale prescrivait le bannissement du coupable pendant sept ans. Là, on choisit de punir toute une collectivité pour un crime imputé à une seule personne, et l’Etat ne réagit pas. C’est à cette époque que l’on connut les mots autochtone, allogène, allochtone. Notre pays se trouva divisé. Des amis arrêtèrent de se parler parce que l’un soutenait l’ivoirité et l’autre pas. La haine se répandit dans tout le pays. De nombreuses personnes nous mirent en garde contre la destruction de notre nation que nous étions en train d’orchestrer ; mais nous étions devenus sourds et aveugles. Et un jour de Noël, il y a vingt ans, un coup d’Etat balaya le pouvoir de M. Bédié. Il n’y eut pas grand monde à l’extérieur pour le regretter. Le général Guéï qui prit le pouvoir fustigea l’ivoirité dans un premier temps, puis l’endossa lorsqu’il décida de conserver le pouvoir. Nous avons oublié tout cela aujourd’hui.
Laurent Gbagbo balaya le général Guéï en 2000, mais continua d’appliquer l’ivoirité sans employer le mot. Deux ans après son avènement, une rébellion éclata au nord. De nombreux jeunes gens qui s’estimaient exclus par l’ivoirité la rejoignirent. Elle dura huit longues années et s’acheva après l’élection présidentielle de 2010 qui fut suivit d’une guerre. Une guerre qui nous coûta au moins trois mille morts. Nous avons oublié tout cela !
Ô peuple amnésique, quel sera ton châtiment ? Celui qui ne tire aucune leçon de sa propre histoire se condamne à la revivre. Oui, plus de vingt ans après, nous voici en train de rééditer la même histoire. Le même Bédié, celui qui inventa l’ivoirité, nous parle à nouveau de hold-up sur la Côte d’Ivoire. Il nous parle sans avancer le moindre élément de preuve, de personnes à qui l’on confectionnerait des papiers dans la commune d’Abobo, certainement pour fausser notre future élection. Il nous parle également de ces étrangers que l’on a fait venir dans nos plantations et qui se sont installés à leur propre compte et agressent même les planteurs ivoiriens à qui ils disputent la propriété des terres. Et il conclut en affirmant que l’on fait en sorte que l’Ivoirien soit étranger chez lui, ce que les Ivoiriens « n’accepteront jamais ». Pauvre peuple de Côte d’Ivoire qui ignore que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Les mêmes débats d’il y a plus de 25 ans ont refait leur apparition sur les réseaux sociaux. On nous ressort les mêmes vieilles histoires pour nous démontrer que les autres pays sont pires que nous en matière de xénophobie. Notre pays est à nouveau en train de se diviser, et la haine pointe encore une fois le bout de son nez. Des conflits intercommunautaires éclatent à nouveau un peu partout. Pauvres de nous ! On peut pardonner à nos enfants et petits frères de moins de quarante ans de ne pas savoir où ils mettent les pieds en engageant aujourd’hui ce débat nauséabond, mais certainement pas toi, Bédié ! On peut pardonner à ceux qui avaient mené ce débat il y a vingt-cinq ans de n’avoir pas su où il allait conduire le pays. Aujourd’hui personne ne peut dire qu’il ne le sait pas.
Venance Konan
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COMMENTAIRES
Publié le :
6 décembre 2019Par:
Dahikro@Bénié on parle de nationalité et non de propriété. Un Ouédrago de mère Bété ou Sénoufo est ivoirien et un Attié né en France est étranger. Un blanc né avant 1972 est ivoirien. Si un Ebrié me vend son champ je peux lui en interdire l’acces et ça va pas quelque part. C’est Kohan ça yéPublié le :
6 décembre 2019Par:
papusDes problemes de fond ont etes poses par le chef d'un parti d'oppostion sur un certains nonbre de fleaux qui menacent la CI malheureusement on cherche a faire diversion au lieu de les resoudre' Que fait le gouvernement pour mettre fin a l'orpaillage clandestin denonce par tous les rapports des autorites administratives et les multinationales qui exploitent legalement ces minerais? On parle meme d'un manque a gagner de 400 millard par an a l'ETAT,sommes nous aussi riches pour refuser une telle manne financiere? A DAOUKRO chez VENANCE KONAN et au nord a kouto des enfants mineurs ont deserte l'ecole pour se donner a cette activite, doit-on rester silencieux sur un tel phenomene? Pour faire bonne conscience FRAT-MAT parle de fermeture de 12 sites dans son edition d'hier si le ridicule tuait. QUant a l'exploitation illegale de la foret a l'ouest infiltres par des burkinabes et autres africains que fait le gouvernement pour y remedier depuis la fin de la crise?Publié le :
6 décembre 2019Par:
Forestier de LahouDans un pays qui n'a qu'une soixantaine d'années d'existence, la notion d'ivoirien de souche séculaire" n'a aucun sens.Publié le :
6 décembre 2019Par:
BENIEPOURQUOI ETRE FRUSTRE QUAND L'ON EVOQUE LE MOT ETRANGER EN CI. RECONNAITRE SON ORIGINE, PAS DE QUOI AVOIR HONTE! UN PAYS NE PEU APPARTENIR A TOUS LE MONDE? QUE _ JE SACHE.Publié le :
6 décembre 2019Par:
MdLe problème en côte d ivoire est le fait que certaines ethnies se croient plus ivoiriens quue d autres certes dans tous les pays du mondu monde on peut soulever ce problème de l immigration mais chez nous on confond géneralement le nordiste ivoirien aux ressortissants des pays limitrophres j en ai vecu l experience en 1996 l année de mon obtention du bac où un juge m a dit que je porte un nom cedeao donc que je ne peux avoir la nationalité ivoirienne au tribunal de la ville de man alors que j avais ma carte f identité verte et les cartes de mes deux parents je lui ai dit que certes je suis diabate mais de touba donc un mahouka tellement surpris je lui ai dis que je peux même appeler mon père paix à son âme au tribunal pour qu il vienne temoigner malgré cela ce juge refusa de m accorder le certicat de nationalité donc qu on fasse très attention posons ce débat sans passion pour ne pas qu on assiste à des frustations et des dérives .Publié le :
6 décembre 2019Par:
BêtiéNous tous on sait que beaucoup de Yacoubas sont des Gbérèssè de Guinée mais on dit rien. Beaucoup d’Agnis ont leur village au Libéria, beaucoup de Guéré et de Kroumens sont des libériens cachés, beaucoup de Sénoufos sont vraiment de Sikasso et beaucoup de Koffi sont du Togo. Beaucoup de Boni, de Bédié et de Konian sont du Bénin. C’est pas Dioula seulement qui est suspect. Bédié fait honte. C’est normal il a toujours vécu sur le dos de l’état. C’est pas lui qui a armé ses frères Baoulé pour se défendre contre les Wês dans les forêts classées de l’Ouest?Publié le :
6 décembre 2019Par:
LE GARANTVENANCE, TU ES COURAGEUX ET INFATIGABLE. TU A TOUJOURS PREVENU BEDIE, MAIS CERTAINS SUR CE FORUM NE COMPRENANT PAS VOTRE DEMARCHE VOUS TRAITE D'OPPORTUNISTE ET ALIMENTAIRE, ALORS QUE VOTRE SOUCI A MON AVIS SE RESUME A 2 CHOSES: 1/ LA COTE D/IVOIRE - 2/ L'IMAGE ET L'HONNEUR DE TONTON BEBIE. Venance est constant avec Bédié en lui alertant et lui disant la vérité et rien que la vérité. Bédié avait été interpellé par un de ses grands-frère qui lui avait dit qu'il avait cassé le " canari de bandji " pou lui rappelé qu'il était à la base de l'implosion du Pdci, pour la simple raison qu'il a ignoré les préceptes et la haute vision politique de son père Nana Boigny. Il avait écarté ou mit à l'écart les éminentes personnes ressources expérimentés du vieux, en s'entourant des pseudos intellos qui lui distillaient les théories de laboratoire au parfum de Goebbels pour faire de la politique. Dommage qu'il a dejà oublié cette séquence malheureuse est ses lourdes conséquences. DOMMAGE BEDIE............Publié le :
6 décembre 2019Par:
Fognon.@ Koissy Marie Bernard. Ah bon, les ivoiriens sont matures quand leurs leaders pondent des inepties sans s'inquieter de la portee de ce qu'ils disent. Est-ce cela une des delices de la liberte d'expression? Alors Pourquoi Venance ne doit pas dire ce qu'il pense? Sure, la parole est sacree; elle detruit plus qu'elle n'assagit. Conseille ceux que nous regardons avec respect de se retenir, de peser leurs mots et phrases. Le respect peut etre perdu, de nos jours, en un clin d'oeuil. Soulever des problemes et difficultes n'est pas bani C'est les accusations fallacieuses qui empoisonnent le message. Bedie est plus expressif etant silencieux ou considerant avec ses propos. C'est aussi simple que xa. A+Publié le :
6 novembre 2019Par:
Lago Tape"Bédié" n'a fait que répéter ce que le gouvernement lui-même a annoncé à propos de l'orpaillage clandestin et, lorsqu'il y a eu les crises de Mont-Peko et autres. . C'est le gouvernement lui-même qui a annoncé que les forêts classées de Côte d'Ivoire et les parcs nationaux sont occupés (illégalement) par des populations allogènes venues principalement du Burkina et du Mali. (En ethno-sociologie, un groupe allogène (ou allochtone) est un groupe ethnique installé depuis relativement peu de temps sur un territoire et présentant encore des caractères culturels ou phénotypiques qui le distinguent de la population indigène). Il y a eu des décisions de justice prises par la Justice Ivoirienne qui recommandent l'expulsion de ces groupes allogènes des forêts classées et des parcs nationaux ivoiriens. Le gouvernement ivoirien a suspendu l'exécution de ces mesures en disant qu'il allait trouver par la voie de la négociation d'autres pays d'accueils CEDEAO pour tous ces "refugiés et leurs familles, de la crise alimentaire et climatique" au Mali et au Burkina, car tous ne peuvent pas être repris par le Burkina Faso et le Mali, leurs terres d'origine. Bref, on ne peut pas taxer "Bédié" de racisme et xénophobie sur la seule base de ses déclarations (qui sont celles du gouvernement auparavant). Si on veut accuser "Bédié" de racisme et de xénophobie, alors il faudrait plutôt se référer à sa désastreuse politique de "l'ivoirité" et non pas à ses déclarations actuelles.Publié le :
6 novembre 2019Par:
Koissy Marie BernardMonsieur Venance Konan: A l’instar des autorités ivoiriennes, vous occultez le débat de fond. Dans une république démocratique, il est normal qu’un homme politique soulève des idées aussi répugnantes soient-elles. Certes la CI n’en est pas à ce stade d’évolution, mais il serait bon qu’on y arrive pour permettre aux individus de s’exprimer librement sur n’importe quels sujets d’actualité. Pour l’heure je constate malheureusement, que ni vous, ni les représentants du gouvernement, que ce soit son porte-parole ou celui du RHDP, n’adressent le sujet de fond. Le problème des orpailleurs clandestins est véridique. N’est-il pas? Celui des flux migratoires et des étrangers avec des faux papiers et qui peuvent en période électorale servir de bétail n’est-il pas? De quelqu’un comme vous on attend des arguments, tout comme de la part du gouvernement et non pas des menaces d’emprisonnement ou des insultes. Les ivoiriens sont matures à présent et veulent débattre des vrais problèmes affectant leur avenir. C’est de cela qu’il s’agit et non pas de faux discours qui ne les font pas avancer.Publié le :
6 novembre 2019Par:
coul23Personne n'empeche personne de chanter sont ivoirite ou sont affaire d'etrenger par-ci ou par-la . Ce qui est sure et certin , ont vous voit venir...mais ont vous attend...jusq'au jours ou vous allez courageuseument montrer du doig ce etranger la....c'est la que nous verrons qui est qui dans ce pays . Chancuns est pret de sont cote , et chacuns attend le coup de siffle !! Pour qu'une foi l'on sache a qui appartiens enfin le tittre foncie de la Cote d'ivoire . Quel foutaise , les enfants des ghaneen et liberian...qui sont venus trouve nos parents sur la terre de ce pays devenus aujours la Cote d'ivoire...veulent nous traitez d'etrenger....on est ou la ???Lui Bedie , c'est discours au ghana a nsunta dans le village natal des baoule sont toujours d'actualite!. On vous attend seulement . Cette fois-ci il n'aura pas le soutiens de l'armee et la Gendarmerie derriere un groupe ethnique ! on va ce TAPER decus jusqu'au dernier....comme cala , les vivant vont ce RESPECTER . Commencer donc ; nous vous aiderons a terminer .Trops c'est trops .Publié le :
6 novembre 2019Par:
Fognon.L'ivoirite est la; l'ivoirisme arrive. Xa va pas prendre longtemps meme. A+PLUS D'ARTICLES
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Publié le :
6 décembre 2019Par:
fama