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Au chevet de Notre-Dame, la prière les larmes aux yeux

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Des centaines de personnes se sont rassemblées lundi 15 avril soir sur la place Saint-Michel, à Paris, pour entonner des prières pendant que les pompiers combattaient l’incendie de la cathédrale Notre-Dame
 
Que dire quand le chagrin étouffe la parole ? Devant le spectacle de la cathédrale Notre-Dame de Paris ravagée par les flammes, les mots sont parfois introuvables pour les nombreux fidèles réunis en prière sur la place Saint-Michel, au soir du 15 avril. Alors ils égrènent le chapelet, serrés les uns aux autres, de voix tristes en un chœur harmonieux. Car s’il est fréquent d’entendre des croyants avouer qu’ils ne prient pas faute de savoir que dire, beaucoup ce soir-là prient car ils ne trouvaient plus les mots.
 
Il est 22 heures, et Victor, franco-italien de 22 ans, est sur la place depuis le départ du feu. Il a vu la prière s’élever lentement, spontanément des groupes de fidèles venus dès qu’ils ont appris la nouvelle de l’incendie. Il s’est joint à eux pour trouver « une catharsis ». L’édifice s’effondrera, il en est certain, mais il souhaite être « le témoin des derniers vestiges de la cathédrale, de l’Histoire qui brûle devant nous ».
 « On prie les larmes aux yeux », confie l’abbé Pierre-Hervé Grosjean du diocèse de Versailles. Lui aussi a voulu se joindre aux fidèles, et partager leur douleur. « C’est un lieu très cher, dans lequel on a prié dans les joies et dans les peines, qui nous a toujours rassemblé. Aujourd’hui c’est à nous de nous rassembler pour Notre-Dame. »
« Ils ont réussi à sauver le saint sacrement et la couronne d’épines, ce sont des héros »
Tous espèrent que les sapeurs-pompiers parviendront à contenir l’incendie. Beaucoup prient pour ceux qui combattent pied à pied la fournaise, juchés au péril de leur vie entre les deux tours de la cathédrale. « Ils ont réussi à sauver le saint sacrement et la couronne d’épines, ce sont des héros », commente Pierre Téqui, conservateur de bibliothèque de la Maison Chateaubriand et chroniqueur sur RCF, adossé à l’entrée d’un bar. Il contient son émotion, mais semble sous le choc. Un silence, puis il laisse s’échapper un soupir. « C’est atroce... »
 
À l’intérieur, ses amies se sont installées pour dérouler le fil des réseaux sociaux. « Heureusement les reliques sont sauves », confie Isabelle, 32 ans, doctorante en histoire de l’art. « On est sorti dire le chapelet, c’est la seule chose qui apaise. »
C’est autant de la tristesse que de la colère qu’elles ressentent ce soir. Oui, l’origine de l’incendie est encore inconnue, et elles « ne veu(lent) pas être complotistes » mais les nombreux actes de vandalisme visant des églises ces derniers mois les portent à penser qu’il pourrait s’agir d’un acte antichrétien. Le parquet de Paris rejette pour le moment un acte volontaire et a ouvert une enquête du chef de « destruction involontaire par incendie ».
Soudain, hors du bar, une salve d’applaudissements se fait entendre. « Les pompiers viennent d’annoncer que la structure est sauve, elle ne s’effondrera pas », affirme Thomas, jeune séminariste de 30 ans, soulagé. Partage-t-il la colère de certains fidèles ? « Je ne suis pas à l’aise quand on commence à désigner des coupables. Si on ressent de la colère, il faut se convertir pour entrer dans la douceur du serviteur souffrant. »
Plus tôt dans la journée, il lisait Le serviteur de l’éternel. Un texte d’Isaïe, prophétique : « Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton et ne fera pas entendre sa voix dans les rues. Il n’éteindra pas la mèche qui fume encore, mais c’est en toute vérité qu’il révélera le droit. » En cette semaine sainte, Thomas pense aussi à la parole du Christ : « détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai ».
« Ces chants et ces prières, c’est un moment de lumière »
La crainte du pire écartée, le chapelet cède à un Ave Maria. Âgée de 24 ans, Hortense est venue avec ses colocataires prier au pied de « ce monument de foi incarnée ». Elle comprend la colère qu’expriment certains, mais ne la partage pas. Elle hausse la voix pour dominer la clameur de la foule, croissante, qui salue le passage des pompiers. « C’est l’appel du cœur qui m’a fait venir. Ce drame nous ramène à l’essentiel, au chevet de ce qui est fragile, mais aussi de la permanence et de la lumière. Et ce qu’on entend là, ces chants et ces prières, c’est un moment de lumière. Ça nous fait beaucoup de bien. »
 
Un homme s’arrête pour demander le nom du chant qu’entonnent les fidèles.
« Céleste Jérusalem », lui répond une jeune femme. Il reste quelques instants, écoute les paroles, et à son tour ânonne timidement le refrain. « J’ai vu plusieurs non-croyants chercher les textes sur leurs téléphones et chanter avec nous », sourit Axelle, 24 ans. Le signe, d’après elle, que la foi n’est jamais loin. « Au début on était dévasté, mais maintenant je suis émerveillée de voir autant de personnes communier ici », poursuit-elle.
Quelques mètres plus loin, une voix métallique se fait tout à coup entendre. La foule s’étonne, croit d’abord à un avertissement de la police, avant de reconnaître les premiers vers de Regarde l’étoile. Sur la place, les jeunes, nombreux, font de la main le salut scout. À bout de bras, Edouard, 24 ans, paroissien de Saint-Germain-des-Prés, porte le haut-parleur au-dessus de sa tête. Il ne l’a pas emmené exprès : il vient de le récupérer pour un voyage en Terre Sainte la semaine prochaine. « C’est un hasard », dit-il comme pour s’excuser. « Le Seigneur fait bien les choses. 



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