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Politique

Le peuple algérien n’est plus disposé à faire la moindre concession

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Le haram est consommé
Le 8 mars 2019, pour la troisième semaine consécutive, les Algériens sont descendus dans la rue pour contester la candidature du président Abdelaziz Bouteflika qui vient de signer son retour au bercail, après un bref séjour médical à Genève. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éclat de ce troisième vendredi de contestation a été rehaussé non seulement par le nombre impressionnant de manifestants, mais aussi par la présence de la gent féminine.   Cette participation massive féminine est pratiquement inédite en Algérie. Et cela devrait faire réfléchir par sept fois les tenants du maintien, coûte  que coûte, de la candidature du malade le plus exquis d’Algérie, car ne dit-on pas que « ce que femme veut, Dieu le veut » ? En tout cas, quand l’autre moitié du ciel s’engage pour une cause, ce n’est pas pour s’arrêter à mi-chemin.
L’entourage de Boutef  semble se délecter de l’art de camoufler la vérité
Mais l’on peut se poser la question de savoir si les autorités algériennes sont capables, aujourd’hui, de lire, comme il faut, les signes des temps. L’on peut y répondre, sans grand risque de se tromper, par la négative. En effet, pendant que la colère populaire monte en puissance, le groupuscule d’hommes et de femmes qui ont tout intérêt à garder le statu quo, s’ingénie à vouloir cacher le soleil avec leur index. L’un de ces sulfureux hommes est le nouveau directeur de campagne du candidat Boutef. En effet, Abdelghani Zaalane, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a eu aucun scrupule à déclarer récemment que l’état de santé de son mentor n’inspirait aucune crainte. Au-delà de cette personnalité, c’est pratiquement tout l’entourage de Boutef qui semble se délecter de l’art de camoufler la vérité. Et ce faisant, non seulement ils n’ont aucune considération pour le vieil homme souffrant, mais aussi ils érigent le mensonge en moyen de gestion des affaires corsées de l’Etat. Et cette posture, du point de vue de la morale islamique, s’apparente à du haram, c’est-à-dire à un grand péché. Et tout cas, par là, ils ne rendent service ni à Boutef ni à l’Algérie. Et l’avion présidentiel que les autorités algériennes viennent de dépêcher, hier à Genève, pourrait participer de leur stratégie de maquillage de la vérité. En effet, à quelques encablures de l’examen des candidatures par le Conseil constitutionnel, derrière ce fait, pourrait se cacher le message suivant : « L’on vous avait déclaré que l’état de santé de notre candidat n’est pas préoccupant. Il a été juste envoyé en Suisse pour un contrôle médical. Pour vous rassurer, nous y avons dépêché l’avion présidentiel pour le ramener au bercail pour faire face aux électeurs ». Et depuis le début de la maladie de Boutef, c’est-à-dire en 2013, c’est ce discours fondé sur le mensonge et le faux qui est servi invariablement au peuple algérien, à propos de la santé du président. Et les Algériens aujourd’hui sont irrités qu’on les prenne pour de grands enfants. C’est ce ras-le-bol qui s’exprime  dans la rue. Et derrière cette colère légitime dont l’élément déclencheur aura été la candidature du vieil homme grabataire pour un 5e mandat, se cache la volonté du peuple algérien de régler ses comptes avec le FLN (Front de libération national) pour n’avoir pas été  à la hauteur de ses attentes pendant la période post-indépendante. De ce point de vue, l’on peut dire que l’on assiste, aujourd’hui, en Algérie, à la fin de deux mythes. Le premier est lié à la personnalité de Bouteflika.
Le peuple algérien n’est plus disposé à faire la moindre concession
Et effet, celui-ci a été de tous les combats du FLN. Avec son mentor Boumediene, il incarnait l’aile dure de la révolution algérienne. Et depuis 20 ans, il a réussi, comme par magie, à arrimer l’Algérie à une relative stabilité. Et c’est toute cette image digne d’une divinité qui est en train d’être profanée par la rue. Mais c’est Boutef lui-même qui l’y a poussé par son obstination maladive à s’accrocher à son trône et cela malgré son âge et son état pratiquement végétatif. Le deuxième mythe qui s’effondre sous nos yeux,  est celui du FLN. En effet, ce parti, à sa création, était pratiquement perçu comme un don d’Allah à l’Algérie si fait que pendant des décennies, la moindre critique à son endroit, passait pour un blasphème.
Ce mythe, aujourd’hui, a été brisé par la rue. L’impensable est donc en train de se produire. En effet, les Algériens n’ont plus peur aujourd’hui de vouer publiquement le FLN aux gémonies pour sa gouvernance politique, économique et sociale exécrable de l’Algérie post-indépendante. Et tout porte à croire que le peuple algérien n’est plus disposé à faire la moindre concession à l’ensemble de la classe politique qui a été nourrie à la mamelle du FLN. Et en Algérie, trouver une personnalité politique qui ne soit pas passée par l’école de ce parti-Etat relève quasiment d’une gageure.  C’est pourquoi il est difficile de trouver une   alternative à l’impasse politique dans laquelle patauge l’Algérie aujourd’hui. Et les jeunes qui battent le macadam, pourraient ne pas se contenter d’une révolution de palais qui verrait l’avènement d’un corps habillé qui a grandi à  l’ombre du FLN. En réalité, ce dont ont besoin ces milliers d’Algériens en colère contre le 5emandat de Boutef, c’est d’une renaissance politique de leur cher pays, qui leur garantirait un avenir sur leur sol en termes de liberté et d’emplois décents.
Tous les hommes politiques qui sont conscients qu’ils ne sont pas à la hauteur de relever ces défis, doivent avoir le courage et l’honnêteté de renoncer à présider aux destinées de l’Algérie d’aujourd’hui. Et la personne qui, en premier lieu, devrait avoir cette posture, est Bouteflika. Et s’il n’est pas suffisamment lucide pour le faire, tous ceux qui l’aiment et qui ont encore un grain d’amour pour l’Algérie, doivent l’y aider. Ce n’est pas en agitant le chiffon rouge du risque de déstabilisation qu’ils feront baisser la fièvre. La preuve, quand Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, a mis en garde les manifestants et fait la comparaison avec la  crise syrienne, la rue lui a répondu en chœur : « Ouyahia, l’Algérie n’est pas la Syrie ».
« Le Pays »



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