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Politique

Côte d'Ivoire :Soro , l’auto-victimisation comme stratégie de conquête du pouvoir

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Ce qui était improbable il y a seulement quelques mois, est devenu réalité depuis le 8 février 2019, date du dernier coup de maillet donné par Guillaume Kigbafori Soro en tant que président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire. L’ex-leader de la rébellion devenu Premier ministre puis président du Parlement ivoirien à la faveur des différents soubresauts que la Côte d’Ivoire a connus durant les deux dernières décennies, a, enfin, décidé de clarifier sa position par cet acte inédit dans l’histoire politique de son pays, c’est-à-dire sa démission de ses prestigieuses fonctions de chef du pouvoir législatif. Il a été poussé vers la sortie par ses propres ambitions présidentielles qu’il laissait transparaître dans ses déclarations et dans ses entrevues privées depuis un certain temps, mais également par le président de la République, Alassane Ouattara, qui voyait en lui un adversaire politique depuis qu’il a refusé de rejoindre le parti unifié du RHDP qui gère désormais le pouvoir à Abidjan. Dans son discours d’adieu ou plutôt d’au revoir comme il l’a lui-même précisé, Guillaume Soro alias Bogota a seriné les raisons pour lesquelles il a décidé de démissionner, avant d’annoncer de manière elliptique son retour prochain dans l’arène politique, comme pour dire à ses adversaires qui pourraient se délecter de son départ, qu’il ne regagnera pas sa villa cossue de Marcory  résidentiel pour se morfondre. Bien au contraire! C’est, en tout état de cause, une opération réussie de déminage contre ses concurrents potentiels dans l’entourage du chef de l’Etat, mais c’est également un ouf de soulagement pour ses partisans qui le pressaient de rendre le tablier et de sortir enfin du bois en annonçant sa candidature à la présidentielle de 2020. On a donc assisté à une sorte de rupture de contrat à l’amiable entre les deux héros de la guerre fratricide qui a affreusement balafré la Côte d’Ivoire en 2010-2011, mais comme nous sommes en politique, les crocs-en-jambe et les coups de burin dans le dos et sur la nuque, vont être mis à contribution, peut-être même dans un bref délai, pour s’anéantir mutuellement, dans la perspective de la présidentielle de 2020.
Il est fort possible qu’une loi de nature exclusiviste soit votée
Mais dans ce combat de gladiateurs où tous les coups sont permis, c’est Guillaume Soro qui risque gros d’autant qu’en dépit des assurances et de la sérénité affichées par les ‘’brasseurs de vent’’ qui l’entourent, c’est le camp d’Alassane Ouattara qui détient désormais toutes les cartes et n’hésitera pas, le cas échéant, à s’en servir pour le disqualifier de la course au pouvoir. C’est probablement parce qu’il sent venir ce danger que le dorénavant ex-président de l’Assemblée nationale joue la carte de la victimisation, en se faisant passer pour le champion de la paix et de la réconciliation, qui refuse de hurler avec les loups du…RHDP et qui, selon lui, pour l’intérêt de la Côte d’Ivoire, accepte de consentir ce sacrifice. Et pour aller jusqu’au bout de cette auto-victimisation, il lance de manière théâtrale un appel à l’aide afin que le ‘’chômeur’’ qu’il est devenu, puisse nourrir sa famille. Il n’en fallait pas davantage pour voir ses thuriféraires accourir avec des sacs de riz, mais cette image d’homme politique modeste et vivant les dures réalités de l’Ivoirien lamda, est loin de ressembler à Guillaume Soro dont on dit qu’il possède des comptes bancaires off-shore débordant de dollars. Mais comme il s’agit d’une stratégie de communication entrant dans le cadre de la conquête du pouvoir, on ne peut pas lui en tenir rigueur, d’autant qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps pour convaincre ses compatriotes qu’il s’est définitivement départi de ce passé de rebelle impitoyable vis-à-vis de ses adversaires, et insatiable quand il s’agit de faire fortune. C’est justement ce passé connu de l’homme, qui constitue aujourd’hui son plus gros handicap dans le derby du Nord entre le camp du président Ouattara et le sien, et plus généralement, dans la compétition électorale à venir pour occuper le fauteuil présidentiel. Mais comme la fin justifie les moyens, Guillaume Soro pourrait bien tenter de se rapprocher de sa famille idéologique de la gauche incarnée par le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo qu’il a pourtant combattu une décennie durant, mais aussi du PDCI de Henri Konan Bédié qui a décidé également de sortir du RHDP pour prendre son propre destin en main. Même si, a priori, rien ne s’oppose à la coalition de tous ces déçus et frustrés contre le parti ultra dominant du RHDP, l’alliance, même de circonstance, n’est pas gagnée d’avance, tant les ressentiments et les contentieux entre les principaux acteurs sont énormes. Mais comme la politique est le domaine de tous les possibles, comme d’ailleurs la Côte d’Ivoire nous en a souvent donné la preuve, il n’est pas exclu que la prochaine élection présidentielle mette aux prises les partis traditionnels, c’est-à-dire le FPI, le PDCI, RHDP et le parti en gestation du Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (RACI) sous la bannière duquel Guillaume Soro pourrait être dans les starting-blocks. Si ce scénario venait à se réaliser, il y aurait à coup sûr des étincelles dans l’air au propre comme au figuré, d’autant que le parti unifié au pouvoir pourrait être mis en ballotage, et battu au second tour par une ‘’bande de revanchards’’, avec Guillaume Soro dans le rôle de faiseur de roi, puisqu’il va partager les voix avec le parti présidentiel dans son bastion du Nord. Mais comme Alassane Ouattara est, de l’avis de certains, ‘’fiché’’ comme l’homme politique le plus doué de la Côte d’Ivoire après Félix Houphouet Boigny, il est fort possible qu’une loi de nature exclusiviste soit votée avant l’échéance fatidique, pour exiger, par exemple, des candidats le parrainage d’un certain nombre d’élus ou de simples citoyens, comme c’est le cas actuellement au Sénégal. Quant au «jeune homme » comme l’appelle Alassane Ouattara, sa démission du perchoir et surtout son rêve de succéder à ce dernier, pourraient lui ouvrir des portes, malheureusement pas celles du Palais de Cocody, mais plutôt celles de la prison civile d’Abidjan, en raison des nombreuses casseroles judiciaires qu’il traîne depuis qu’il est monté bruyamment sur la scène politique ivoirienne, le 19 septembre 2002.
Hamadou GADIAGA



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