Dans une ville moyenne du sud-est du pays, les ordures se trouvent même à la porte de la résidence d’un ministre. Jadis, dans nos villages, les tas d’ordures se trouvaient loin de la vue des passants et des étrangers ; aujourd’hui, on les expose à la vue de tout le monde. Cela fait longtemps que nous parlons de ces ordures dans nos villes, mais cela ne semble pas déranger nos autorités qui sont peut-être maintenant agacées devant autant d’insistance de notre part.
A Abidjan, le quartier d’Adjamé, mitoyen à celui du Plateau, le quartier des affaires et de l’administration, le quartier de la présidence et des ministères, se distingue d’abord par ses tas d’ordures qui envahissent la voie principale. Et la grande décharge d’Akouédo où l’on déversait toutes les ordures se trouve en plein cœur de la ville, au bord de la lagune qu’elle est en train de polluer.
Abidjan est l’une des rares villes africaines situées en bordure de mer et disposant d’une lagune avec un tel réseau d’affluences ; lequel est unique au monde. Nous avons déversé toutes nos eaux usées et tous nos déchets dans cette lagune au point que la plus belle d’entre elles, celle qui baigne les quartiers les plus prestigieux, s’est lentement fermée sous nos yeux indifférents.
C’est seulement maintenant, avec le gouvernement actuel, que l’on aménage la baie de Cocody. Abidjan a les pieds dans la mer. Mais pour se baigner, il faut aller à Grand-Bassam ou Assinie. Parce que nous ne savions pas qu’un bord de mer s’aménage, embellit une ville et peut même attirer des touristes. C’est seulement maintenant, avec le gouvernement actuel, que nous l’avons compris et que nous nous y sommes mis. Bingerville, une ville qui aurait pu être très belle, est aussi ceinturée par un très beau réseautage de la lagune ébrié. Mais l’on a trouvé intelligent d’y déverser une partie des eaux usées de la ville.
La conséquence est que ces lagunes ont aussi commencé à se transformer en un marécage nauséabond et à se fermer progressivement. Je vous épargne les caniveaux remplis d’eaux putrides que l’on rencontre dans tous les quartiers, y compris les plus chics. « Ça fait quoi même, s’il y a des ordures dans les rues ? », vont certainement se demander certains de nos édiles qui s’accommodent très bien de tout cela.
Tout comme nous d’ailleurs. Nous ne savons peut-être pas que des tas d’ordures dans les rues attirent des maladies. Et comme tout ce que nous ne comprenons pas est forcément de la sorcellerie, nous ne cherchons pas trop à comprendre ces morts bizarres et en cascades auxquelles nous assistons ces temps-ci. Nous avons un ministère du Tourisme qui veut attirer chez nous des personnes lestées de devises fortes. Croyons-nous que nos ordures seraient de nature à les attirer ? Nous devrions pourtant savoir que ce genre de personnes ne supportent pas du tout les ordures et la saleté. Parce que leur plus grande hantise est de tomber malades chez nous. Et elles n’ont pas totalement tort.
Aujourd’hui, tout le monde nous parle du Ghana qui est en train d’émerger et dont la particularité qui frappe le plus les visiteurs, surtout les Ivoiriens, est la propreté de ses cités. Il en est de même du Rwanda. Pourquoi ne leur demanderions-nous pas leurs recettes pour être propres aussi, vu que notre seule intelligence ne nous permet pas de trouver la solution ?
N’est-ce pas honteux que l’image que nous sommes progressivement en train de donner de nous à l’extérieur est celle d’un pays sale ? La conséquence à laquelle nous ne pensons certainement pas est qu’à force de vivre dans les ordures, cela finit par influer sur notre façon de nous comporter. Il a été largement démontré que l’environnement dans lequel les humains
Ainsi, nos couleurs de peau, par exemple, sont tributaires des latitudes sous lesquelles nous vivons. Alors, lorsque l’on vit pendant longtemps au milieu des ordures, l’on finit par en avoir dans la tête. Dès lors, l’on ne peut plus ouvrir la bouche ou discuter sans déverser des ordures. Certains de nos compatriotes sont déjà touchés par ce phénomène.
Veillons à ce que cela ne s’étende pas pour devenir une épidémie. Débarrassons nos villes et villages de nos ordures, et elles quitteront nos esprits. Nous en sommes capables. Nous y sommes parvenus dans un passé très récent.
Venance Konan
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COMMENTAIRES
Publié le :
2 octobre 2019Par:
Koutou KouakouDe la perle des lagunes à la merde des lagunes!Publié le :
2 octobre 2019Par:
Stephane Ehounou"Débarrassons nos villes et villages de nos ordures, et elles quitteront nos esprits", dixit Venance Konan. La pensée de Venance fonctionne avec les pieds en haut et la tête en bas. C'est exactement le contraire qu'il faut faire. Débarrassons nos esprits de nos ordures et elles quitteront nos villes. Car les ordures existent d'abord dans nos esprits avant qu'elles ne s'entassent dans nos villes. Nous agissons tels que nous sommes. Si vous videz la population du Japon pour la reloger en Côte d'Ivoire et les populations ivoiriennee au Japon, en quelques années les Japonais transformerons la Côte d'Ivoire en un autre Japon où nous voudront revenir. Quand aux Ivoiriens ils vont certainement recréer au Japon, le spectacle des villes ivoiriennes jonchées d'ordures. L'environnement physique n'est que le reflet de notre environnement psychologique. L'état de notre maison est le reflet de notre santé psychologique. Tirons donc les conclusions qui s'imposent.Publié le :
2 octobre 2019Par:
GomrinBeugre Julien tu as tout dis SITAF AND I rest my casePublié le :
2 octobre 2019Par:
Beugré JulienLa situation a commencé à se dégrader depuis la disparition de la société SITAF. Aussi dans les années 1970 , il existait dans les mairies un département d’hygiène. Ce département arrachait les cuvettes des femmes qui encombraient les rues avec leurs saletés. La SITAF a fait ses preuves. On ne remplace pas une équipe qui gagne.Publié le :
2 septembre 2019Par:
Forestier de Lahou"Hubert Guehymery" en effet, le "Grand Ménage", c'est à la fois du cinéma et de la com. La salubrité c'est une affaire de tous et de tous les jours, et tant qu'elle n'est pas ancrée dans les esprits à tous les niveaux, toutes les opérations ponctuelles, même si elles sont récurrentes, ne seront jamais que de vaines gesticulations. Nous nous sommes suffisamment fait insulter en demandant aux gens de respecter l'environnement de notre quartier pour savoir que l'ivoirien est viscéralement sale et désinvolte, et que son espace propre (dans tous les sens du termes) s'arrête à la porte de con logement, même le couloir de l'immeuble il peut le salir et le polluer comme bon lui semble, les rats qui grouillent ce n'est pas son problème.Publié le :
2 septembre 2019Par:
Hubert GuehymeryVenance,c'est quoi alors l'opération "GRAND MÉNAGE"?...C'est du cinéma?...ou de la "com"?...Publié le :
2 septembre 2019Pendant longtemps, Abidjan a été la vitrine de l'Afrique de l'Ouest et même de toute l'Afrique noire hors Afrique du Sud( ?). Abidjan était une belle ville caractérisée par ses gratte-ciels, ses rues bitumées bien entretenues et bien marquées, ses quartiers chics comme Cocody, Plateau, 2 plateaux, Riviera, Marcory Zone 4, Bietry, etc., par ses rues propres et salubres, ses immeubles et autres bâtiments aux façades toujours peintes, par ses échangeurs. Tellement belle qu'elle a été surnommée « La perle des lagunes » en référence à la lagune qui la traverse. Une lagune propre dans laquelle on n'hésitait pas à se baigner, à pêcher. Tout le monde voulait voir Abidjan. Tout le monde rêvait d'Abidjan. D'ailleurs, Abidjan était choisie par beaucoup de jeunes mariés Africains comme destination de voyage de Noces car il y avait aussi des hôtels de Luxe, qui n'enviaient rien aux palaces Européens. Abidjan la perle des lagunes a vécu. Abidjan la propre a existé. Abidjan l'enchantée a connu ses heures de gloire comme ville organisée, disciplinée et respectée. Aujourd'hui, Abidjan n'est plus que l'ombre d'elle-même. Comme une star connaissant la déchéance après un règne sans partage. Abidjan ne fait plus rêver. Abidjan est descendue de son piédestal pour devenir la ville la plus sale, la plus indisciplinée, la plus désordonnée, la plus anarchique, la plus insalubre de toute l'Afrique, dans l'indifférence totale de ses habitants, de ceux qui ont en charge sa gestion, par les autorités, toutes les autorités. L'ancienne "Perle des lagunes" est devenue "la reine des ordures" et c'est peu dire !Publié le :
2 septembre 2019Par:
Ivoirien AncienQue fait donc le gouvernement ainsi que nos municipalités avec l'argent de "la taxe pour la collecte des ordures" que nous payons sur nos factures CIE ? Tous les commerçants, même les pousseurs de charrettes « wotros » et de brouettes sont identifiés par nos mairies pour qu'ils paient des taxes ou patentes. Que font nos maires avec cet argent pour que tous les marchés de Côte d'Ivoire soient sales et brulent aussi souvent ? Que font nos maires avec cet argent pour que nos communes soient si sales ?Publié le :
2 septembre 2019Par:
Citoyen LamdaVenance Konan, quelle est donc la responsabilité du gouvernement et des municipalités qui perçoivent des taxes et patentes pour le ramassage des ordures et le nettoyage des marchés et des rues, mais ne font rien du tout et laissent nos villes et villages jonchés de détritus en tous genres et de sachets plastique ?Publié le :
2 septembre 2019Par:
Youssouf KouameDans notre pays, l'esthétique et la propreté de nos cités sont les cadets des soucis de nos édiles (maires et députés). Apparemment, la seule chose qui les intéresse, c'est d'encaisser le maximum de taxes, et pour cela, il faut installer le maximum de commerçants, partout, le long des principales voies... Dans ce pays, tout le monde veut être commerçant, et personne ne peut dire à qui que ce soit qu'il y a des endroits réservés à cela. J'ai travaillé quelques années en Tunisie avec la BAD. Et l'une des choses qui m'a le plus frappe en Tunisie est la propreté des villes et les espaces verts. Chaque ville tunisienne a son boulevard de l'Environnement. Et l'on m'a raconté que le maire de la ville d'Hammamet fut limogé un jour par l'ex président Ben Ali sur le champs, parce qu'il avait trouvé la ville sale. Dans notre pays, la saleté ne dérange strictement personne, et l'on vit avec, dedans, à côté, sans état d'âme. Nous adorons nos ordures ; c'est pour cela que nous n'avons jamais interpellé nos Autorités face à cette situation. Et nos Autorités adorent aussi leurs ordures. Nous avons tous grogné ici parce que les factures d'électricité avaient pris l'ascenseur et quand le ministre Gaoussou Touré des Transports avait voulu changer nos permis de conduire. Mais personne à Adjamé, Abobo, Bingerville, Koumassi, Dabou, nulle part, ne grognera un jour parce qu'on le laisse vivre dans la saleté. Nous avons manifesté la plus totale indifférence devant le spectacle de l'ancienne maison d'Houphouët-Boigny et le siège historique du Pdci-Rda à Treichville transformés en dépotoirs. Lorsque nos élites visitent les villes du Maroc et de la Tunisie ou en Europe et en Amérique du Nord, elles ne manquent pas de s'extasier sur leur propreté. Mais de retour chez elles, cela ne les intéresse absolument pas de chercher à rendre leurs villes aussi propres et belles que celles qu'elles ont visitées. Parce qu'une ville ordonnée, propre, fleurie, c'est une affaire de blancs. La merde c'est ici.Publié le :
2 septembre 2019Par:
Fatou DiagneC'est quoi finalement l'émergence ? Peut-on atteindre l'émergence sans propreté, ni hygiène ? Peut-on être sale et en mauvaise santé et vivre dans un environnement encrassé, encombré de détritus et parler d'émergence parce que le taux de croissance est entre 8% et 10% ? Certainement pas. La santé, c'est aussi bien l'hygiène personnelle (corporelle et « domiciliaire ») et la discipline aussi, ainsi que la propreté publique dans les rues, les hôpitaux, les restaurants et "maquis", les écoles, les marchés, les bureaux.etc...Le traitement des ordures et des eaux usées des grandes villes n'est pas une mince affaire, nulle part dans le monde. Mais ça se complique encore advantage, si les ivoiriens ne mettent pas la main à la pâte en nettoyant chez eux, leur quartier, en ne jetant pas les déchets en tous genre dans les canniveaux, dans la lagune et dans la mer...Les mairies ont des budgets pour gérer les immondices et certaines mairies travaillent bien comme celle de Bouaflé par exemple, mais quelle que soit leur ardeur à la tâche, lorsque plusieurs millions de citadins et de villageois jettent quelques centaines de grammes de plastique ou des résidus organiques, chaque jour que Dieu fait, dans la nature ou pissent comme les chiens sur la voie publique, on n'émerge pas. On sombre. On coule. On croule. On se noie sous la masse de crasse. Et on étouffe en raison de la puanteur...C'est ainsi qu'on deviant un pays de merde!PLUS D'ARTICLES
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Publié le :
2 novembre 2019Par:
Nyk