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Politique

Edito : Mais si, Trump a bien perdu !

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Malgré les déclarations du président américain, la victoire des démocrates à la Chambre va l'obliger à composer pour faire voter les lois qui lui tiennent à cœur.

 
Trump, selon une étude systématique du Washington Post, ment trente fois par jour en moyenne. Son premier mensonge de la journée est tombé tôt ce matin : «Un immense succès.» En fait, c’est une défaite claire et nette. Les démocrates reprennent sans bavures le contrôle de la Chambre des représentants, en gagnant au moins trente sièges – il leur en fallait 23 pour obtenir une majorité. Le Président devra désormais composer avec une chambre hostile pour faire voter les projets législatifs qui lui tiennent à cœur. Dans une configuration fréquente aux Etats-Unis, Trump devra mettre beaucoup d’eau dans son vinaigre pour les deux années qui viennent.
C’est l’espoir quelque peu fallacieux de voir se dessiner un «tsunami bleu» qui explique les commentaires mi-figue mi-raisin qu’on entend sur les chaînes d’info. On s’est trompé en prédisant un raz-de-marée. On se trompe encore en se désolant qu’il n’ait pas eu lieu. Le président a perdu, «period», comme disent les Américains. «Make America great again», claironnait Trump. Dans la principale élection de ce scrutin multiforme, les électeurs ont répondu «Make Trump small again». En d’autres termes, en dépit des «vérités alternatives» diffusées à jet continu par le bonimenteur de la Maison-Blanche, perdre n’est pas gagné. Une défaite est une défaite.
La déception vient non du Sénat, où les républicains étaient assurés de conserver leur majorité (ce sont pour l’essentiel des sièges démocrates qui étaient en jeu), mais de l’insuccès de plusieurs candidats emblématiques, au Texas ou en Floride par exemple. Ces candidats avaient bénéficié d’une couverture médiatique très large, comme Beto O’Rourke au Texas, mais étaient face à des défis ardus dans les Etats tenus par les républicains. Toujours se méfier du «wishful thinking»… Ces déconvenues n’empêchent pas plusieurs démocrates à la personnalité très irritante pour la base réactionnaire du «Grand Old Party» de triompher, telles Ilhan Omar et Rashida Tlaib, femmes et musulmanes, élues dans le Minnesota et dans le Michigan, ou encore Jared Polis dans le Colorado, qui est devenu le premier gouverneur ouvertement gay d’un Etat américain.

Défaite personnelle

Il faut rappeler que ces élections ont eu lieu dans un climat d’euphorie économique, avec une croissance insolente entamée sous Obama, un taux de chômage historiquement bas et des salaires repartis à la hausse, y compris chez les Afro-Américains. Quant aux embardées de Trump en politique étrangère, elles consternent ses alliés plus que ses électeurs, qui observent de très loin ce qui se passe hors des Etats-Unis. A cela s’ajoutait l’extravagante propagande organisée autour de la caravane de migrants venus d’Amérique latine en marche vers la frontière des Etats-Unis, pauvres gens chassés par la misère que Trump et ses acolytes assimilaient jour et nuit à une horde de délinquants. Il a tout de même perdu : c’est bien la personnalité du Président qui a déclenché la mobilisation démocrate, bien plus que les résultats de sa politique. C’est une défaite personnelle pour celui qui avait multiplié les meetings de campagne, en général sans dire grand-chose des candidats qu’il soutenait pour centrer ses philippiques sur l’enjeu national du scrutin, et sur sa personne.
Le début de la fin ? Là encore, les prophéties complaisantes ne sont pas de mise. Plusieurs fois des Présidents confrontés à des majorités hostiles nées des midterms ont su retourner en leur faveur cette situation contrariante, en s’arrogeant les succès et en imputant les échecs à l’obstruction de la Chambre des représentants. D’autant que le Président garde des pouvoirs importants grâce aux décrets qu’il peut édicter ou bien en vertu de sa prédominance constitutionnelle en politique étrangère. Les combattants anti-Trump ont gagné une bataille. Mais la lutte ne fait que commencer, pour un Parti démocrate privé de leader incontestable, dans un pays revigoré par la prospérité. En dépit de ce succès, l’élection de 2020 reste entièrement ouverte.
Le message le plus réconfortant s’adresse surtout aux démocraties à travers le monde : contrairement à ce qu’on pouvait redouter, la vague nationaliste qui se manifeste un peu partout sur la planète n’est pas irrésistible. Il arrive un moment où la démagogie, le mensonge déconcertant, l’agressivité permanente, la rhétorique xénophobe, provoquent un sursaut chez les opposants et, surtout, inquiètent les électeurs hésitants qui font la décision dans tant d’élections. Au-delà des déceptions partielles, des enthousiasmes douchés par un verdict moins triomphal que prévu, c’est le principal motif d’espoir pour tous ceux qui croient aux régimes de liberté.
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